Après les perquisitions de la police en mars dernier, c’est au tour de la Chambre régionale des comptes d’Auvergne Rhône-Alpes (CRC) d’épingler la mairie de Lyon au sujet de ses “chargés de missions”.
Trop nombreux et trop « politiques », selon le rapport du gendarme financier portant sur la communication externe de la ville de Lyon depuis 2016. Un document encore confidentiel auquel Le Progrès a eu accès.
Les magistrats révèlent qu’en plus des 12 conseillers politiques dont peut s’entourer le maire, 24 agents travaillent dans l’administration et exercent des « missions politiques » auprès des adjoints. Un surnombre qui ne date pas de l’arrivée des écolos place Louis-Pradel. Il était également constaté sous Gérard Collomb (PS puis LREM) et Georges Képénékian.
Durant le mandat de Grégory Doucet (EELV) ces agents ont continué d’exister tout en étant rattachés à un pôle dédié en 2021. La cour réclame que soit « mis un terme » aux emplois de ces 24 chargés de missions.
À Lyon, des agents administratifs sur le papier, trop « politiques » dans la réalité
Les magistrats soulignent aussi que ces fonctionnaires ou contractuels sont « souvent recrutés hors du cadre légal », sans publication d’offre d’emploi. Censés être des agents administratifs, ils ne sont en réalité pas nommés par la hiérarchie administrative mais « choisis et notés directement par les adjoints », écrit Le Progrès.
Pour rappel, en mars dernier des policiers avaient perquisitionné l’hôtel de ville de Lyon dans le cadre d’une enquête portant sur le périmètre exact des postes de chargés de missions. Leur missions doivent porter sur un thème donné, pour l’administration de la ville. Ils et elles ne sont donc pas au service des élu·es. L’enquête visait ainsi à vérifier que la frontière entre le politique et l’administratif n’était pas franchie par ces chargés de missions.
Des vérifications qui faisaient suite à un signalement donné, là encore par Chambre régionale des comptes, après une alerte de l’opposition de droite à la mairie. Cette dernière avait saisi la chambre dès février 2021.
La mairie de Lyon ne « partage pas » l’avis de la Chambre régionale des comptes
Dans un communiqué de réponse aux conclusions de ce rapport, la mairie de Lyon plaide que ces 24 agents sont « essentiels à l’action municipale. » La Ville estime que les missions qui leur sont attribuées sont « thématiques » et « nécessaires à la bonne mise en œuvre des politiques publiques de la collectivité ».
« La Ville de Lyon ne partage pas l’analyse juridique de la Chambre Régionale des Comptes qui
remet en cause l’organisation de la collectivité », rapporte le communiqué.
La mairie insiste sur le « rattachement à l’administration » de ces chargés de missions. Elle s’oppose aux conclusions de la chambre régionale qui les considère comme des « emplois politiques ». Elle annonce supprimer le pôle des chargés de mission thématique.
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