Portes de toilettes manquantes, absence d’accès au soin, problèmes nutritionnels… Le barreau de Lyon pointe plusieurs « atteintes aux droits fondamentaux des retenus » dans le deuxième Centre de rétention administrative (Cra) de Lyon Saint-Exupéry, où sont enfermées des personnes étrangères dans l’attente de leur expulsion du territoire.
Face à cette situation, le bâtonnier et la vice-bâtonnière ont saisi le tribunal administratif en référé-liberté (une procédure accélérée justifiée par l’urgence d’une situation), vendredi 11 octobre, révèle Lyon Capitale. Ils souhaitent obtenir la fermeture du centre « dans l’attente d’une mise aux normes », explique à nos confrères la vice-bâtonnière, Sara Kebir.
Au Cra 2 de Lyon, la situation n’est pas nouvelle
Cette alerte sur les conditions de vie au sein du Cra est loin d’être la première. En avril 2023 déjà, le barreau de Lyon tirait la sonnette d’alarme : toilettes avec des portes battantes empêchant une quelconque intimité, 30 minutes chaque jour pour aller manger au réfectoire, des cours pour s’aérer qui ressemblent à des cages… « On a l’impression que la rétention est là pour punir, ce qui ne devrait pas être le cas, grinçait déjà la vice-bâtonnière de l’époque, Marie-Josèphe Laurent. Tout est anxiogène là-bas. »
Quelques mois plus tard, en juin 2023, c’est la contrôleuse des lieux de privation de liberté qui s’inquiétait de la gestion du lieu :
« Les hébergements y sont, comme ailleurs, inadaptés ou sous-dimensionnés, anxiogènes, dégradés et mal entretenus, notait la CGLPL. Les retenus y sont privés d’intimité, d’activité, de perspectives et, dans l’ensemble, largement livrés à eux-mêmes »
Extrait du rapport de la visite du centre de rétention administrative n°2 de Lyon-Saint-Exupéry (Rhône)
Des conditions de vie difficiles que Rue89Lyon avait pu constater lors d’une visite du Cra organisée par la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge. Impossibilité de téléphoner, fenêtres cassées en plein hiver, manque d’intimité, accès défaillant aux soins psychiques… Autant de défaillances qui s’accumulent.
Mardi 15 octobre, le très droitier ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a annoncé la préparation d’une nouvelle loi immigration pour début 2025, dans une interview pour le Figaro. Il souhaite augmenter la durée maximale d’enfermement de 90 à 210 jours et exclure les associations des Centres de rétention. Une volonté qui n’augure rien de bon pour les droits des personnes retenues.
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