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Une « censure » ? Au sud de Lyon, un film de soutien à Gaza déprogrammé

Le film Yallah Gaza ne passera pas au cinéma de Mornant, au sud de Lyon. Prévue initialement en novembre 2023, puis en décembre 2024, sa diffusion a été mise de côté par l’exécutif de la communauté de communes du Pays Mornantais. Une « censure qui ne dit pas son nom » pour l’association qui l’avait mis à l’affiche.

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C’est le genre d’info qui en dit long sur le climat ambiant. Ce vendredi 6 décembre, le théâtre-cinéma Jean-Carmet, à Mornant, au sud-ouest de Lyon, devait diffuser le film Yallah Gaza. Ce documentaire sur la vie dans l’enclave palestinienne, tourné et sorti avant les attentats du 7 octobre 2023, est réalisé par un régional de l’étape : le tararien Roland Nurier.

« C’est un film sur la résilience des Gazaouis, sur la façon dont ils parlent de leur calvaire », reprend Philippe Sicard, président de l’association le Temps d’un film. Depuis 23 ans, son association programme quatre films par an dans cette salle du pays mornantais, en lien avec les équipes du ciné-théâtre. En tout, elle a programmé 106 films à Mornant, pour 14 000 entrées.

Jusqu’à présent, tous ces films avaient été diffusés sans difficulté par les équipes. Tous, jusqu’à aujourd’hui. Pour la deuxième fois en un an, Yallah Gaza a été déprogrammé par l’exécutif de la « Copamo », la communauté de communes du Pays Mornantais.

Projection sur Gaza au sud de Lyon : une annulation incomprise

Une décision qui suscite l’incompréhension des bénévoles de l’association, qui dénoncent « une censure qui ne dit pas son nom », tout comme de la ligue des droits de l’Homme du Rhône, qui évoque une « entrave inacceptable à la liberté d’expression ». Les bénévoles du Temps d’un film notent que le film a obtenu l’autorisation des autorités compétentes pour sa diffusion. « Est-ce que les élus de la Copamo ont des compétences que le CNC [Centre national du cinéma et de l’image animé, ndlr] n’a pas ? », s’interroge Sylvie, une bénévole du Temps d’un film.

Ses membres le savent : le conflit israélo-palestinien est un sujet sensible. « Mais est-ce qu’il y a des sujets dont on ne peut plus parler ? », poursuit Sylvie. Selon l’asso, les élus ont estimé qu’il n’était pas « opportun de faire un débat ».

« Ce n’est pas une déprogrammation, c’est un report », affirme de son côté Renaud Pfeffer, maire (LR) de Mornant et président de la Copamo, sans pour autant donner de date de programmation. « Cela fait 23 ans qu’on bosse avec cette association, on n’est pas des censeurs, se défend encore l’élu. Mais le film a été tourné avant le 7 octobre, il est anachronique avec la réalité d’aujourd’hui. Le diffuser aujourd’hui n’était pas opportun ».

Le bras droit de l’ex-président de Région Laurent Wauquiez (LR) pointe notamment la mise en avant du Hamas, « présenté comme un mouvement de résistance ». Une séquence de très courte durée, « à peine trois minutes », lâche-t-on du côté du Temps d’un film.

Se sentant « méprisé », le président de l’association craint une rupture de confiance. En novembre 2023, son équipe avait accepté, après discussions, de décaler la diffusion du film, estimant que les attentats terroristes du 7 octobre étaient trop proches. À l’époque, l’équipe devait lancer la communication autour de l’événement le 10 octobre. Le timing était mauvais. Mais là, difficile de voir ce qui bloque.

Un film pour Gaza, ayant l’habitude d’être programmé autour de Lyon

Certes, le film est engagé. De l’avis du Monde, il est même « partial » et ne donne pas la réalité dans son ensemble. N’empêche, sa diffusion, n’a, jusqu’à présent, posé aucun problème dans la région. Ce film « pour la paix » a été diffusé à l’Espoir Renoir de Roanne, en avril 2024, au Ciné Paradisio à Saint-Martin-en-Haut, dans le sud de Lyon, fin 2023… Il est passé au cinéma Cinéma Mourguet, en mai 2024, à Saint-Foy-Lès-Lyon. Bref, militant, peut-être. Polémique (voire dangereux ?), pas sûr. Alors, quid ?

« Le film, je l’ai vu et je l’ai trouvé très beau. […] Mais je ne veux pas importer le conflit au Proche-Orient ici », finit par lâcher Renaud Pfeffer, qui revendique « une volonté d’apaisement », tout en fustigeant l’attitude du réalisateur Roland Nurier. Ce dernier l’a comparé à Éric Ciotti (ex-LR) dans une vidéo récemment publiée sur Youtube. « Il vend son film comme on vend des légumes […] Il n’a pas à mettre la pression sur une collectivité locale », peste le président de la Copamo, visiblement agacé par la polémique.

La ligue des droits de l’homme a de son côté dénoncé « une entrave inacceptable à la liberté d’expression ». Elle est rentrée en contact avec la Copamo pour tenter de remédier à la situation. Visiblement, sans succès pour l’instant.

Pour le Temps d’un film, la situation suscite tout de même une « inquiétude » pour la suite. Cela alors que l’association a prouvé son intérêt pour le territoire. « On peut dire qu’on a contribué à la classification Art et essai du théâtre-cinéma Jean-Carmet », note le président, Philippe Sicard. L’association organise une assemblée générale extraordinaire, ce vendredi 6 décembre, avec ses adhérents. Objectif : faire un point sur la situation et peut-être de renouer le dialogue avec les élus.


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