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Pollution aux perfluorés : Daikin obligé de suspendre l’extension de ses activités

Ce jeudi 20 juin, le tribunal administratif de Lyon a donné raison aux opposants à l’extension de l’usine Daikin. Une décision qui pourrait faire date dans le scandale judiciaire de la pollution aux perfluorés.

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Arkema
Arkema

Dans la lutte contre la pollution aux perfluorés, il n’y a pas de petites victoires. Ce jeudi 20 juin, le tribunal administratif de Lyon a donné raison aux opposants au projet d’extension de l’usine Daikin, voisine d’Arkema, à Oullins-Pierre-Bénite. Il a suspendu l’arrêté préfectoral l’autorisant, indique France 3 Région.

Depuis le début du scandale, l’industriel japonais s’était fait plutôt discret, dans l’ombre de son voisin, le géant Arkema. Sans bruit, il avait lancé un projet qui prévoyait de continuer d’utiliser des PFAS jusqu’en 2027. En comparaison, Arkema avait été sommé par les services de l’État d’arrêter leur usage d’ici fin 2024.

En mars, nous montrions que cette discrétion ne l’exemptait pas de tous reproches, loin de là. Vigilant sur l’utilisation de ces substances, le groupe avait constaté une présence anormale d’acide perfluorohexanoïque (PFHxA) chez plusieurs salariés, rien qu’en 2018, selon nos informations. Selon France 3, le groupe surveillait cette pollution depuis… 2003. Bref, tout le monde savait, mais personne n’a réellement moufté. Une enquête suivie d’autres révélations de Médiacités et France 3 sur des dégagements importants de pollutions dans l’air de Daikin.

Arkema
Pollution aux perfluorés : l’industriel Daikin est situé sur la même plateforme que le géant Arkema.Photo : PL/Rue89Lyon

Perfluorés : une première décision contraignante pour Daikin

Ce travail journalistique et les recours déposés par les associations Bien vivre à Pierre-Bénite et Notre affaire à Tous, soutenus par le collectif PFAS contre terre, ont donc mis un frein à cette volonté d’extension. À noter que le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge (LR), s’était sur ce dossier opposé à l’État en prenant position contre l’arrêté d’autorisation.

Une demande qui lui avait été formulée par plusieurs collectifs, dont PFAS contre terre. Les collectifs avaient mis en avant le principe de précaution pour justifier leur demande déposée le 31 mai, en référé. Visiblement, l’argument a convaincu le tribunal.

« C’est une décision rare et courageuse. Le tribunal a estimé que cette extension était substantielle et nécessitait donc une étude d’impact, absente à ce jour. L’unité devrait normalement arrêter son activité dès aujourd’hui », a indiqué Sébastien Becue, à nos confrères du Progrès.

Reste que l’affaire n’est pas tout à fait close. L’industriel et l’État ont jusqu’à 15 jours pour faire appel de cette décision. Vu l’importance du dossier, cela est fort probable. Selon France 3, plusieurs scénarios sont ensuite envisageables : soit, l’appel est accepté, auquel cas Daikin pourra reprendre ses activités sous 18 mois, soit l’appel est rejeté et l’étude d’impact lancée.

L’entreprise devra alors attendre d’avoir le feu vert du préfet, une fois l’étude réalisée, pour relancer ses nouvelles activités. Cela peut prendre plusieurs mois voire plusieurs années.  


#Pollution aux perfluorés

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