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Un 1er-Mai agité à Lyon, porté par la mobilisation pour Gaza

Ils étaient 13 000 selon les syndicats, 6 500 selon la préfecture, à manifester à Lyon pour le 1er-Mai. Une bonne mobilisation soutenue par la présence de soutiens à Gaza. Émaillé de moments de tensions avec les forces de l’ordre, l’événement a été ponctué de nombreuses interpellations. Récit et photos.

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1er-Mai
13 000 personnes – 6500 selon la préfecture – ont manifesté ce 1er-Mai 2024.

Les manifestant·es ont évité la pluie, ce 1er-Mai. Cela ne les a pas empêchés d’être mouillés par les canons à eau pour beaucoup… En tout, ils étaient 13 000 à marcher – 6 500 selon la préfecture – pour la journée internationale des travailleurs. Un chiffre, certes, moins important que l’année dernière où 45 000 personnes s’étaient rassemblés, en plein mouvement contre la réforme des retraites, mais qui reste conséquent pour un 1er-Mai « classique ».

Retour à la tradition oblige, FO manifestait en effet hors cortège « chez les Canuts » à la Croix-Rousse, quand la CFDT se rassemblait du côté de la tête d’Or. Tous n’étaient donc pas là. À titre de comparaison, ils n’étaient pas plus de 5 000 en 2021 et de 6 000 en 2022 (chiffres syndicaux). Même en 2019, le chiffre était resté sous les 10 000. Un rendez-vous réussi, donc.

À Lyon, le soutien à Gaza porte le 1er-Mai

« Il y a un nombre impressionnant de soutiens à la Palestine », constate Jérôme Bastion de la CGT, satisfait de la mobilisation. Bien souvent, les cortèges de 1er-Mai sont marqués par la diversité des luttes qu’ils incarnent.

Dans celui-ci, outre les couleurs des syndicats, des libertaires, des représentants de la fonction publique, des politiques (socialistes, écologistes, insoumis, etc.), des profs… On retrouvait ainsi des soutiens de l’Ukraine, d’autres du « CHP », le parti kémaliste, opposant à Erdogan en Turquie… Mais les plus nombreux étaient ceux à soutenir Gaza.

« Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humain qu’on assassine ! » À l’arrière du cortège, une partie entière de défilé arborait les couleurs rouges, blanches, vertes et noires du drapeau palestinien. Côte à côte, une banderole « Résistance anti sioniste anticolonialiste » et une autre du Tsedek, un collectif juif anticolonial, affichaient un message simple : stop aux massacres en cours à Gaza.

Un mot d’ordre repris à l’avant du cortège, par le camion de la CGT. « Nous sommes au côté d’un peuple qu’on assassine », lâchait ainsi le speaker, applaudis par un bloc de tête acquis à la cause palestinienne, un peu moins à celle des syndicats.

Un 1er-Mai émaillé d’affrontements avec les forces de l’ordre

Mémorable, le 1er-Mai 2021 avait acté un divorce entre le bloc de tête et les syndicats à Lyon. Cette fois-ci, les relations sont restées stables, malgré quelques agacements côté services d’ordre de l’intersyndicale. Au niveau de la place Aristide-Briand, le speaker de la CGT a peiné à faire avancer le cortège malgré ses habituels appels au micro : « avancez ! avancez ! ». Ce croisement a été le lieu de premiers affrontements avec les forces de l’ordre, à la suite de l’attaque d’un Crédit Agricole.

Comme promis par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, les forces déployées étaient impressionnantes ce mercredi 1er mai. Aux jets de bouteilles en verres et de tirs de mortiers ont rapidement répondu les grenades lacrymogènes, le long du Cour Gambetta.

Par deux fois, les policiers ont coupé le cortège en deux, avant Saxe-Gambetta, puis au niveau de la place Gabriel-Péri, en laissant le service d’ordre syndical isolé du reste de la manifestation. « L’objectif était de couper le black bloc de la manifestation », assure-t-on côté préfecture.

« Les mégabassines, ça va servir à remplir les canons à eau maintenant »

Puis, le cortège a connu son classique moment de tensions à l’intersection avec la rue de la Barre (Lyon 2e). Longtemps lieu historique de passage des manifs lyonnaises, cette rue a été fermée en janvier 2020 pour « protéger » l’Hôtel-Dieu, ce nouveau « temple du capital construit sur les ruines d’un hôpital », pour reprendre les griefs des syndicats et des manifestants envers ce lieu.

Depuis, à chaque fois, ça frotte. Cette fois-ci, les forces de l’ordre ont répondu très rapidement au premier jet de pierre sur un camion. Le canon à eau a vite été déclenché, suivi de tirs de lacrymo. Le tout a généré un mouvement de cohue, assez important. Pendant un moment, les voitures du Quai Docteur-Gailleton ont été inondées par les gaz des forces de l’ordre, avant que la circulation ne soit coupée. « Les mégabassines, ça va servir à remplir les canons à eau maintenant », grince Ludwig, un habitué des manifestations lyonnaises.

22 interpellations, en amont et durant la manifestation

Pendant une trentaine de minutes, les échanges de tirs se sont poursuivis entre des membres du bloc et forces de l’ordre. Le gros du cortège est arrivé à Bellecour vers 13 h 30. À cette heure, la situation est redevenue calme. Enfin presque. À 14 h 30, alors que la place commençait à se vider, des CRS et des membres de la brigade anti-criminelle (Bac) ont relancé des lacrymo, ranimant les tensions pour un moment.

Objectif : interpeller, notamment, une personne ayant arraché le drapeau français de l’office de tourisme, assure les services de l’État. Ces derniers font état de 22 interpellations sur la journée. Plusieurs ont eu lieu en amont de la manifestation ou en tout début de cortège « pour des individus armés de bâton », indiquent-ils. Les autres raisons évoquées sont des jets de bouteilles, des tirs de mortiers et une dégradation du mobilier urbain. En fin de journée, la préfecture faisait état de deux blessés côté policier. Aucun chiffre n’était encore connu côté manifestants.


#1er mai

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