« Et voilà, le 7e a son château. » Bruno Bernard a le sourire aux lèvres, ce mardi 26 mars. Le président écologiste de la Métropole de Lyon est venu visiter le projet du château de la Motte aux côtés de la direction de Carré d’Or, le promoteur, et de celle du groupe Mess Family. Comme nous le révélions en janvier, ce groupe, connu pour ses restaurants luxueux et festifs dans les stations de ski, va exploiter le site.
À écouter les discours ce mardi, l’affaire semble avoir roulé tranquillement. Il n’en a pas toujours été ainsi. Depuis la reprise du dossier en 2016, le promoteur Carré d’Or a connu bien des difficultés à développer le projet.
Rembobinons rapidement. Au commencement, sur la ligne de départ, on retrouve l’opérateur culturel parisien la Belleviloise pour exploiter le site. Celui-ci a lâché l’affaire en cours de route, alors qu’un premier permis de construire avait été déposé en mai 2018.
En 2019, le groupe E-Hotels prend la suite. Mais l’exploitant prend également la poudre d’escampette. En 2020, Carré d’Or se retrouve dans les choux une nouvelle fois avec une crise sanitaire sur les bras. Personne ne veut reprendre un projet de cette envergure alors que toute la restauration est à l’arrêt.
Après le confinement, un dernier incident vient ralentir le chantier. Une nuit de mai 2022, une partie de la toiture du château s’envole lors d’un orage. Le projet de réhabilitation perd encore 18 mois. Les travaux de sécurisation prennent un certain temps, du fait des échanges avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Puis, des échanges ont lieu entre la collectivité et Carré d’Or pour financer ces travaux.
Au Parc Blandan, le luxe pour sauver le château de la Motte
Bref… Ce mardi, les sourires affichés ressemblaient plus à du soulagement. Il faut dire que le château de la Motte, daté du XVe siècle commençait à se dégrader dangereusement. Pourtant, ce projet un peu « bling-bling » n’a pas toujours fait l’unanimité autour de ce parc populaire du 7e arrondissement.
Si Carré d’Or valorise un « programme qui s’adapte au patrimoine existant, et non l’inverse », il n’en reste pas moins que le tout est destiné à du tourisme de luxe, loin du quotidien des habitants du quartier. Côté Ville, on met en avant que des négociations ont été faites avec l’exploitant pour que le château, au moins, reste ouvert.
Une chose qui sera faite, indique Magaux Gravier-Montel, directrice générale de Mess Family. « C’est important pour nous d’avoir une offre très large qui puisse s’adresser à tous les visiteurs », note-t-elle, évoquant « différentes gammes de prix » avec une buvette dans le jardin du château, ouvert sur le parc. « On aime beaucoup mélanger et fédérer », rajoute la directrice, en évoquant son projet montagnard phare « la Folie douce ». Ce concept est développé dans les stations de Chamonix, de l’Alpe-d’Huez ou encore de Saint-Gervais… À voir ce que cela donnera à Lyon.
En tout cas, en passant par le privé, le publique fait de sacré économies. Entre le château, le magasin d’armes, qui va être transformé en hôtel de luxe, et l’abri, un nouveau bâtiment qui comptera une centaine de chambres, une brasserie, des salles de réunions, 35 millions d’euros vont être investis par l’exploitant Mess Family, BPI France et la Banque des territoires.
« Hors-taxe », prend soin de préciser Alain Dutoit, président de Carré d’Or, tant les sommes sont importantes. Via un bail à construction, la Métropole reste propriétaire du terrain. Le loyer à verser à la collectivité s’élève à 30 000 euros par an.
Or, la collectivité a déjà engagé des fonds pour le parc Blandan. Rien qu’entre 2007 et 2017, la Métropole de Lyon a investi 58 millions d’euros pour l’achat et la réhabilitation de la caserne Blandan. Et les projets ne sont pas terminés.
Des écuries et la caserne du commandement ne connaissent pas encore leur futur dans le deuxième parc (en taille) de la métropole. Côté château, la fin du chantier est prévue pour 2027.
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