Cet article propose une rétrospective de l’année 2024 à Lyon, réalisée par la rédaction. Mais elle ne parle pas (loin de là) de toutes nos enquêtes et révélations. Pour avoir accès à celles-ci, on vous laisse le lien ci-dessous.
23 janvier : début de la fronde des agriculteurs
Autoroutes fermées, péages occupés, plateformes logistiques à l’arrêt. Dès le début de l’année 2024, les agriculteurs ont mis le paquet pour faire entendre leur voix à Lyon. Nous étions même partis en reportage à Vélo’v sur la M7, l’autoroute urbaine de Lyon, alors coupée.
En toile de fond de la grogne : la demande d’une meilleure rémunération des agriculteurs et une opposition à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, le marché commun sud-américain. Tous les syndicats sont mobilisés. Mais, si un combat commun semble mené à l’échelle nationale, le modèle défendu par les différentes instances représentatives du monde agricole sont diamétralement opposés.
En janvier, nous nous étions rendus sur le péage de Saint-Quentin-Fallavier, occupé par la Confédération paysanne. Quelques jours plus tard, nous organisions un débat entre deux cousin·es, l’un membre de la FDSEA, l’autre de « la Conf’ ». Entre eux, des points oppositions mais aussi beaucoup de points d’accords.
26 janvier : La loi immigration promulguée
Promulguée le 26 janvier 2024, la loi « immigration », portée par Gérald Darmanin (alors ministre de l’Intérieur, étiqueté « Renaissance », il est depuis passé à la Justice) a marqué une droitisation du discours du gouvernement. Dans les faits, elle a compliqué le travail des associations et durci les conditions de vie des étrangers à Lyon. En témoignent nos différentes enquêtes sur les centres de rétention administrative (Cra).
En avril, nous montrions comment cette loi renforçait l’emprise de la préfecture sur le procureur de la République concernant les personnes retenus. Une de nos enquêtes montre que ces Cra peuvent être de véritables zones de non-droit, à tel point que le barreau de Lyon a demandé en octobre la fermeture du Cra 2 (à l’aéroport Saint-Exupéry), en raison de « conditions de rétention indignes ». La justice a finalement décidé qu’il resterait ouvert.
Rétro 2024 à Lyon : le 6 février, un coup de filet inédit au sein de l’extrême droite
Fin 2023, l’attaque coordonnée d’une conférence sur la Palestine dans le Vieux-Lyon par des dizaines de militants d’extrême droite avait choqué. La réponse judiciaire n’a pas tardé. Le 6 février, huit militants sont placés en garde à vue. Le 26 mars, dix autres personnes sont arrêtées dans cette même affaire. En tout, plus d’une dizaine seront mis en examen.
L’extrême droite lyonnaise s’est particulièrement fait remarquer en ce début 2024. Ce même 6 février, Sinisha Milinov, l’ex-leader des Remparts, un groupe identitaire lyonnais, a été condamné par le tribunal de Lyon pour une agression raciste. Il a passé plusieurs mois derrière les barreaux.
Cependant, l’effet du coup de filet se fait attendre. À ce jour, aucune date d’audience n’a été fixée dans l’affaire concernant l’attaque de la conférence sur la Palestine, à la Maison des Passages.
2 mars : action choc contre les perfluorés au sud de Lyon
La photo avait marqué les esprits. Au sud de Lyon, près de 300 militants s’étaient introduits sur le site de l’usine chimique Arkema de Pierre-Bénite, le 2 mars, pour protester contre l’utilisation de Pfas. Huit d’entre eux ont été arrêtés et sont passés devant la justice. Ils ont été relaxés en juin, mais le parquet a fait appel de la décision.
Dans le même temps, Rue89Lyon apprenait début mars que le géant japonais de la chimie Daikin prévoyait d’étendre son site et de continuer à produire des perfluorés – les fameux polluants éternels qui empêchent la consommation de certains aliments au sud de la métropole.
Cette extension avait été suspendue par le tribunal administratif, avant que l’État n’attaque cette décision. La préfecture a finalement déposé un nouvel arrêté préfectoral… Pour permettre la reprise de cette extension. Chez le voisin Arkema, la construction d’une nouvelle unité avait également été attaquée par des collectifs d’habitants et des associations. L’industriel a eu, pour le coup, gain de cause auprès du tribunal.
Rétro 2024 à Lyon : le 27 mars, la fin du parcours de Railcoop
Après moult péripéties, la coopérative ferroviaire Railcoop annonce sa liquidation le 27 mars 2024. La fin du long chemin de croix d’une entreprise dont Rue89Lyon avait révélé les difficultés. Plus encore qu’un simple échec commercial et citoyen (de nombreux contribuables avaient investi des parts sociales), la fin de Railcoop met en exergue les limites de la libéralisation du secteur ferroviaire et le sous-investissement chronique de l’État dans le rail.
7 mai : Rue89Lyon convoqué au commissariat !
S’il fallait retenir une date dans notre année, ce serait sans doute celle-ci. Le 7 mai au matin, nous recevons une feuille volante dans notre boîte aux lettres. Celle-ci nous intime de nous rendre sans délai au commissariat du 3e arrondissement de Lyon.
La raison ? Nous l’apprendrons plus tard : l’ancien boss de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas nous attaque en justice pour un article sur ses investissements dans des terminaux pour jets privés [Article que nous avons depuis passé en gratuit, n’hésitez pas à le diffuser !].
