La mobilisation syndicale ne prend pas de pause, même la méridienne. Ce jeudi 18 juillet, de 12 h à 13 h, environ 400 personnes ont répondu à l’appel du secteur fédéral CGT des cheminots de la région de Lyon. La manifestation a eu lieu devant le square Charles-Delestraint (Lyon 3e), à deux pas de la préfecture du Rhône.
La date du 18 juillet est choisie. Elle concorde avec la première session de la nouvelle législature, la XVIIe de la Ve République, de l’Assemblée nationale. Une journée charnière à l’issue de laquelle le nom du futur président de l’Assemblée sera connu. Les manifestants attendent, eux, un autre nom : celui du futur nouveau Premier ministre. Il tarde à venir pour une bonne raison : aucune majorité claire ne s’est dégagée à l’Assemblée nationale, exposant un futur gouvernement à des motions de censure.
Avec 180 députés élus au palais Bourbon, le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en tête du second tour du scrutin, le 7 juillet dernier. Il devance la majorité présidentielle (163 sièges), le Rassemblement national (143 sièges) et les Républicains (66 sièges).
« La première force politique à l’Assemblée nationale est le Nouveau Front populaire. Cela doit engager un gouvernement qui puisse appliquer le programme du NFP », plaide Maud Millier, secrétaire générale adjointe de la CGT 69. À Lyon, un premier événement sur les mêmes mots d’ordre avait eu lieu place Guichard, dimanche 14 juillet.
À Lyon, la manifestation appelle « Emmanuel Macron à respecter le résultat des urnes »
Ses camarades du secteur CGT des cheminots, l’UD CGT 69 et UNSEN CGT Educ’action ont martelé le même message : « Nous appelons Emmanuel Macron à respecter le résultat des urnes. » C’est en effet le président de la République qui doit proposer le nom d’un Premier ministre à l’Assemblée. Mais pour qu’il soit issu du NFP, encore faut-il que les partis de l’union de la gauche se mettent d’accord…

Pendant que le titre « Porcherie« , du groupe Bérurier noir, tourne, les manifestants s’immobilisent pour attendre les prises de paroles. Drapeau militant sous le bras, Kheira s’est positionnée près d’un arbre. Pour elle, « il faut que Macron enlève Attal [du poste de Premier ministre]. » L’ancien Premier ministre est resté en fonction jusqu’à mercredi 17 juillet, car sa démission avait été refusée par Emmanuel Macron au lendemain des législatives, malgré la défaite du camp présidentiel.
Kheira, militante socialiste de Villeurbanne, à sa petite idée sur qui elle voudrait voir à Matignon. « J’hésite entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, avoue-t-elle. J’ai quand même une préférence pour Mélenchon puisque son gendre, Gabriel Amard, est notre député à Villeurbanne. » Kheira est bien au fait de la relation entre les deux hommes politiques : elle s’est engagée aux côtés de l’insoumis Gabriel Amard lors des dernières élections législatives.
Continuer la lutte par l’interpellation des députés
Malgré le soleil et les bons résultats de la gauche dans le Rhône le 7 juillet dernier, l’ombre de l’extrême droite plane. Les électeurs du Rhône ont envoyé deux députés du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale. Maud Millier, secrétaire générale adjointe de la CGT 69, a bien conscience de la menace. Elle met en garde : « Si un travail collectif n’est pas fait en termes de progrès social, le RN n’aura qu’à se ramasser pour récupérer une République qui sera en miettes. »
Si plusieurs syndicats étaient sortis de leur réserve et avaient appelé à voter pour le NFP, ils comptent désormais sur la mobilisation pour continuer à faire barrage à l’extrême droite. « Ça ne suffira pas que le NFP parvienne à la représentativité politique. Il faudra un mouvement social. On s’entraîne aujourd’hui », plaisante François, syndiqué de la CGT spectacle. Concrètement, l’intersyndicale, « au niveau national ou départemental », précise Maud Millier, prévoit d’interpeller les députés durant l’été.

Deux types de députés seront ciblés : « ceux du NFP ou ceux qui ont composé le front républicain (LR et Ensemble) », selon la secrétaire générale adjointe de la CGT 69. Dans quel but ? « Ces interpellations visent à rappeler que l’intersyndicale a joué le jeu du front républicain, ce qui implique aussi pour les députés d’entendre les exigences du monde du travail. » Une fois l’été passé, une réunion intersyndicale de rentrée du Rhône est prévu le 4 septembre à l’UD CGT du Rhône.

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…