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L’article a été mis à jour le 19 octobre à 19h05 : à la suite d’un communiqué de la région.
Des personnes ont-elles été payées par la Région Auvergne Rhône-Alpes sans travailler pour elle ? C’est du moins, ce qui ressort d’une enquête publiée par nos confrères de France Info, ce jeudi 19 octobre.
La cellule d’investigation de Radio France s’est intéressée à quatre salariés du conseil régional. Parmi eux, le cas de Nawel G pose particulièrement question. Selon les informations de la chaîne publique, les services administratifs de la collectivité se sont étonnés en avril dernier, auprès du président Laurent Wauquiez (LR), de l’existence de ce poste qui « ne figurait dans aucun organigramme » et dont le contenu n’était pas connu des équipes. Celui-ci a pourtant été maintenu par le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR). Avec un salaire mensuel net de 5000 euros par mois, Nawel G travaillait depuis Paris, où elle dirigeait une agence de conseil, dans un bureau loué par la Région plus de 12 000 euros par an. Toujours selon France Info, elle semble avoir été depuis peu démise de ses fonctions à la Région.
Des emplois fantômes pour que Laurent Wauquiez prépare Paris ?
Trois autres cas posent question, selon France Info. Tous les trois sont conseillers au sein du cabinet de Laurent Wauquiez, qui compte au total 16 collaborateurs. Parmi eux : un certain Arnaud B dont la rémunération mensuelle se situerait aux alentours de 10 000 euros brut mensuels, selon une source interne. Arnaud B. dispose d’un bureau attitré, le 5-040, au 5e étage de l’hôtel de région à Lyon. Mais, selon les éléments de l’enquête, il travaillerait en réalité à Paris et ne gérerait pas de sujets « locaux ». En tout cas, il serait presque inconnu à Lyon.
À côté de ses bureaux, à Paris, une autre collaboratrice de Laurent Wauquiez travaillerait avec lui. Cette dernière ne mentionnerait même pas son poste à la Région sur Linked In. Elle est pourtant bien rémunérée par la collectivité.
« Vous vous servez de la Région comme marchepied de votre ambition national avec des moyens qui ne sont pas les vôtres », l’a accusé Fabienne Grébert (EELV), présidente du groupe écologiste au Conseil régional, en pleine séance plénière du Conseil régional.
Une affaire un an après les dîners des sommets
Un an tout juste après les révélations de Médiapart sur les dîners des sommets, organisés par Laurent Wauquiez, cette enquête pose (une nouvelle fois) des questions sur la forte présence du président de la Région Auvergne Rhône-Alpes à Paris. Selon son agenda du printemps 2023, qu’a pu consulter la cellule d’investigation de Radio France, le patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes séjourne chez lui (en région) un à deux jours par semaine, au maximum trois. Une chose plutôt pratique pour préparer une campagne présidentielle, moins pour choyer l’électorat du Puy-de-Dôme.
Emplois fantômes : la Région réplique en attaquant un ancien directeur
Par l’intermédiaire du service presse de la Région, Laurent Wauquiez a réagi à ces révélations avec fermeté. « La présentation des faits relèvent d’une grande malhonnêteté intellectuelle (…) la Région a besoin d’une représentation à Paris », s’est défendue la collectivité dans un communiqué. Celui-ci répond point par point sur les faits dénoncés dans l’enquête et assure que le chiffre annoncé pour le loyer du bureau de Nawel G. à Paris est faux.
Enfin, et de façon assez surprenante, la Région a attaqué un ancien directeur général des services. À l’époque des faits, il s’agissait de Franck-Olivier Lachaud.
« Ce directeur général des services n’est pas resté très longtemps en poste après avoir rencontré des difficultés de gestion interne. Il est assez vraisemblable que ces fausses informations sur lesquelles se sont appuyés les journalistes (ceux de France Info, ndlr), ne soient pas étrangères à cette situation », tance la Région.
Dans une enquête publiée en mai, le site d’investigation Médiacités révélait que Franck-Olivier Lachaud s’était aussi rendu coupable « d’avoir froissé des élus proches de Laurent Wauquiez en retoquant des demandes de subventions qui sortaient du cadre légal ».
En tout cas, à la Région, on aime visiblement laver son linge sale en public.
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