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Jeunesse, « climate hall », tensions : ce qu’il faut retenir du conseil municipal de Lyon

La rentrée a été dense, jeudi 26 septembre, au conseil municipal de Lyon. Au menu : une reconfiguration de l’exécutif, un focus sur les jeunes, l’acquisition de bureaux pour cinq millions d’euros ou l’ouverture de plusieurs lieux dédiés aux femmes, aux personnes migrantes et à l’écologie.

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Le conseil municipal du 26 septembre 2024. ©Marie Allenou/Rue89Lyon
Le conseil municipal du 26 septembre 2024.

Le conseil municipal de Lyon programmé ce jeudi 26 septembre à l’Hôtel de Ville était censé être plutôt calme, la plupart des projets de la majorité de gauche étant déjà lancés. Mais la séance s’est finalement achevée dans le brouhaha, avant d’être suspendue. À noter le lancement d’un des derniers plans de l’exécutif encore en construction, « Lyon Jeunesses ! » et une opération immobilière qui a créé les tensions finales.

La « tectonique des places » dans l’exécutif suscite quelques remous dans la majorité

La nouvelle avait été officiellement annoncée en début de semaine. Après le départ de Sandrine Runel (PS), élue députée, sa délégation des Solidarités est redistribuée à deux adjointes écologistes. Marie Alcover (EELV), déjà adjointe aux Jeunesses, doit récupérer la délégation « Solidarités et inclusion sociale – Accès aux droits fondamentaux ». Quant à l’épineux volet « Hébergement d’urgence », c’est l’adjointe au Logement Sophia Popoff (EELV) qui en aura la charge.

La perte d’une délégation pour le groupe socialiste n’est pas passée inaperçue et a fait l’objet de quelques commentaires au sein de la majorité. « Désillusion pour certains et concentration pour d’autres, avec une estrade pas très paritaire au demeurant », constate Sandrine Runel, évoquant une « tectonique des places ».

Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun) s’est montrée bien plus frontale, fidèle à sa réputation d’élue au verbe haut, d’autant plus depuis sa révocation de son poste d’adjointe à la Culture par le maire de Lyon en mai 2024. Sa délégation était revenue à Audrey Hénocque (EELV), déjà première adjointe aux Finances.

« Il appartient au groupe écologiste de ne pas se comporter en groupe hégémonique qui ne respecte pas ses partenaires », lance-t-elle, appelant les écolos à « rectifier leur trajectoire » d’ici les municipales de 2026. Des propos sur lesquels le maire de Lyon n’a pas rebondi.

La question des « chargés de mission », à peine débattue au conseil municipal de Lyon

Le 10 septembre dernier, la Chambre régionale des comptes (CRC) a épinglé la mairie de Lyon au sujet de ses “chargés de mission”. Trop nombreux et trop politiques selon le rapport de la Chambre portant sur la communication externe de la ville de Lyon depuis 2016. Celui-ci avait fuité début septembre.

Ce surnombre ne date pas de l’arrivée des écolos à la tête de l’exécutif municipal. Il était également constaté sous Gérard Collomb (PS puis LREM) et Georges Képénékian.

En réponse, la mairie de Lyon avait indiqué ne pas partager les conclusions de la CRC et avait plaidé que les 24 agents visés étaient « essentiels à l’action municipale. » Le pôle de chargé de mission a depuis été supprimé. Une réponse relue par le maire Grégory Doucet (EELV) au conseil municipal, qui a également indiqué ne pas répondre à davantage de questions sur ce sujet, une instruction pénale étant en cours. 

Cette question est chère à la droite, puisqu’elle avait saisi la chambre à ce sujet dès février 2021. “Pour quelqu’un qui chante la vertu, il y a encore du job. La perfection est un exercice difficile”, a piqué Pierre Olivier (Droite, Centre et Indépendants). Il s’est pourtant peu attardé sur la question, se contentant de rappeler les inquiétudes formulées en conseil municipal de Lyon dès 2021 et de critiquer les « contorsions sémantiques » de la réponse de la Ville.

Derniers rebondissements pour le nouveau périscolaire à Lyon

En mars 2024, le conseil municipal de Lyon a adopté la mise en place d’une nouvelle formule du périscolaire. Fin des deux tranches horaires pour une unique plage jusqu’à 18h30, départ échelonné, hausse des tarifs pour les ménages les plus aisés… L’objectif de la municipalité était d’avoir un temps suffisant pour proposer des activités qualitatives aux enfants et d’augmenter les rémunérations des animateurs. 

Le projet avait suscité une certaine levée de bouclier des parents, notamment sur un point pratico-pratique : les élèves de maternelle pouvaient être récupérés à partir de 17h45 et les élémentaires seulement à partir de 18h.

Après une tournée des écoles avant la rentrée, l’adjointe à l’Éducation Stéphanie Léger (PS) a réussi à apaiser les tensions en proposant un horaire lissé pour tous à 17h45. Un changement finalement entériné par le conseil municipal, alors que plus de 17 000 enfants se sont inscrits à ce nouveau périscolaire.

En parallèle, les subventions aux Maison des jeunes et de la culture et centres sociaux ont presque toutes augmenté et atteignent 20,7 millions d’euros (contre 18,2 en 2023). La plupart de ses structures sont en charge du périscolaire du midi et du soir dans une partie des écoles de la Ville. 

Une « maison de l’hospitalité » prend la suite d’un squat

En septembre 2022, la Métropole de Lyon mettait fin à l’occupation du squat Lafayette, un des premiers que la collectivité avait « conventionné ». L’objectif était d’autoriser et d’organiser l’occupation temporaire du lieu en attendant la mise en place d’un projet sur cette propriété de la Métropole. Il devrait bientôt voir le jour, sous le nom de « Maison de l’hospitalité ». La conseil municipal a voté une subvention de 30 000 euros par an (75 000 pour la Métropole) pour le fonctionnement du lieu, pendant 3 ans.

