L’annonce n’était pas officielle, mais elle avait affolé dans les rangs de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et de l’opposition de gauche. La Région prévoyait de couper 1,7 million d’euros de subventions au secteur pour 2025. La collectivité évoquait auprès de Rue89Lyon « un contexte instable, fragilisé par une censure qui pénalise tout le pays », quelques jours avant l’adoption du budget de l’État.
Avec 230 000 euros de financement en moins, soit un tiers de son budget, la Chambre régionale de l’ESS (Cress) s’était particulièrement alarmée. Son co-président, Nicolas Planchon (aussi adjoint écologiste à la mairie du 3ᵉ arrondissement) avait même organisé une conférence de presse pour interpeller publiquement la collectivité et tenter de la faire revenir sur cette décision.
C’est — en partie — chose faite. Dans un communiqué du 7 février, la Région Auvergne-Rhône-Alpes annonce maintenir « son financement des investissements en direction des structures liées à des appels à projet qui servent à financer des actions ciblées des structures pour les entreprises ou
créateurs ».
Sont poursuivis les financements de 1,04 million à destination de France Active, réseau d’entrepreneurs qui soutient les structures de l’ESS par divers prêts et garanties, ainsi que la dotation de 200 000 euros pour la création d’entreprise à l’AGF SCOP.
Pour rappel, l’ESS représente 327 000 emplois en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 1 emploi sur 7 dans le secteur privé, en 2019. On serait aujourd’hui à 330 000 emplois. Soit 11 % de l’économie régionale. Autour de cela, deux millions de bénévoles gravitent dans des associations de « l’ESS ».
La Chambre régionale de l’ESS perd quand même ses subventions de la Région
En revanche, le Dispositif local d’accompagnement, qui aide les structures de l’ESS, en particulier pour des activités de réinsertion, perd bien sa dotation régionale de 220 000 euros. Tout comme la Cress. Pour un parallèle plus parlant, il faut imaginer la Région Auvergne Rhône-Alpes couper son financement à la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI). Sa perte de subvention a déjà entraîné la fermeture de la plateforme « Ambition ESS » sur laquelle les structures de l’ESS pouvaient publier leurs actualités et leurs offres d’emploi.
« Nous assumons pleinement notre vision : accompagner les entreprises vers l’autonomie plutôt que subventionner indéfiniment des structures inefficaces », balance le président LR Fabrice Pannekoucke, dans un communiqué de la Région. « En outre, les entreprises de l’ESS restent pleinement éligibles aux dispositifs régionaux, au même titre que les autres entreprises », ajoute la collectivité.
Une communication qui a contrarié, au sein de la Cress. « La Région a mis un terme à notre tentative de dialogue, nous en prenons acte », s’est fendu Nicolas Planchon auprès de Rue89Lyon, dénonçant des « arguments excessifs dans le ton et sur le fond » de la collectivité et une attaque envers « une instance de la société civile organisée ».
Amputée de ce financement, la chambre est en train de réfléchir à un plan social, et pourrait se séparer de cinq salariés. « Nous craignons aussi un effet domino », regrette Nicolas Planchon. Il regarde notamment du côté de l’État, avec la fin de projet coportés avec des agences étatiques, dont les financements sont menacés par le projet de loi de finances.
Maintien de subventions à l’ESS : « Un recul loin d’être suffisant » pour les oppositions
En commission finances, jeudi 6 février, le coprésident du groupe socialiste, Johann Cesa avait « demandé à ce que la majorité propose une délibération modificative au budget afin de rehausser le budget économique pour annuler cette baisse des crédits ». Il mettait en avant une diminution moins importante que prévu des dotations de l’État pour les collectivités, dans le budget voté par l’Assemblée nationale, le 5 février. Sa demande n’aura pas totalement été entendue.
Après l’annonce du rétropédalage de la Région, les groupes socialistes, écologistes, communistes et insoumis ont pointé « un recul loin d’être suffisant ». « Sous couvert d’« efficacité », [La Région] saborde des dispositifs qui permettent pourtant aux structures de l’ESS de se développer et de répondre aux besoins des territoires », ont-ils dénoncé.
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