« Il n’y a plus rien d’autre à faire »
La phrase est dite avec une hésitation… Puis avec sûreté par Marie Lestic : « On va rouvrir l’Ambuscade, il ne nous reste que ça. »
Depuis huit mois, la présidente de l’association Musical social Club, qui gère le lieu l’Ambuscade, lutte pour rouvrir un lieu de la vie culturelle techno des Pentes de la Croix-Rousse, fermé par la mairie.
Rembobinons. Dans la nuit du 25 au 26 février 2023, plusieurs descentes de police ont lieu dans trois établissements de la rue Imbert-Colomès et de la rue Chappet (Lyon 1er). Ces dernières interviennent après une demande la mairie du 1er arrondissement, à la suite de signalements par le voisinage de nuisances sonores. Après celles-ci, deux hauts lieux de la vie culturelle alternative lyonnaise sont fermés par la mairie : les Valseuses et son complément de nuit, l’Ambuscade.
Le lieu n’a pas été fermé pour tapage, mais pour « non-respect des règles de sécurité. » « La même histoire qu’avec les Valseuses », commente la gérante.
L’Ambuscade : un dossier proche des Valseuses… Sans rouverture
À l’origine, le litige initial portait sur le statut de l’établissement. Après la descente de policiers, les services l’avaient classé en type L (salle de concert, salle réservée aux associations) et en « catégorie 4 » au lieu d’une « catégorie 5 ». Autrement dit : il devait respecter les règles de sécurité d’un cabaret concert et non d’un bar. Ce qui l’obligeait à d’autres investissements en termes de sécurité.
En gros : il y avait « un désaccord entre les gérants et l’administration sur le classement de l’établissement », reprend la Ville, dans une réponse adressée à Rue89Lyon. Des travaux étaient aussi à réaliser. Côté Ambuscade, on évoquait l’absence d’un extincteur, une alarme manquante et « des multi-prises ». Depuis, l’équipe assure avoir installé l’extincteur et l’alarme.
Dans une réponse écrite transmise à Rue89Lyon, la Ville indique :
« Concernant l’Ambuscade, suite à la notification de fermeture de mars 2023, nous avons dès cette date demandé à la gérance de nous contacter afin de produire les documents demandés. La gérante ne s’est pas manifestée avant le mois d’août 2023. »
Une « autorisation de travaux » sans travaux ? Ville et Ambuscade se renvoient la balle
Sur ce point, les récits divergent. Selon l’équipe de l’Ambuscade, des documents auraient été envoyés en juillet attestant des travaux réalisés. « On est fermé alors qu’on est aux normes ! », assure Marie Lestic. Selon elle, la mairie leur demande d’ouvrir un dossier pour une « autorisation de travaux ». Sauf que… L’établissement n’aurait aucun chantier à mener. En gros, il leur est demandé un document vierge « pour les connaître. »
Dans sa communication faite à Rue89Lyon, la Ville indique sur ce fameux document :
« [L’autorisation de travaux] concerne tous les établissements, c’est une demande à l’autorité administrative qui sert dans ce cas à déclarer un établissement inconnu de l’administration. »
Pourquoi passer par un tel imbroglio administratif « pour se faire connaître »? La réponse fait grincer Marie Lestic. La présidente de l’association sait que le dossier mettra encore du temps à être instruit. Selon elle, il serait au moins question de quatre mois d’attente si le dossier est déposé. Or, pendant ce temps-là, le loyer court toujours. Compte tenu de la taille de la structure et de sa trésorerie, il sera alors déjà trop tard. En gros : l’association n’a pas le temps de déposer un dossier… Pour rien.
Elle décrit une situation inextricable avec une fermeture administrative qui empêche toute cession de bail. À une heure où elle aimerait passer le flambeau, Marie Lestic est bloquée. Bref, l’équipe doit continuer à payer le loyer d’un lieu qui ne peut rouvrir.
Pour cette raison, la présidente de l’association en appelle à la « désobéissance » civile. Elle note que ces mots avaient été prononcés par l’adjoint en charge de la sécurité à la Ville de Lyon, Mohammed Chihi (EELV) lui-même, après les émeutes de juin. De la même façon, l’équipe se dit prête à désobéir, si rien ne bouge.
Pas certain que ce dernier apprécie réellement. Contacté, l’élu n’a pas donné suite à nos sollicitations. De même, comme pour notre article concernant les Valseuses, nous ne sommes pas parvenu à joindre Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun), en charge de la culture à la Ville de Lyon.
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