Que va devenir la mobilisation des agriculteurs du Rhône ? Le Premier ministre Gabriel Attal a fait plusieurs annonces, dont l’abandon de la taxe progressive sur le gazole non routier ce vendredi 26 janvier soir. C’était une des revendications des agriculteurs, aux côtés de la demande d’une rémunération juste, le paiement des aides de la Politique agricole commune (PAC) et l’allègement de certaines normes environnementales.
Difficile de savoir si ces annonces permettront de faire retomber la colère des agriculteurs. Depuis le début de la semaine, dans le Rhône, ces derniers bloquent plusieurs autoroutes autour de Lyon et semblaient déterminer à faire durer la mobilisation. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat majoritaire de la profession, a appelé à poursuivre le mouvement, vendredi 26 janvier, à 20h. Néanmoins, dans le même temps, la préfecture a annoncé que les manifestants quittaient les points de blocage de la M6 et de l’A 42 autour de Lyon.
Plus tôt dans la journée, la FNSEA organisait son congrès au beau milieu de la voie métropolitaine M6, bloquée par des tracteurs et vidée de voiture. Ils y ont reçu la surprenante visite de la préfète du Rhône, malgré l’illégalité de l’action.
Une mobilisation d’agriculteurs débutée depuis le 23 janvier autour de Lyon
Les actions avaient déjà débuté dans la région avec le blocage, mardi 23 janvier, de l’autoroute A7 en Isère et dans la Drôme. Comme l’indique FranceInfo, environ 25 agriculteurs ont passé la nuit de mardi à mercredi sur cette autoroute, pour l’heure, toujours bloquée.
Mercredi 24 janvier, à l’initiative de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes agriculteurs du Rhône, les agriculteurs de la métropole se sont mobilisés dès 14 h pour deux blocages. L’un à La Tour de Salvagny, pour bloquer l’autoroute A6 à hauteur de Limonest, au nord de Lyon, un autre à Beauvallon pour bloquer Givors au sud de Lyon. À ce moment précis, selon les témoignages recueillis par le Progrès, certains se disaient « prêts à rester jusqu’à demain midi ».
Chose dite, chose faite. Pour entamer leur deuxième journée d’action dans le Rhône, jeudi 25 janvier, les agriculteurs avaient passé la nuit à bloquer l’A6 au niveau de Limonest et l’A47 à Givors. Dans la matinée, les agriculteurs de l’Ain sont venus prêter main forte aux protestations lyonnaises.
Toujours à l’initiative de la FDSEA de l’Ain et des Jeunes agriculteurs, près de 200 personnes équipées d’une cinquantaine de tracteurs se sont mobilisées pour faire barrage sur l’autoroute A42 et bloquer l’accès à Lyon depuis Vaulx-en-Velin. Les syndicats ont annoncé que l’opération “blocage” devrait durer jusqu’à vendredi soir. Idem sur la M6, où la FDSEA a décidé de poursuivre son action. Le barrage de l’A47 à hauteur de Givors a été quant à lui levé aux alentours de 14H30 jeudi.
« C’est important d’être là. On marche vraiment sur la tête, c’est notre slogan. Il faut que les prix se maintiennent. On ne sait jamais si on sera bien payé ou pas. Dans ces conditions, il n’y a pas de tranquillité d’esprit », a témoigné Aymeric Melinand, viticulteur de 28 ans, auprès de nos confrères du Progrès
Agriculteurs à Lyon : un mouvement qui devrait durer
Déjà, le mercredi 24 janvier, la préfecture prévoyait que « les perturbations devraient s’accentuer ces prochains jours avec des opérations «escargots » et des blocages supplémentaires ». Jeudi 25 et vendredi 26 janvier, elle par ailleurs invité à nouveau les automobilistes à différer « tout déplacement non indispensable » rappelant que la circulation était coupée sur une partie de l’autoroute A42 et sur la route métropolitaine M6.
Vendredi 26 janvier à la mi-journée, la circulation était encore coupée sur l’autoroute A7 entre Chanas et le sud, sur l’autoroute A42 entre le noeud 142/N346/A46N et le périphérique de Lyon et sur la voie métropolitaine M6 après la jonction avec l’autoroute A89, à hauteur de la sortie 34 (vers Dardilly).
« Les agriculteurs demandent d’être considérés avec toute la dignité qu’ils méritent. Ils veulent simplement vivre de leur métier: celui de nourrir leurs concitoyens », indique la FNSEA dans un communiqué.
Fin 2023, les agriculteurs avaient déjà exprimé leur mécontentement à travers une action qui était, jusqu’ici, plutôt symbolique. Ils avaient retourné les panneaux de nombreuses communes. Depuis, la colère est montée d’un cran.
Coté FNSEA, syndicat majoritaire chez les agriculteurs, les revendications sont multiples. Ils demandent : une juste rémunération, la fin de nombreuses taxes, plus de reconnaissance du métier d’agriculteur et un arrêt de certaines normes environnementales trop contraignantes, selon eux. Mercredi 24 janvier, le syndicat a envoyé au gouvernement une liste de 24 revendications parmi lesquelles figurent: le « paiement de toutes les aides PAC (politique agricole commune européenne) » ou encore le « rejet d’Ecophyto », le plan gouvernemental qui vise à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030. Le Premier ministre y a répondu en partie.
Un soutien mais des désaccords, côté confédération paysanne
Opposé politiquement à la FDSEA, le syndicat paysan la Confédération paysanne Auvergne Rhône-Alpes affiche sa solidarité avec le mouvement, pointant un « malaise agricole » palpable depuis trop longtemps. Dans un communiqué, elle met cependant l’accent sur des désaccords profonds en particulier sur la « suppression des normes » en matière de protection de l’environnement demandé par la FDSEA.
Le syndicat se positionne aussi contre la mise en place « d’un revenu complémentaire issu de la production d’énergies », voulue par la FNSEA. Selon elle, les « effets pervers » du développement de cette activité sur les terres agricoles sont nombreux.
« Nous sommes les premières victimes du dérèglement climatique, nous devons donc arrêter de faire l’autruche et nous réapproprier les questions environnementales », marque la confédération paysanne. Jeudi 25 janvier, une quarantaine d’agriculteurs issus de ce syndicat se sont réunis dans un champ de Saint-Laurent-d’Agny pour une action symbolique. Pas de blocages, ni de barrages, c’est à l’aide de banderoles et de panneaux qu’ils ont partagés « la colère des paysans ».
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