Ils ont fui des conditions climatiques et sanitaires déplorables. Des jeunes du square du Béguin (Lyon 7e), victimes des récentes intempéries qui ont touché la Métropole de Lyon, ont investi le gymnase Cusset de Villeurbanne, dans la soirée du mardi 5 novembre.
L’occupation n’aura pas duré longtemps. Sur demande de la mairie, plusieurs dizaines de CRS sont intervenus dans la soirée, sans heurt. Dans un communiqué, le collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse déplore une intervention « indigne » et « réitère sa demande de mise à l’abri de l’ensemble des mineurs en recours à la rue dans la métropole lyonnaise, conformément à la convention internationale des droits de l’enfant ».
Pour rappel : la plupart des 160 sans-abri du square du Béguin sont en attente d’une reconnaissance de minorité, par le juge des enfants. En attendant celle-ci, ils ne sont ni pris en charge par la Métropole de Lyon (en charge des mineurs non accompagnés), ni par l’État (en charge des adultes).
Le répit aura duré 2h. Ce soir, à peine 4 jrs après la trêve hivernale, la mairie de Villeurbanne a demandé l'expulsion des 150 mineurs en recours qui s'étaient mis à l'abri au gymnase du quartier Cusset, dans l'espoir d'échapper à la rue où ils survivent depuis plus de 6 mois. pic.twitter.com/GdKn8VxxKJ
— Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse (@SoutiensCroix) November 5, 2024
Gymnase expulsé à Villeurbanne : un troisième cas en six mois
C’est la troisième fois cette année qu’un gymnase occupé se fait expulser dans l’agglomération lyonnaise. En mai, les gymnases Dargent (Lyon 8e) et Chanfray (Lyon 2e), occupés par des femmes et enfants à la rue, avaient également été expulsés sous l’impulsion de la mairie, suscitant quelques remous au sein de la majorité municipale plurielle. Avant cette date, la Ville de Lyon n’avait jamais demandé de telles opérations.
« Nous demandons, encore une fois, à ce que les collectivités locales et la préfecture se réunissent d’urgence pour trouver des solutions concrètes. Que les droits de ces jeunes vulnérables cessent d’être bafoués et que ne se passe pas un nouvel hiver avec des mineurs sous des tentes », demande encore le collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse dans un communiqué.
De quoi donner du grain à moudre dans la bataille opposant l’État et la Métropole de Lyon sur l’hébergement d’urgence ? À noter que, contrairement à la Ville et à la Métropole de Lyon, Villeurbanne n’est pas en conflit (judiciaire) sur cette question avec l’État. Il y a deux ans, son maire socialiste, Cédric Van Styvendael nous expliquait ne pas vouloir rentrer en confrontation avec la préfecture.
Pour le maire de Villeurbanne : « Il faut arrêter de se renvoyer la patate chaude de la misère humaine »
Ce qui ne l’a pas empêché d’en appeler à l’État. À la suite de la parution de cet article, la Ville de Villeurbanne a joint notre rédaction mercredi 6 novembre, dans la soirée, pour nous assurer que le maire avait demandé à la Police nationale qu’il n’y ait ni contrôle, ni arrestation.
« Depuis 2020, nous avons ouvert plus de 600 places d’hébergement. On ne peut pas nous accuser de ne rien faire, s’est défendu Cédric Van Styvendael. Tous les acteurs doivent se mobiliser sans délai, à commencer par l’État qui a la compétence de l’hébergement d’urgence. Il faut arrêter de se renvoyer la patate chaude de la misère humaine. »
Il a ainsi rappelé que la Ville ne peut pas être « seule » pour travailler à des « solutions dignes » pour ces jeunes et pour toutes les personnes à la rue. Une réaction d’importance. Il est probable qu’il s’agisse de la première expulsion de ce type demandé par la Ville, au moins depuis 2020.
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