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« Les parents ne sont souvent pas au courant de ce qui se trame dans les annonces du gouvernement. On utilise nos enfants pour tester des réformes absurdes qui, on le sait, ne fonctionnent pas. Alors aujourd’hui, on se mobilise aussi », lâche Sarah devant le portail du collège Paul Eluard à Vénissieux. Comme d’autres parents d’élèves, elle s’est levée à l’aube pour rejoindre le rassemblement en soutien à la grève des professeur.es et des personnels éducatifs de cet établissement. Selon les organisateur.trices, le taux de grévistes aurait atteint les 90% à Paul Eluard.
Professeur.es, AED, parents et élèves… ils étaient une centaine ce mardi 13 février à protester unitairement contre la réforme de l’Éducation nationale. Dans le sillage des récentes mobilisations intersyndicales, les revendications sont (presque) les mêmes. Ils et elles demandent de meilleures conditions de travail et s’opposent aux « groupes de niveaux ». En décembre 2023, Gabriel Attal, Premier ministre, avait annoncé leur mise en place en français et en mathématiques au collège. Dans leur ligne de mire également : les deux classes qui pourraient fermer dès la rentrée 2024 dans cet établissement classé REP+ (Réseau d’éducation prioritaire).
Des parents d’élèves inquiets par la fermeture de classes dans les établissements d’éducation prioritaire
Cette mesure inquiète particulièrement Sonia, mère d’une élève de 6ème. « En REP+, on est censés avoir plus de budget, alors pourquoi nous ? Ça veut dire que les enfants seront 30 dans une classe. Il n’y aura pas assez de moyens c’est sûr », s’indigne t-elle. À ses cotés, cinq autres femmes acquiescent de la tête et prennent part à la conversation.
« On a peur pour nos enfants », soupire Sihame, l’une des mamans présentes dans l’assemblée. C’est la première fois qu’elle se mobilise avec les professeur.es du collège. « Quand on appris que les enseignants se mettaient en grève, on a décidé d’aller tracter dans les écoles alentours et de prévenir les autres parents. Maintenant, on sera là à chaque rassemblement », reprend-t-elle, en jetant un œil en direction des collégien.es. Eux, profitent de cet avant-goût de vacances.
Entre classes saturées et moyens humains insuffisants, ce sont des élèves aux situations sociales déjà difficiles qui se retrouveront pénalisés. « J’ai l’impression qu’on n’est plus là pour aider les élèves. On nous parle d’inclure des élèves en situation de handicap ou des élèves à besoins éducatifs particuliers mais on n’a pas les moyens humains de le faire », dénonce Aïcha, professeure documentaliste. En poste depuis 12 ans à Paul Éluard, elle ne souhaite en aucun cas quitter l’éducation prioritaire. « J’adore mon métier et j’ai choisi de travailler en REP, c’est pour ça que je suis là », soutient-elle.
Surveillante à Vénissieux : « C’est un métier vraiment précaire donc il y a beaucoup de turn-over »
Croissant à la main, café dans l’autre, l’ambiance est conviviale sur le rassemblement. Tous semblent se connaître et s’échangent des nouvelles, au-delà des revendications militantes. Autour d’une conversation, Émilie, assistante d’éducation (AED) depuis un an au collège, témoigne du manque de reconnaissance de sa profession, d’autant plus importante en REP+. Elle raconte :
« On est souvent livrés à nous-mêmes. Quand les professeurs ne sont pas remplacés, c’est nous qui assurons les permanences et les devoirs faits. C’est un métier vraiment précaire donc il y a beaucoup de turn-over. On nous demande d’être en même temps surveillants, d’être AESH, de former les nouveaux et ça ce n’est pas concevable sans une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail »
Ce même jour, plusieurs mobilisations étaient organisées dans des collèges REP +, notamment au collège Casarès (Rillieux-la-Pape) où les parents d’élèves se sont aussi rassemblés en soutien aux grévistes. Ce même établissement organise une journée « collège mort », mercredi 14 février, avant un rassemblement appelée par l’intersyndicale le jeudi, au collège Georges-Brassens, à Décines-Charpieu.
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