« Ma seule garantie pour dormir c’était l’ECG. Sans ça aujourd’hui, je ne sais pas où aller », renifle Aboubacar Canara, qui vient d’avoir 22 ans. Sac de course à la main avec toutes ses affaires fourrées à l’intérieur, il regarde par dessus le barrage policier, l’Espace communal de la Guillotière et son Annexe, en pleine expulsion.
Mercredi 2 octobre au petit matin, entre 5h30 et 6h, les forces de l’ordre ont cassé les portes des bâtiments colorés, entre les rues Béchevelin et Jangot (Lyon 7e). Une vingtaine de personnes se trouvaient à l’intérieur. Cinq ont été arrêtées par la police aux frontières (PAF), « en raison de leur situation administrative », a communiqué la préfecture dans la foulée. Selon les militant·es sur place, depuis l’expulsion du squat Casse Dalle en mai dernier, l’intervention de la PAF est quasi systématique.
D’après les soutiens, aucune solution de relogement n’a été proposée, aucun diagnostic social réalisé. Contactée, la Métropole de Lyon nous redirige vers la préfecture et Grand Lyon Habitat, propriétaire de l’ECG. De son côté, la préfecture du Rhône confirme « qu’aucun relogement n’a été effectué à l’issue de l’évacuation ».
Après l’expulsion de l’ECG, « beaucoup sont à bout de solution »
En protestation, quelques soutiens se sont réunis sur la place Khalaf. Aboubacar n’avait que ce lieu. Son contrat jeune majeur, qui lui permettait d’être pris en charge par la Métropole, a pris fin à ses 21 ans. Après un accident à l’automne 2023, il ne pouvait plus aller travailler et s’est retrouvé sans toit. Depuis, il a retrouvé un emploi mais aucune demande de logement n’aboutit. « J’ai un salaire, mais ce n’est pas assez pour avoir un logement ! », s’écrie-t-il, les larmes aux yeux.
Pour lui comme pour les autres, l’ECG était un « lieu refuge ». « Beaucoup de personnes ici sont à bout de solution », souffle une membre de Droit au Logement (DAL). L’expulsion intervient juste avant la trêve hivernale qui doit débuter le 31 octobre.
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