Cette maison accueillera plusieurs espaces : des bureaux pour des associations, des permanences dédiées aux personnes migrantes et un lieu ouvert pour l’organisation d’évènements. Une délibération qui a fait réagir l’opposition de droite. Béatrice de Montille, du groupe Droite, centre et indépendants a appelé le maire de Lyon à « se positionner » sur la question de l’accueil des personnes migrantes.

« D’un côté, vous présentez Lyon comme une ville accueillante et hospitalière, s’est indigné la conseillère. De l’autre, on voit les campements se développer avec des conditions de vie indignes, et vous rejetez la faute sur la préfecture. Nous avons dépassé à Lyon nos capacités d’accueil »

« Ce n’est pas une réponse à toutes les difficultés, mais cela permet de faire avancer, dans nos compétences, la cause de la dignité et l’accès aux droits », a répondu Yasmine Bouagga, conseillère municipale EELV et maire du 1er arrondissement.

Focus sur les jeunes avec le nouveau projet « Lyon jeunesses! »

Avec son nouveau projet, « Lyon Jeunesses ! », l’exécutif municipal s’est concentré sur les 12-25 ans. Pour répondre aux « besoins et attentes » des quelques 124 000 jeunes de cette tranche d’âge, ce projet s’articule autour de 26 actions, qui devraient être engagées dans les 18 mois à venir. Parmi ces dernières : le lancement d’un nouveau groupement d’achat à l’université Lyon 3 pour accéder à des produits alimentaires à petits prix ou la « revoyure des critères de logements sociaux de la Ville de Lyon avec un focus jeune ».

À travers ce projet, un coup de projecteur est également mis sur la santé mentale avec le développement de « consultations gratuites » avec un « centre de santé mentale » et des « consultations multi-sites en proximité ». Un sujet qui “tient à cœur » à Marie Alcover (EELV), qui a présenté le projet et qui a récupéré la délégation « Solidarités et inclusion sociale, accès aux droits fondamentaux » de Sandrine Runel (PS).

Françoise Blanc (Groupe Droite, Centre et Indépendants) a regretté le regroupement d’adolescents de 12 ans avec des « hommes et des femmes » de 25 ans, aux intérêts et besoins différents selon elle. Au milieu de cette critique, somme toute audible, elle s’est risquée à dresser un parallèle plus douteux. Elle regrette l’emploi du mot “jeunesses” au pluriel qui, selon elle, “rappelle de tristes périodes” – faisant référence aux Jeunesses hitlériennes.

Climate Hall : un projet « idéologique » pour l’opposition

Le projet Climate Hall, “la fabrique du climat pour s’informer, se former, agir”, comme l’a présenté Sylvain Godinot (EELV), adjoint à la Transition écologique et patrimoine, ouvrira ses portes d’ici 2026. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes » d’ici 2030, dont Lyon fait partie.

Le site comprendra un tiers-lieu focalisé sur l’énergie, le bâtiment et la mobilité et une « école de la résilience ». Le lieu revendique être à la fois une « plateforme de connaissances de formations » et un « incubateur » d’expérimentations sociales et économiques en lien avec la transition écologique.

Tout un programme pour lequel la collectivité s’est associée à six partenaires (l’Agence locale de l’énergie et du climat et celle des mobilités de la Métropole de Lyon, l’association Anciela, la Maison métropolitaine d’insertion pour l’emploi, la Cité Anthropocène et l’Université Lumière Lyon 2). Budget total du projet : 600 000 €, couvert par la subvention européenne que doit percevoir la Ville de Lyon pour financer les dépenses réalisées par les membres du projet. 

Le groupe Droite, Centre et Indépendants a voté contre ce projet, se montrant sceptique sur ses coûts mais aussi sur son orientation « militante ». Un projet qui, selon eux, servira à « répandre un discours idéologique sur la ville de Lyon », a sifflé Romain Billard au nom du groupe. 

Les nouveaux locaux accessibles pour les groupes politiques mettent le feu au conseil municipal de Lyon

Les groupes politiques du conseil vont devoir déménager ! La Ville de Lyon va acquérir des bureaux dans un bâtiment de la rue Édouard-Herriot dans le 2e arrondissement. Jusqu’ici, ces groupes étaient répartis dans plusieurs immeubles à proximité de l’Hôtel de Ville. L’opération aura un certain coût : environ 5 millions pour acheter les locaux, et y réaliser des travaux.

“Il est apparu très compliqué de mettre aux normes d’accessibilité les anciens locaux”, a justifié l’adjoint au Patrimoine Sylvain Godinot, qui a demandé à ses services de trouver de nouveaux lieux dès 2021.

Ce regroupement des locaux a suscité de vives critiques des oppositions. Béatrice Gallou, du groupe centriste Les Progressistes, s’est inquiétée d’une perte de « confidentialité » pour les élus et leurs invités. Du côté du groupe Droite, centre et indépendants, Laurence Croizier s’est appesantie sur le prix de l’opération, une « aberration financière » selon elle. « Prenez ces 5 millions d’euros pour l’ajouter au budget d’accessibilité des bâtiments de la Ville de Lyon », a-t-elle lancé.

La délibération a finalement été adoptée après des débats houleux, allant même jusqu’à déclencher une suspension de séance très animée. Finalement le groupe de droite a quitté l’hémicycle après avoir demandé à Gregory Doucet de s’excuser pour avoir dit « taisez-vous » à Pierre Oliver, demande non exaucée. Seule Françoise Blanc est restée.


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