Montrer l’exemple pour inspirer l’État ? Mardi 19 décembre, la Ville de Lyon a annoncé l’ouverture de places en hôtel pour 94 personnes, dont 56 enfants à la rue. Alors que les températures ont joué avec le 0° ces derniers jours, la municipalité propose une solution pour une (petite) partie des familles vivant sans toit dans la Ville. Hébergées jusqu’à aujourd’hui dans des écoles, elles ne pourront plus y rester à partir de vendredi, date du début des vacances scolaires.
Après avoir mis à disposition un gymnase l’année dernière, la Ville remet en avant son engagement pour atteindre l’objectif « Zéro enfant à la rue ». Depuis l’hiver 2021, elle mobilise son patrimoine. L’ancien commissariat du 7e, huit logements de la Ville, l’Ehpad Villette d’Or et ses 140 places… En tout, elle assure mobiliser 350 places d’hébergement, mises à disposition de l’État ou bien payées de sa poche. Selon le Figaro, ce dernier investissement lui coûtera près de 40 000 euros.
Sans-abri : l’éternel aller-retour entre la Ville de Lyon et l’État
Le maire de Lyon enverra-t-il la facture à la préfecture ? Depuis un an, la collectivité s’est engagée dans un véritable bras de fer avec l’État, en charge de l’hébergement d’urgence (en théorie). De façon larvée d’abord, puis publiquement. En fin d’année dernière, la Ville avait tenté de pousser l’État à prendre ses responsabilités, sans succès, en menaçant de fermer un gymnase qu’elle avait ouvert. Cet automne, elle a officiellement attaqué en justice l’État, avec les villes de Paris, Rennes, Bordeaux, Grenoble et Strasbourg, pour le sous-dimensionnement de son aide aux sans-abri.
En faisant ce geste, elle remet en avant les manques de l’État face à une crise du logement qui ne cesse de se creuser. Depuis la crise sanitaire, les difficultés d’un système d’hébergement d’urgence archi saturé se font sentir fortement dans la métropole de Lyon. Les relations des élus avec la nouvelle préfète du Rhône Fabienne Buccio, qui semble inflexible, ne semblent pas s’améliorer.
Des enfants sans-abri à Lyon… ne peuvent pas rester hébergés à l’école
Ceci étant, ces ouvertures de places restent, elles aussi, largement insuffisantes. Selon le collectif Jamais sans toit, avant les annonces de la Ville, 176 enfants vivaient sans hébergement dans la seule ville de Lyon. Mathématiquement, il restera donc plus de 100 enfants sans solution pour les vacances.
Les derniers arrivés, ceux de l’école Michel-Servet (Lyon 1er), sont dans ce cas. Ces familles de Rroms, qui comptent des enfants scolarisés à l’école, ont perdu leurs cabanes de fortune lors des crues du Rhône, comme nous vous le racontions. Elles ont énormément souffert du froid couplé à l’humidité des lieux. Or, non seulement ces dernières n’ont pas de solution, mais la mairie du 1er s’oppose à leur accueil dans l’école, selon le collectif Jamais sans toit. « On est en colère, lâche Raphaël Vulliez, membre historique de Jamais sans toit. On dirait qu’ils font un tri dans la misère. »
Cette école a déjà été occupée à mainte reprises notamment sous la mandature de Gérard Collomb. Cette demande de la Ville, pour des raisons de sécurité, n’est pas comprise par le militant. Le collectif va se substituer aux collectivités pour leur payer 18 nuits d’hôtel. Coût de l’opération : 3000 euros. Une cagnotte a été lancée pour permettre cet accueil.
Du sans-abrisme au menu du conseil municipal
Autant dire que l’objectif Zéro enfant à la rue, fixé par la Ville en début de mandat, ressemble de plus en plus à un rêve inatteignable. La collectivité pourra cependant faire valoir ses efforts, lors du conseil municipal du jeudi 21 décembre. Au programme : plusieurs délibérations pour prolonger les occupations temporaires de bâtiments de la Ville.
Celles-ci concernent des appartements rue Servant, au profit du Foyer Notre-Dame des sans-abri, et d’autres Rue Buyer, à la suite d’une demande de la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) du Rhône. Une manière de montrer, à nouveau, sa bonne foi auprès des services de l’État.
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