Quels sont nos premiers postes de recettes ? Où va l’argent gagné par Rue89Lyon ? Aujourd’hui, on vous ouvre nos comptes 2023-2024 (notre exercice allant d’août à juillet).
Mais avant de se lancer dans les chiffres, un petit historique s’impose pour comprendre notre modèle économique. Fondé en 2011, et propriété de ses journalistes, Rue89Lyon opte alors pour le modèle d’un journal gratuit financé par la publicité, comme nombre de pureplayers à cette époque.
Un peu d’histoire…
Dès 2020, nous constatons l’échec de ce modèle du fait de la baisse des revenus publicitaires. Mais nous voulons garder un journal gratuit, accessible au plus grand nombre. Nous tentons de nous lancer dans les annonces légales. Là aussi, les revenus attendus ne sont pas ceux escomptés : la plupart des annonces légales sont fléchées vers Le Progrès et le Tout Lyon.
En 2023, face à ces deux constats d’échec, nous décidons de faire un changement complet dans notre modèle économique : se baser sur l’abonnement pour être financés par nos lecteurs et nos donateurs. Objectif : garantir toujours plus d’indépendance à notre média. Nous nous tournons encore d’avantage vers l’enquête.
C’est aussi l’année où Rue89Lyon est devenu une coopérative : les fondateurs ont transmis le média à trois journalistes salariés, Marie, Pierre et Élian, désormais copropriétaires du média.
Un pari réussi : les abonnements et les dons sont devenus notre première source de financement. Mais ce changement intervient un peu tard. Nous avons dû nous séparer de deux journalistes pour éviter la disparition du média. Aujourd’hui encore, la baisse continue des revenus publicitaires n’est pas encore compensée par la hausse des contributions de lecteurs et abonnés. Ce qui rend nos finances toujours aussi fragiles.
En 2023-2024 : près de 188 000 euros de recettes
Avec 53 000 euros issus des abonnements et 22 000 euros de dons en 2023-2024, le soutien de nos lecteurs et lectrices représente 29 % de nos recettes. Une fierté pour notre journal : pour notre exercice 2021-2022, ces postes de recettes représentaient à peine plus de 20 000 euros. Nous pouvons estimer que notre transition vers un modèle financé par les citoyens et citoyennes est en très bonne voie.
En revanche, nos recettes ont baissé entre 2023-2024 et 2022-2023 d’un peu plus de 10%. En cause, la perte de 5000 euros liés aux entrées du salon des vins (que nous avons organisé jusqu’en 2022) et la perte de 5000 euros de subvention de la part de l’État.
Surtout, c’est la perte des revenus publicitaires qui plombe nos finances. Ceux-ci ne représentent plus que 35 000 euros en 2023-2024, contre 56 000 en 2023-2024 et 97 000 en 2021-2022. Parmi nos partenaires, nous comptons essentiellement des structures culturelles lyonnaises (durement touchées par les pertes de subventions régionales décidées par Laurent Wauquiez), et des collectivités locales (Ville et Métropole).
Ces dernières achètent des encarts publicitaires à notre média depuis 2017. Nous ne sommes pas les seuls, c’est une manière indirecte pour elles de financer la pluralité de la presse locale. Mais ces dernières années, leurs commandes à notre média se sont faites de plus en plus rares. Et cela devrait se poursuivre. Nous faisons le constat que nous sommes soumis à leurs variations budgétaires. Nous préparons donc l’avenir en renforçant le financement de notre média par les abonnements et les dons.
Salaires et charges courantes : l’essentiel de nos dépenses
Sans surprise, les salaires de nos journalistes en pied, alternants, stagiaires et pigistes représentent la plus grande partie de nos dépenses ! Nous avons cependant déboursé moins en salaires et cotisations qu’en 2022-2023 (153 000 euros).
Comme nous vous l’expliquions, nous avons dû nous séparer de deux journalistes pour faire face à des grosses difficultés financières en 2023. Ce qui a des conséquences sur l’équipe : nous assumons plus de tâches, avec des salaires qui n’ont pas évolué depuis 2022 (1833 euros bruts par mois), ce qui engendre évidemment de la fatigue.
Parmi nos charges courantes, nos plus grosses dépenses vont dans notre loyer (10 400 euros, en hausse de 22% par rapport à l’année précédente), les honoraires de nos prestataires (environ 10 000 euros), et les frais de nos salariés (3800 euros).
Des menaces financières d’ici à 2027
Nous sommes au-dessus de la ligne rouge budgétaire pour la première fois depuis trois ans. Sortons la calculette : si l’on rajoute quelques détails comptables, en 2023 – 2024, notre bénéfice s’élève à 16 000 euros. Mais… cela ne rattrape pas de très mauvaises années. L’année précédente, nous enregistrions un déficit de 14 000 euros. Pire, en 2021 – 2022, nous avions perdu 64 000 euros. Autant dire que ce résultat positif en 2024 se fait au prix d’un gros serrage de ceinture pour notre média. La menace est toujours là.
Pour l’année à venir, plusieurs défis se présentent à nous :
- Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL, nous a attaqués en diffamation : la préparation de la défense nous coûte de l’énergie et de l’argent. Si nous sommes sûrs de nos infos, nous ne sommes pourtant pas à l’abri d’une condamnation et de possibles frais supplémentaires.
- Les plateformes comme Google ou Facebook invisibilisent les médias indépendants : à terme, la perte d’audience pourrait engranger une chute de nos revenus.
- La perte des revenus publicitaires.
- La montée de l’extrême droite : le RN et ses alliés portent des mesures législatives qui attaquent directement la presse (hausse de la TVA sur les abonnements, suppression de subventions, suppression de la défiscalisation des dons aux médias). Nous devons nous assurer d’avoir les reins solides en cas de prise de pouvoir de l’extrême droite en 2027.
Nous n’avons pas de milliardaires derrière nous. Nous n’avons que vous. Pour faire vivre une presse libre, indépendante, engagée à Lyon, vous pouvez agir.
Abonnez-vous, faites un don (défiscalisable), partagez cet article ou le lien de notre campagne de financement.

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
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