Au Centre des congrès où la nouvelle assemblée de la Métropole avait pris siège pour cause de distanciation sociale -due à la Covid-19, Bruno Bernard affichait sa décontraction. Le chef de file des écologistes n’avait aucun souci à se faire : sa confortable majorité – 84 élu·es sur 150 – lui assurait un vote tranquille.
Au premier tour d’un vote à bulletin secret, il a obtenu 84 voix sur 150 conseillers·ères de la Métropole. Il a ainsi fait le plein dans son camp.
⚡️ Pour revoir le fil de la journée politique qui a vu l’élection de @brunobernard_fr à la présidence du conseil du @grandlyon #Metropoledelyon #Lyon https://t.co/qcAwk9ToWL
— Rue89Lyon (@Rue89Lyon) July 2, 2020
La fin des majorités verrouillées par les « petits maires »
C’est la première fois que le président de la Métropole est élu après un scrutin métropolitain organisé dans 14 circonscriptions, au suffrage universel direct.
Conséquence de ce mode de scrutin : les listes arrivées en tête disposent d’une confortable majorité pour former leur exécutif.
Les écolos ont donc pu se passer d’alliances byzantines. En effet, avant cette élection, les « petits maires » de l’ouest lyonnais étaient sur-représentés parmi les élu·es de la communauté urbaine puis de la Métropole.
En 2001, quand Gérard Collomb a été élu pour la première fois maire de Lyon, il s’est en effet appuyé sur un subtile mélange de socialistes, d’écologistes (7 élu·es en 2014), de centristes et, surtout, de « petits maires » de droite pour se faire élire président du Grand Lyon. Idem en 2008 puis 2014.
David Kimelfeld s’était fait élire grâce au même système Collomb lorsque son mentor est parti place Beauvau.
« Synergies-Avenir », la fin des « faiseurs de rois » de l’Ouest Lyonnais
Le groupe Synergies qui rassemblait ces « petits maires » rassemblait jusqu’à récemment 30 conseillers·ères métropolitain·es, essentiellement les maires divers droite de l’ouest lyonnais.
En 2020, Synergies ne compte plus que 11 élu·es dont six maires. Autant dire que Synergies ne fait plus l’élection du président de la Métropole.
Bruno Bernard face aux « Fractures territoriales »
Le président du groupe Synergies, Marc Grivel, ex-premier vice-président de la Métropole a été le premier à prendre la parole après le discours de Bruno Bernard. Naturellement, il a mis en avant ce risque de « coupure » avec les citoyens qu’impliquerait la sous-représentation des maires dans la nouvelle assemblée.
« Il n’y a plus que 24 maires sur les 59 communes que compte la Métropole. Ce n’est pas un plaidoyer corporatiste mais une alerte sur la démocratie et le risque d’un manque de proximité ».
Après lui, le Républicain François-Noël Buffet a « alerté » sur le « risque de fractures territoriales ». Le groupe « rassemblement de la droite et du centre » que présidera certainement encore Philippe Cochet est d’ailleurs le groupe qui comptera le plus de maires : 15.
Plus tôt, dans son discours de président élu, Bruno Bernard avait choisi des mots rassembleurs pour rassurer les communes qui ont voté à droite et les milieux économiques.
« Ensemble nous ferons la démonstration que le rat des villes et le rat des champs savent se retrouver autour d’un projet territorial. Que les centres villes et les quartiers populaires ne sont pas des espaces confinés, antagonistes et refermés sur eux-mêmes ».
Moins de vice-président·es et suppression des conseillers·ères délégué·es
Autre conséquence de cette large majorité : les écologistes n’ont plus besoin de distribuer les postes dans l’exécutif pour remercier les élu·es qui voteront leurs délibérations.
Dans l’ancienne assemblée, 25 vice-président·es et 26 conseiller·ères délégué·s peuplaient l’exécutif, soit un tiers des élu·es. L’armée mexicaine.
Aujourd’hui, les écologistes ont choisi de se passer de conseillers·ères délégué·es et de réduire le nombre de vice-président·es.
Cette dernière réduction est symbolique car, au final, on compte quand même 23 vice-président·es.
