Hubert Julien-Laferrière n’a plus d’immunité parlementaire pour le protéger. L’ancien député de la 2e circonscription du Rhône – qui ne s’était pas présenté à sa réélection lors des récentes législatives – a été mis en examen. Selon les informations du Monde, les chefs d’inculpation sont doubles : « corruption passive » et « trafic d’influence passif en bande organisée par un élu public ».
L’ancien élu, passé par le PS, la République en Marche puis l’union de la gauche en 2022, est soupçonné d’avoir touché à plusieurs reprises des rémunérations en échange de prises de parole publiques, y compris à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, dont il était membre. Son bureau et son domicile avaient été perquisitionnés le 27 septembre dernier dans le cadre d’une procédure ouverte par le Parquet national financier (PNF).
Une affaire de corruption qui va au-delà d’Hubert Julien-Laferrière
L’affaire Hubert Julien-Laferrière débute en février 2023, lorsque plusieurs médias, dont le Monde révèlent qu’un homme, Jean-Pierre Duthion, se fait intermédiaire avec plusieurs journalistes et hommes politiques pour mener des campagnes d’influence, au profit de pays ou personnalités étrangères, en France. Le journaliste de BFMTV Rachid M’Barki est directement mis en cause, puis licencié par la chaîne.
C’est Mediapart qui révèle le rôle d’Hubert Julien-Laferrière quelques jours plus tard. L’ex-député est accusé d’avoir fait la promotion d’une cryptomonnaie d’un homme d’affaire camerounais à l’Assemblée nationale, après des échanges avec Jean-Pierre Duthion.
Depuis, Hubert Julien-Laferrière est aussi soupçonné de prise de parole en faveur de l’opposante béninoise Reckya Madougou ou d’un ancien premier ministre kazakh. Surtout c’est son engagement favorable au Qatar, avant la tenue en Mondial de football 2022 dans l’émirat, à rebours de son groupe politique, qui fait le plus scandale.
Sur ce dernier point, l’ancien député aurait été rémunéré, pendant une période d’environ un an, 5 000 euros par mois, avec l’aide de deux lobbyistes, Jean-Pierre Duthion et Nabil Ennesri. Ce dernier est actuellement en détention provisoire. De son côté, Jean-Pierre Duthion a été placé sous contrôle judiciaire.
Hubert Julien-Laferrière conteste les faits qui lui sont reprochés
« Je suis publiquement présenté comme coupable de faits que je conteste dans le vide », exprimait Hubert Julien-Laferrière dans un communiqué envoyé au Monde en mai 2024. Une demande de levée de l’immunité parlementaire venait d’être transmise au ministère de la Justice. Demande qui n’a pas eu le temps d’aboutir du fait de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale.
Le 13 juin, dans un communiqué lunaire, Hubert Julien-Laferrière annonçait ne pas se représenter dans la 2e circonscription, pour se consacrer à la « défense des grands singes », sa « passion secrète ». Il va sans doute devoir les quitter pour s’expliquer devant la justice, dans une audition attendue depuis plus d’un an.
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