« On est plus sur un débat d’observations budgétaires plutôt que sur une réelle discussion sur les orientations budgétaires… » Sur ce point, on aura du mal à donner totalement tort à Yves-Marie Uhlrich, ancien maire d’Écully et membre du groupe Inventer la Métropole de demain.
Comme nombre des opposants à la majorité écologiste et de gauche, il est monté au créneau pour dénoncer un débat d’orientation budgétaire (le fameux « Dob ») avec des trous, ce lundi 27 janvier. Comme un écho au conseil municipal de Lyon, qui s’est tenu jeudi dernier. À raison, compte tenu de la période nationale incertaine… La question étant de savoir : à qui la faute ?
Pas à la Métropole de Lyon en tout cas, pour Bertrand Artigny (Les Écologistes), vice-président en charge des Finances, sur qui reposait la difficile tâche de présenter ces orientations budgétaires. « L’État veut absolument maîtriser nos budgets, mais n’a pas été capable de le faire pour le sien », a ainsi taclé l’élu.
Après la chute du gouvernement Barnier, la collectivité est toujours en attente de savoir à quelle sauce elle va être mangée à l’heure de son « dob ». Quelles coupes vont être demandées par le projet de loi de finances de François Bayrou (s’il est adopté) ? Si on l’annonce plus « souple » que celui de son prédécesseur, il devrait quand même impacter considérablement les caisses de la Métropole.
Budget de la Métropole de Lyon : la lutte contre la pauvreté en « priorité »
Bertrand Artigny n’a pu que constater les pertes sèches représentées par la fin de la DMTO et de CVAE (lire par ailleurs) pour la collectivité. En gros : moins 200 millions d’euros sur deux ans. En face, les dépenses de fonctionnement ont augmenté, notamment du fait d’une augmentation du budget alloué au RSA, les frais de séjour, etc.
« Le tout va impacter notre masse salariale, notamment sur la question de l’évolution des effectifs », commente-t-il. À terme, des départs pourraient ne pas être remplacés dans la collectivité. Cependant, la majorité esquisse un cap clair : « Il nous faut maintenir et augmenter tout ce qui relève de la lutte contre la pauvreté », commente le vice-président.
Après les polémiques de cet été sur les mères isolées, la Métro veut garder une ligne « écologique et social », anticipant de potentielles critiques à sa gauche. Elle a été saluée sur ce point-là par les différents groupes de sa majorité, que ce soit « Voix commune » ou encore le groupe Métropole insoumise, résiliente et solidaire, via Laurence Boffet.
« La majorité a su maintenir un équilibre malgré les vents contraires », s’est-elle félicitée. Côté investissements, les écologistes annoncent ainsi conserver un plan pluriannuel « dynamique » à plus de 3,6 milliards d’euros pour 2025.
« Y a le feu ! » : le « brouillard » autour du budget critiqué
Ça, c’est pour les grandes lignes. Car, dans le détail, le tout est encore assez flou. Si le président Bruno Bernard a déjà annoncé le décalage de chantiers, notamment sur les Voies lyonnaises, les incertitudes dont nous vous avions parlé en décembre ne sont pas encore levées.
« Flou », « brouillard », « y a le feu aux finances de la Métropole ! »… Dans les rangs de l’opposition, chacun y est allé de son alerte pour dénoncer le manque de mesures concrètes. Devant des pompiers du SDMIS, en grève depuis octobre, les groupes Synergies, Inventer la Métropole en commun ou encore la Métropole positive ont rappelé la nécessité d’expliciter où les coupes devraient avoir lieu.
« Où sont les actions structurantes qui devraient permettre de rationaliser nos fonctionnements ? », s’est agacé l’UDI Max Vincent, du haut de ses 45 ans de vie politique locale. Le tout, en rappelant que les pompiers, eux, devaient être valorisés.
Les pompiers s’invitent au conseil de Métropole
« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir », s’est quant à elle inquiétée Nathalie Perrin-Gilbert, de la Métropole en Commun, tentant une citation de Léonard de Vinci. Sans sortir la grosse berzingue, l’ancienne adjointe à la Culture limogée au printemps par le maire de Lyon a voulu poser ses « lignes rouges », tout comme elle le fait en conseil municipal. Histoire de marquer ses différences, en vue de 2026. Le tout, notamment sur le fait que « la sécurité civile » (les sapeurs-pompiers) devait rester un « service public ».
« Il n’a jamais été question de privatiser », a d’emblée répondu Bruno Bernard (EELV), quelque peu étonné par la sortie. Le président de la Métropole a espéré que NPG serait « rassurée » et resterait ainsi « dans la majorité », non sans déclencher quelques rires dans l’assistance.
À la conclusion, l’élu a mis en avant l’importance des mesures sociales, justifiant la hausse du budget de fonctionnement, sans aller plus dans le détail dans les coupes prévues. « Nous allons devoir ne pas remplacer tous les départs », a-t-il réaffirmé.
Budget : les oppositions veulent une commission, le président, des propositions
Il a appelé ses confrères à donner leurs idées pour la suite. « J’ai noté de votre part beaucoup de demandes de dépenses supplémentaires, a-t-il tenté. Moi, pour les économies, ce que j’attends de vous, ce sont des propositions. »
« Dans ce cas, ouvrez une commission transpartisane pour en discuter », lui a répondu son prédécesseur David Kimelfeld (Alliance sociale, démocrate et progressiste). Pour lui, il s’agit de la seule manière d’éviter un débat comme celui du jour, avec une succession « d’effets de manche ». Sa demande : pouvoir mettre le nez dans la machine budgétaire actuelle. « Vous avez les comptes de l’année dernière », lui a répondu le Président, renvoyant cette demande faite par l’ensemble de son opposition.
Pour le reste, Bruno Bernard l’a reconnu, « il n’y a pas tout » dans ce Dob, le vote du budget étant en mars. D’ici là, un projet de loi de finance aura (peut-être) été proposé (voire approuvé) à l’Assemblée. On devrait donc y voir plus clair dans l’avenir de la collectivité aux quatre milliards de budget et aux 9000 agents. En théorie du moins.
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