Voici la liste. Les délégations ne sont pas encore arrêtées. Elles seront communiquées en début de semaine prochaine. Nous avons toutefois noté les délégations que nous connaissons d’ores et déjà. Grégory Doucet, le nouveau maire de Lyon, ne figure pas sur la cette liste. Et ce n’est pas un oubli.
1ère vice-présidente : Émeline Baume (EELV) : Économie,
2ème VP : Béatrice Vessiller (EELV) : Urbanisme
3ème VP : Renaud Payre (Gauche unie – Manufacture de la cité) : Logement
4ème VP : Michèle Picard (« La gauche rassemblée » – PCF et alliés)
5ème VP : Jean-Charles Kohlhaas (EELV) : Transports
6ème VP : Hélène Geoffroy (PS)
7ème VP : Cédric Van Styvendael (Gauche unie – PS) : Culture
8ème VP : Lucie Vacher (EELV)
9ème VP : Bertrand Artigny (EELV)
10ème VP Zemorda Khelifi (EELV)
11ème VP : Pierre Athanaze (EELV)
12ème VP : Véronique Moreira (EELV)
13ème VP : Fabien Bagnon (EELV) : Mobilités actives
14ème VP : Anne Grosperrin (EELV)
15ème VP : Jérémy Camus (EELV)
16ème VP : Séverine Hémain (EELV)
17ème VP : Jean-Michel Longueval (Gauche Unie – PS)
18ème VP : Laurence Boffet (Lyon en commun)
19ème VP : Pascal Blanchard (EELV)
20ème VP : Isabelle Petiot (EELV)
21ème VP : Philippe Guelpa-Bonaro (EELV)
22ème VP : Hélène Dromain (EELV)
23ème VP : Yves Ben Itah (EELV)
Vice-président·es à la Métropole : la même règle des 70-30
Dans l’attribution des vice-présidences, on retrouve chez les écologistes les mêmes « règles de calcul » que pour pour la constitution avec leurs partenaires des listes du second tour . À savoir, un rapport 70-30 en leur faveur (contre 60-40 dans les urnes). 74 % des vice-présidences seront ainsi assurées par des élu·es écologistes, 22% par des élu·es issu·es de « La gauche unie » ou des partis la composant et 4% pour « Lyon en commun » (soit une vice-présidence).
Les écologistes se retrouvent logiquement à la tête de postes-clés comme l’économie, les transports, l’urbanisme ou les mobilités actives. Les postes attribués à leur partenaires reflètent dans l’ensemble leur importance dans la nouvelle majorité. Les listes d’Hélène Geoffroy (PS) et de Michèle Picard (PCF) ont notamment permis aux écologistes de remporter deux secteurs, respectivement les circonscriptions Rhône Amont et Portes du Sud. Elles ont donc aussi permis d’atteindre la majorité absolue.
Assez logiquement, les deux élues, maires réélues de Vaulx-en-Velin et Vénissieux, deviennent ainsi respectivement 4e et 6e vice-présidentes de la Métropole de Lyon. A noter que contrairement à la règle que se sont imposés les écologistes, leurs partenaires de gauche cumulent une vice-présidence avec un mandat de maire.
Des partenaires de gauche de poids ou sauvés des eaux
Il sera intéressant également d’observer l’attitude de Michèle Picard. Jusqu’ici très critique envers une collectivité qu’elle juge trop centrée sur Lyon et Villeurbanne, elle lui préfère une « métropole des communes ». Nom qu’elle a d’ailleurs donné à sa liste aux élections métropolitaines.
Les partenaires de « La gauche unie » obtiennent trois vice-présidences. Deux au moins relèvent de portefeuilles importants. La vice-présidence au logement a été attribuée à Renaud Payre. Un petit miracle pour le directeur de Sciences Po Lyon, présent sur les listes au second tour pour 120 voix à peine qui lui permettent d’être le…3e vice-président de la Métropole de Lyon.
Cédric Van Styvendael, tête de liste à Villeurbanne, avait talonné la liste écologiste au premier tour des métropolitaines. La large victoire au second tour, et sa victoire aux municipales, en font donc un élu de poids dans la nouvelle majorité. Il sera 7e vice-président, en charge de la culture.
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