On vous tiendra très vite informé, la suite devrait intervenir bientôt !
30 mai : clap de fin pour Nova Lyon
Fin avril, Rue89Lyon révèle les coulisses de la fin de Nova Lyon. Émettant depuis 2017 sur la fréquence 89.8 FM, l’antenne locale de la radio musicale disparaît fin mai. Une perte pour la scène musicale lyonnaise. Cette fermeture serait liée à des audiences insatisfaisantes, si l’on en croit la direction.
L’implantation de Nova à Lyon ne s’était pas faite sans heurts. Le projet de faire de la radio communautaire historique Trait d’Union (RTU pour les intimes), une radio commerciale en mutualisant ses programmes avec ceux de Radio Nova n’avait pas plu à tout le monde. Reste que la station offrait une importante caisse de résonance aux artistes locaux émergents.
9 juin : le choc des Européennes
C’était une soirée électorale qui s’annonçait, somme toute, assez tranquille. Et puis, le choc. La montée de l’extrême droite, largement en tête des élections européennes, puis la dissolution de l’Assemblée annoncée par Emmanuel Macron après la débâcle historique de son camp. Chez Rue89Lyon, nous avons publié plus de 70 articles en moins d’un mois, pour tenter d’éclairer au mieux nos lecteurs sur les enjeux de ces élections législatives anticipées.
Au soir du 7 juillet, et pour la première fois dans un scrutin à deux tours, deux élus RN ont été envoyés à l’Assemblée, dont Tiffany Joncour, épinglée pour ses proximités avec l’extrême droite radicale lyonnaise.
26 juin : dissolution des Remparts
Alors qu’un doute subsistait en raison du contexte électoral, le groupuscule identitaire des Remparts, qui se réunissait dans le bar La Traboule, a été dissous par le ministère de l’Intérieur, le 26 juin. Le groupe s’était fait connaître par plusieurs actions violentes à Lyon. Rue89Lyon avait dressé la liste de leurs actions dans plusieurs articles d’analyse.
Cependant, il subsiste un doute quant au réel effet sur le long terme de cette dissolution. Comme Rue89Lyon le décryptait en mars, les groupuscules lyonnais ont toujours réussi à se reformer d’une manière ou d’une autre après une dissolution.
22 août : bye-bye Wauquiez ?
En vertu de la loi sur le non-cumul des mandats, Laurent Wauquiez (LR), nouvellement élu député de Haute-Loire, a démissionné de la présidence de la région le 22 août. Deux jours plus tôt, Rue89Lyon révélait les détails d’un rapport au vitriol sur ses dépenses de com’. En juillet, on dressait également le bilan de ses innombrables casseroles à la tête de « la région la mieux gérée de France ».
Bon, quand on dit que Laurent Wauquiez a cédé sa place à la tête de la région, c’est une façon de parler. En réalité, celui qui a laissé son fauteuil de président à l’inconnu Fabrice Pannekoucke (LR) reste très présent au sein de l’hémicycle régional, comme Rue89Lyon le décryptait ce mois de décembre.
19 août : sortie de Challah la Danse
Instant promo ! On ne fera pas long, mais ce 19 août coïncide avec la sortie de Challah la danse, écrit par Dalya Daoud, co-fondatrice de Rue89Lyon. On en avait profité pour interviewer notre ancienne patronne !
30 août : La Métropole reprend sa compétence sur les mères sans-abri isolées
Localement, cela aura été le feuilleton de l’été. Mi-juillet, la Métropole de Lyon décidait d’arrêter la prise en charge de nouvelles mères isolées, avec enfant de moins de trois ans. Résultat : l’occupation (de nouveau) d’un bâtiment du quai Arloing par le collectif des femmes à la rue. Mais, surtout, la naissance de tensions au sein de la majorité métropolitaine, une partie de l’exécutif ne comprenant pas cette décision du président, Bruno Bernard (EELV).
D’autant que, quelques jours plus tard, le « scandale des bébés à la rue », explose à Lyon. Dans cette affaire, l’État est largement responsable d’une situation qui se détériore depuis la crise sanitaire. Mais le timing est mauvais pour la « Métropole hospitalière ».
La collectivité, qui a pourtant investi pour accueillir des sans-abri, se prend un retour de flamme. Bruno Bernard annonce rétropédaler le 30 août devant un cercle réduit de médias, dont Rue89Lyon. Fin septembre, nous révélerons que cette nouvelle prise en charge des mères isolées se fait, à présent, avec des critères bien plus sévères que par le passé….
17 octobre : des intempéries… et des questions
La région lyonnaise a vécu mi-octobre ses pires intempéries depuis des années. Des dizaines de milliers de personnes ont été touchées, principalement dans la vallée du Gier. Rue89Lyon en avait profité pour aborder le sort des mineurs du square du Béguin (Lyon 7e). Ils ont depuis été pris en charge par la Ville de Lyon.
13 décembre : le tribunal annule l’OQTF de Kélé
Vendredi 13 décembre, le tribunal administratif de Lyon a annulé l’OQTF de Kéletigui Sylla, dit « Kélé », un jeune guinéen arrivé dans la métropole il y a dix ans. Un soulagement pour le jeune homme et son important groupe de soutien.
Rue89Lyon avait dressé son portrait au printemps. Quelques semaines plus tôt, Mamadou, co-auteur de Né pour partir avec le lyonnais Azouz Begag, avait obtenu un titre de séjour.
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