Après quatre ans d’absence, le festival de black metal national-socialiste (NSBM) « Call of terror », est de retour dans la région. Les quatre premières éditions s’étaient tenues dans l’Ain, le Rhône ou à la frontière de l’Isère et la Savoie. Cette fois encore, le lieu exact n’est pas connu, mais le festival devrait se tenir entre Lyon et Genève.
Suite à nos révélations sur la tenue de ce festival, confirmant une information de Liberation et Mediapart, la préfecture du Rhône a pris un arrêté d’interdiction pour empêcher le concert de se tenir sur son territoire. Difficile de savoir si les services de l’État pourront le faire respecter. Il faudrait pour ça qu’ils connaissent le lieu précis où le concert est organisé. D’autres préfectures de la région devraient prendre le même type d’arrêtés.
Lors des éditions précédentes, l’évènement avait réuni jusqu’à 400 personnes, dans des salles privées ou municipales louées sous de faux prétextes.
Un festival de promotion de la musique néonazie
En tête d’affiche du festival, on retrouve Graveland. Créé en 1991, le groupe polonais est très populaire dans la scène NSBM. Ses morceaux font majoritairement référence à la mythologie germanique. Son fondateur, Rob « Darken » Fudali, a fait part de sa proximité avec l’extrême droite néonazie dans plusieurs interviews du début des années 2000, notamment auprès du magazine de metal états-unien Decibel en 2006.
Le groupe était présent en 2016 dans la région lyonnaise, à l’affiche du festival Ragnard Rock, à Simandre-sur-Suran, dans l’Ain. Un lecteur de Rue89Lyon, présent au festival, témoignait des saluts nazis aperçus durant leur passage sur scène : « les cas de mains levées durant sont bien réels, j’en ai compté plus d’une trentaine. Ce n’était pas un cas isolé, c’était plusieurs rangées de festivaliers ».
Ils auront à leur côté deux noms de la scène NSBM : les polonais Kataxu et le groupe italien SPQR. Leur nom vient de la devise romaine « Senatus populusque Romanus », qui signifie « Le Sénat et le peuple romain ». Loin d’être une référence à la démocratie antique, le sigle est plutôt emprunté au régime fasciste de Benito Mussolini, qui en avait fait un de ses slogans. Dernier sur l’affiche, le groupe Leibwächter – inconnu mais dont le nom pourrait être un alias -. « Le nom du groupe fait clairement référence au nom de la division SS chargée de la garde rapprochée d’Adolf Hitler », rappelle la préfecture du Rhône dans un communiqué.
« Eu égard à l’identité des groupes, la communication et l’organisation déployées, ce festival est susceptible de donner lieu à des propos incitant à la haine raciale et à la violence à l’encontre de certains groupes de personnes, en particulier à l’encontre des juifs », justifie la préfecture dans son arrêté d’interdiction.
Un précédent concert néonazi interdit par la préfecture du Rhône
En novembre 2023, la préfecture avait déjà pris un arrêté similaire concernant un concert de RAC (Rock anti-communiste), prévu en région lyonnaise. L’organisateur, Renaud Mannheim, est une figure connue de l’extrême droite lyonnaise et l’un des fondateurs de la section locale de Blood and Honor, une organisation dissoute en 2019. Cette dernière organisait des concerts de rock néonazi mais aussi des combats de free-fight dans la région.
Auprès de Rue89Lyon et Mediapart, Renaud Mannheim se défendait d’être néonazi, et se présentait comme un zemmouriste, anti-wokiste et pro-israélien. « Quand j’étais Gone [jeune, ndlr], je tendais le bras bêtement [pour faire un salut nazi, ndlr]. Je provoquais. Aujourd’hui je me rends compte que c’était de la connerie. Je n’adhère pas au nazisme », tentait-il d’expliquer, tout en reconnaissant avoir un public « ultra-nationaliste », voire « nazi ».
Malgré plusieurs arrêtés d’interdiction et la présence de gendarmes, le concert s’était tout de même tenu dans un restaurant privatisé de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
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