« On a gagné les quatre circonscriptions à Lyon. Ça n’était jamais arrivé, c’est historique ». Quelques minutes avant l’annonce des résultats officiels, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, se félicite. Négociateur au sein de l’union de la gauche pour les écologistes, ce spécialiste de la carte électorale est l’un des artisans de la victoire du Nouveau Front populaire ce dimanche 7 juillet au soir, avec 182 sièges.
« C’était ingagnable et on l’a fait »
Mais ce soir-là l’écologiste est loin d’être au centre de la lumière. Les quatre députés socialistes, écologistes et insoumis lyonnais savourent leur razzia dans la capitale des Gaules. Un petit exploit car peu de monde aurait parié sur la victoire de Sandrine Runel (PS) dans la 4e circonscription, face à la députée sortante Anne Brugnera (Renaissance). Historiquement, cette circonscription est un bastion de la droite, qui a envoyé six fois Raymond Barre, premier ministre de Jacques Chirac, à l’Assemblée nationale.
Contactée peu après son investiture, même la socialiste n’y croyait pas. Ce soir du 7 juillet, elle exulte. « C’était ingagnable et on l’a fait. C’est historique, c’est incroyable », s’enthousiasme Sandrine Runel, adjointe aux Solidarités au maire de Lyon, dans tous ses états.
Tenancière d’une ligne anti-Nupes en 2022, elle fait cette fois l’éloge du Nouveau Front populaire. « En quatre jours on a réussi à s’unir et à défier les pronostics. L’union fonctionne, c’est ce qu’on fait à Lyon depuis 4 ans. Demain on va tout changer », s’enthousiasme celle qui va devoir quitter son poste d’adjointe à la Ville de Lyon.
À Lyon, la gauche remporte les quatre circonscriptions aux législatives
Au bar le Volver (Lyon 3e), où s’organisait la soirée électorale du NFP, la socialiste prend Anaïs Belouassa-Cherifi dans ses bras, élue dans la 1ère circo, claque la bise à Boris Tavernier, victorieux dans la 2e, puis se fait entraîner dans un câlin collectif initié par Marie-Charlotte-Garin, députée sortante de la 3e circonscription réélue au 1er tour.
Tous ne partaient pas d’aussi loin que Sandrine Runel. Si rien n’était joué dans la 1ère circonscription, Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI) avait de bonnes chances de déloger le baron local Thomas Rudigoz (Renaissance), ancien maire du 5e arrondissement et ancien proche de Gérard Collomb. Ce qu’elle a fait. L’insoumise a profité d’une triangulaire et de la dynamique nationale de la gauche pour l’emporter sur ce territoire.
Pour Boris Tavernier (société civile/EELV), dans la 2e circo, la victoire ne faisait que peu de doutes. Il s’impose avec plus de 58% des voix, après avoir manqué de peu d’être élu au premier tour. Il succède au décrié Hubert Julien-Laferrière, empêtré dans une affaire de corruption, qui était devenu un boulet pour ses alliés écologistes à l’Assemblée et au local.
« On ne peut que constater que le NFP est en tête et que nous sommes la seule force en capacité de gouverner. Emmanuel Macron doit se préparer à une cohabitation », a réagi à chaud le maire de Lyon Grégory Doucet (EELV).
Les banlieues rouges du Rhône envoient un député de gauche en plus à l’Assemblée
L’ex majorité présidentielle est bien la grande perdante de ce second tour dans le Rhône. Après Thomas Rudigoz et Anne Brugnera, c’est Alexandre Vincendet (Horizons) qui va devoir laisser son siège dans la 7e circonscription. Dans ce territoire qui regroupe les deux Sathonay mais surtout Vaulx-en-Velin, Rillieux et Bron, c’est Abdelkader Lahmar qui l’emporte avec plus de 50% des voix dans une triangulaire. Allié de la France insoumise, il fait partie de l’Assemblée des quartiers populaires et est très implanté à Vaulx-en-Velin.
Il rejoint les deux autres députés sortants LFI déjà élus dans la banlieue rouge lyonnaise en 2022, Gabriel Amard (6e circonscription), qui s’en sort d’une courte tête face au dissident Jean-Paul Bret, et Idir Boumertit, élu face au Rassemblement national dans la 14e circonscription, celle de Vénissieux.
« La victoire est belle mais amère, je ne me réjouis pas de voir le nombre de députés RN augmenter », tempère toutefois Abdelkader Lahmar. Si la vague d’extrême droite n’est pas aussi élevée que prévue, le parti de Marine Le Pen va envoyer plus de 130 députés à l’Assemblée. Deux d’entre eux ont été élu dans Rhône : une première dans ce département depuis les législatives à la proportionnelle de 1986. De quoi ternir la liesse de la gauche ce dimanche soir.
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