Les syndicats ne veulent pas resserrer l’étreinte. Face au plan social XXL de la protection judiciaire et de la jeunesse (PJJ) annoncé en plein Jeux olympiques, l’intersyndicale (CGT-PJJ, SNPES-PJJ, UNSA et CFDT) a appelé à un quatrième rassemblement national, jeudi 19 septembre. À Lyon, la manifestation est prévue à 12 h 30, devant le tribunal judiciaire.
L’objectif affiché est de « faire pression sur Madame Nisand, directrice de la P.J.J, pour que l’ensemble des 500 postes supprimés cet été dans toute la France soient réouverts aux titulaires et contractuels. »
Caroline Nisand a en effet annoncé le 31 juillet un vaste plan social, impliquant le non-renouvellement de près de 500 postes de contractuels sur toute la France, soit un tiers des postes de contractuels. Et ce, pour des « économies de bout de ficelle » selon les syndicats, de l’ordre de 1,6 à 1,8 millions d’euros.
53 postes touchés dans la Région
« Nous demandons sa démission », affirme Aurélie Gries, déléguée syndical CGT-PJJ. « 53 postes sont touchés à Lyon, une vingtaine dans le Rhône », chiffre la syndicaliste, ancienne candidate aux législatives 2022. À l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu, au sein duquel Rue89Lyon met en place des séances d’éducation aux médias, plusieurs postes seraient touchés, dont plusieurs d’éducateurs et un de psychologue.
« On demande que l’entièreté des postes soient repris », enchaîne Aurélie Gries. Certaines réembauches ponctuelles « arrachées au forceps » sont espérées d’ici la mi-octobre. Mais, la situation reste floue.
Un comité social d’administration (CSA) était programmé mardi 17 septembre, à Paris, entre la direction et les représentants de l’intersyndicale. « On s’est exprimé mais aucune réponse n’a été apportée. On attend des actes forts », reprend Aurélie Gries, élue au sein du CSA.
La justice des mineurs en souffrance à Lyon
La DPJJ, une des directions du ministère de la Justice, est chargée de l’organisation de la justice des mineurs. Elle vise l’insertion et l’éducation des moins de 18 ans en conflit avec la loi, mais aussi la protection des mineurs en danger. Le tout en coordination avec la Justice. Mais les coupes budgétaires et suppressions de poste viennent fragiliser un secteur du social déjà en grande souffrance.
« Les mobilisations ont permis d’obtenir, dans un premier temps, le dégel de 3 millions de la réserve budgétaire auprès du ministère. Puis, le garde des Sceaux a déclenché une mission d’inspection générale au ministère, décrédibilisant ainsi un peu plus la gestion hasardeuse de la masse salariale de la DPJJ », écrit la CFDT, membre de l’intersyndicale, dans un communiqué.
Des syndicats d’avocats et de magistrats au soutien
« Cela impacte directement les services et les responsables. Par exemple, quand vous perdez un poste d’adjoint administratif, de nombreuses tâches supplémentaires incombent à la direction ou aux éducateurs », illustre Aurélie Gries.
« Les équipes sont surchargées et n’en peuvent plus, ça a un impact sur la santé mentale, tout comme sur la prise en charge. Et puis vous imaginez la publicité que ça fait pour la profession ? Beaucoup de contractuels n’ont pas repostulé », reprend-elle.
Plus généralement, l’intersyndicale craint les orientations gouvernementales actuelles, tournées vers le répressif et moins vers l’éducatif, avec pour conséquence une « désindivisualisation de l’accompagnement », dixit Aurélie Gries. Pourtant pas réputée pour son activisme, la CFDT abonde : « S’agit-il d’un projet funeste d’aller toujours plus loin dans un projet qui consiste à détruire le service public d’éducation de la PJJ ? »
Lundi 16 septembre, le syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats de France se sont joints aux revendications des représentants de la PJJ. « C’est tout le social qui est à bout de souffle. Si notre secteur se casse la gueule, c’est toute la société qui se casse la gueule », conclut Aurélie Gries.
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