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Grève au lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin : « Les profs craquent complètement »

Mardi 11 février, des professeurs du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin se sont mis en grève pour protester contre les moyens alloués à l’établissement, qu’ils jugent insuffisants. Un rassemblement a eu lieu devant les grilles du rectorat de l’Académie de Lyon.

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Les professeurs en grève du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin ont décidé de se rassembler tous les jours devant le rectorat jusqu'à obtenir une audience.
Les professeurs en grève du lycée Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin ont décidé de se rassembler tous les jours devant le rectorat jusqu’à obtenir une audience.

Ils sont une dizaine à braver la fine pluie ce mardi 11 février à midi. Armés de cannes à pêches pour « aller à la pêche aux moyens », des professeurs du lycée général et technologique Robert Doisneau de Vaulx-en-Velin se sont rassemblés devant les grilles du rectorat de l’Académie de Lyon, soutenus par les syndicats de l’Éducation nationale. Ils espéraient obtenir un rendez-vous, en vain.

Dans un communiqué, les grévistes décrivent « un climat scolaire très dégradé », « des absences jamais remplacées » et une véritable « rupture du service public d’éducation » pour le public REP+ qui fréquente l’établissement.

Le nombre d’élèves va encore augmenter

« Nos élèves ne sont pas des sardines ! », clament leurs pancartes. L’équipe enseignante dénonce des classes surchargées alors que les effectifs du personnel sont insuffisants. Malgré de nombreux signalements au rectorat depuis la rentrée de septembre, les professeurs ont découvert lundi 3 février les dotations horaires attribuées au lycée pour la prochaine année scolaire. Selon eux, il est prévu d’augmenter le nombre d’élèves… mais pas celui de l’équipe pédagogique.

« On va passer de 797 élèves cette année à 827 minimum l’année prochaine, détaille Nicolas Kemoun, professeur de SES au lycée. Ça veut dire 35 élèves par classe, alors qu’on demande un plafonnement à 25 maximum en seconde et en filière technologique, et 30 en filière générale. »

D’autant plus que ces chiffres ne sont pas définitifs, notamment à cause des inscriptions de dernière minute. « Cette année, on a eu 40 inscriptions de plus que celles annoncées, témoigne Cécile de Vareilles, professeure de philosophie. Il y a un risque que ça fasse pareil à la rentrée prochaine. Avec la fermeture de classes du lycée Al-Kindi, il est très probable qu’on récupère des élèves. »

Des classes surchargées d’élèves ingérables

Pourtant, la surcharge des classes a des conséquences dramatiques sur les conditions d’enseignement dans ce lycée qui accueille des publics REP+. Les enseignants racontent des faits récurrents de violence, comme des propos déplacés ou des lancers de projectiles. Depuis le début de l’année scolaire, six élèves ont été exclus suite à une procédure disciplinaire.

Maissane Lahmanes, professeure d’histoire-géographie, intervient dans une classe de 28 élèves en filière STI2D. « Ce sont des élèves peu scolaires, pas motivés, qui ont beaucoup de mal à travailler, raconte-t-elle. Ils sont très compliqués à gérer et à cause de leur surnombre, on n’a pas les moyens de les accompagner correctement. »

Sa collègue professeure de philosophie l’atteste : réduire les effectifs d’élèves change la donne. « En filière technologique pour ma matière, la moitié des heures sont dédoublées [en demi groupes, ndlr], compare-t-elle. Quand il y a 18 élèves au lieu de 30, je vois la différence et on arrive à travailler. »

Des équipes pédagogiques débordées

Tenir seul une classe de 35 élèves en REP+ n’est pas viable pour les enseignants. « Les conditions sont telles que les profs craquent complètement, souffle un professeur d’EPS. On va monter à 35 élèves par classe car le rectorat ne prend pas en compte notre souffrance. »

Le 30 janvier, dix-sept professeurs sur la soixantaine que compte le lycée étaient en arrêt, selon les enseignants réunis devant le rectorat. La plupart d’entre eux, en burn-out ou dépression, ne sont pas remplacés.

Suite aux protestations de l’équipe pédagogique, en novembre dernier, le rectorat a accordé des moyens supplémentaires qui ont permis de dédoubler certains cours. Une autre promesse a été faite : recruter un troisième CPE et de nouveaux assistants d’éducation. « On en attend toujours des nouvelles », assène, amer, Nicolas Kemoun.

Les professeurs comptent reconduire la grève tant qu’ils n’obtiendront pas un rendez-vous avec le rectorat pour renégocier leur dotation horaire. L’administration a fixé une réunion avec les personnels mobilisés vendredi 14 février.


#Éducation

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