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France inter diffuse un reportage sur l’extrême droite à Lyon… sans parler de sa violence

Dans un reportage diffusé mardi 19 décembre dans la matinale, France inter a accompagné le groupuscule d’extrême droite Lyon Populaire au cours d’une maraude… sans mentionner les nombreux actes de violence de certains de ses membres, en particulier de son leader, interviewé, Eliot Bertin.

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Reportage de France Inter sur Lyon populaire, diffusé le 19 décembre. ©Capture d'écran
Reportage de France Inter sur Lyon populaire, diffusé le 19 décembre.

Mais que s’est-il passé à France Inter ? Dans un long reportage de quatre minutes diffusé ce mardi 19 décembre dans la matinale (et ses 4,7 millions d’auditeurs), la radio publique nationale a tendu le micro à une quinzaine de membres du groupuscule d’extrême droite Lyon populaire. Le reportage se concentre sur la mobilisation des groupuscules d’extrême droite radicale en France suite à la mort de Thomas à Crépol, et leurs « espoirs » de faire grossir leurs rangs.

La journaliste suit alors le mouvement Lyon Populaire au cours d’une maraude « de Noël » qui s’est tenue dimanche 17 décembre dans le Vieux-Lyon (l’un des fiefs de l’extrême droite à Lyon). Plusieurs « maraudeurs » y développent leurs opinions racistes. Marguerite, 20 ans, soutient : « Il y a le problème de l’immigration, celui de l’inflation, le problème identitaire, un souci écologique. Tout cela fait qu’on ne se reconnaît plus en tant que peuple français ». Baptiste en rajoute une couche : « Trop peu font le lien entre l’immigration et l’insécurité qui les touche ».

Des violences d’extrême droite survolées par France Inter

Celui que l’on entend le plus au micro est un certain Eliot Bertin. Leader de Lyon populaire, il gravite depuis de nombreuses années dans l’extrême droite radicale et violente à Lyon. Interrogé par France Inter, il n’occulte pas cette violence, mais elle est présentée comme de « l’autodéfense » et non comme « une violence aveugle et gratuite ». Avec près de cinq minutes de reportage, Lyon Populaire s’offre un beau coup de com’ en présentant sa facette la plus « acceptable » auprès des auditeurs de la matinale.

Certes, la radio tempère a minima les propos des nationalistes disant qu’« aucune étude ne précise ce lien [entre immigration et insécurité] » puis mentionne la présence d’un militant de Lyon Populaire à la descente raciste dans la quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, le 25 novembre dernier. « À titre individuel, précise Eliot Bertin », rapporte encore France Inter. Mais les nombreuses actions violentes dans lesquelles sont impliquées des membres du groupuscule et plus particulièrement son leader à Lyon, elles, ne seront pas mentionnées.

Eliot Bertin, un des leaders violents de l’extrême droite lyonnaise

Pourtant, il y avait le choix. Eliot Bertin a d’abord milité au sein du Bastion social jusqu’à sa dissolution en 2018. C’est à leurs côtés qu’en avril 2018, il est interpellé à la suite d’une charge de l’extrême droite sur des militants antifascistes, à la sortie d’un concert de rock. Dans cette affaire, il ne sera finalement pas inculpé mais seulement placé sous le statut de témoin assisté.

C’est sur les cendres du Bastion social que naît Lyon populaire. Et c’est sous cette bannière que Eliot Bertin continue de se mobiliser… et de faire le coup de poing. Il est repéré par Rue89Lyon en 2021, rue Mercière, participant à une attaque aussi gratuite que violente à l’occasion du match France-Suisse durant l’Euro de football. À ses côtés, on retrouve Adrien R. dit Adrien Lasalle, ex-cadre de l’association dissoute Génération identitaire. Contacté, Eliot Bertin, n’avait pas donné suite. Quant à Adrien Lasalle, également contacté, il n’avait pas répondu. Ce dernier a été condamné en 2022 à 18 mois de prison dont six mois avec sursis pour avoir donné deux coups de couteau lors d’une autre agression.

Capture d’écran de la vidéo de revendication des violences rue Mercière sur le canal Telegram « Ouest Casual »

En 2022, on retrouve Eliot Bertin participant à une attaque sur des militants antifascistes qui manifestaient contre l’extrême droite, à Clermont-Ferrand cette fois-ci. À ses côtés : deux autres membres de Lyon populaire et le groupuscule Clermont Nationaliste. Plusieurs vidéos montrent la bande rouer de coups plusieurs militants antifascistes. Le matin même, Lyon Populaire organisait une collecte pour l’Ukraine et en avait fait la promotion sur ses réseaux sociaux. Illustration parfaite des deux facettes du groupuscule, et de celle qu’il choisit de montrer au public.

Pour continuer la chronologie, en 2023, une manifestation organisée en mémoire de Steve Maia Caniço – mort lors d’une charge de police durant une fête de la musique – est attaquée par Eliot Bertin et d’autres militants d’extrême droite radicale. En polo bleu ciel et short, le leader de Lyon populaire apparaît à visage découvert sur des vidéos de l’affrontement publiées sur les réseaux sociaux. Contacté, Lyon Populaire affirmait à Rue89Lyon n’avoir organisé « ni embuscade ni action ce soir-là », et n’avait pas souhaité faire de commentaire concernant la présence d’Eliot Bertin.

Le 21 juin 2022, des militants d'extrême droite ont attaqué le "fête de la musique populaire", dans le centre-ville de Lyon. Captures d'écran d'une vidéo de l'affrontement.
Le 21 juin 2022, des militants d’extrême droite ont attaqué le « fête de la musique populaire », dans le centre-ville de Lyon. Captures d’écran d’une vidéo de l’affrontement.

L’ombre de Lyon populaire derrière l’attaque d’une conférence sur la Palestine à Lyon

Plus récemment, une attaque menée dans le Vieux-Lyon (Lyon 5e) a été grandement médiatisée. Le 11 novembre dernier entre quarante et cinquante hommes encagoulés ont attaqué une conférence organisée à la Maison des passages, donnée par un médecin officiant à Gaza. Cette agression a fait trois blessés graves. L’une des victimes s’est vu prescrire 45 jours d’ITT.

Si l’attaque a été revendiquée par un groupe informel, le Guignol Squad, un nom utilisé depuis 2021 pour revendiquer diverses actions de l’extrême droite radicale lyonnaise, Rue89Lyon a pu mettre en évidence que l’individu interpellé à l’issue de l’agression (actuellement en détention provisoire) graviterait dans les sphères de Lyon populaire. Bien loin de l’ »autodéfense » proclamée dans le reportage de France inter.

Contactée, la journaliste autrice du reportage n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations. La rédaction de France inter n’avait pas répondu à notre demande d’interview à l’heure de publication de cet article.


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