Il est d’ordinaire le moment d’intenses interventions politiques, voire d’offensives, entre les divers groupes politiques. Le début du conseil municipal de rentrée à Lyon a été cette fois plutôt modéré et tourné autour de l’actualité internationale.
À tour de rôle, le maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV), ainsi que les groupes d’oppositions et de la majorité ont exprimé leur soutien au Maroc, touché par un important séisme le 8 septembre, à la Libye, endeuillée par une tempête et des inondations le 11 septembre, ou encore aux habitants du Haut-Karabagh, victimes d’une attaque de l’Azerbaïdjan. Le conseil a par ailleurs voté une aide exceptionnelle de 20 000 euros pour venir en aide aux Marocain·es victimes du tremblement de terre.
Le conseil municipal féminise les espaces publics de Lyon
Après ces échanges, le conseil s’est poursuivi sur une note plus légère : le baptême de vergers lyonnais. À Lyon, moins d’une rue sur quinze porte le nom d’une femme, relevaient nos confrères de Mediacités en 2021. L’un des objectifs de l’exécutif écologiste et de gauche à la tête de la Ville est d’inverser cette tendance, en baptisant ces nouveaux lieux et équipements publics avec des noms de femmes.
C’est le cas de quatre nouvelles écoles, ouvertes pendant l’année scolaire 2023-2024 : Wangari Maathai (7e), Frida Kahlo (7e), Eugénie Brazier (2e) et Audrey Hepburn (9e). Ce sera aussi le cas pour les vergers créés par la majorité écologiste depuis le début de son mandat. Objectif : en lancer un par an et par arrondissement. « Nous avons visé pour cette première vague de dénomination des femmes qui ont un lien avec la gastronomie, la botanique, la nature ou l’environnement », résume Valentin Lungenstrass (EELV), adjoint aux espaces publics.
La naturaliste Beatrix Potter, la lyonnaise Mère Guy « patronne des guinguettes », la passementière Henriette Létourneau ou encore la biologiste Rachel Carson, par exemple, trouveront bientôt leurs places à Lyon.
Des aides exceptionnelles aux commerçants suite aux émeutes
En juin 2023, partout en France, la colère des jeunes de quartiers populaires a embrasé de nombreuses villes, après la mort du jeune Nahel, abattu par la police lors d’un contrôle routier. La Ville de Lyon n’a pas fait exception. Plusieurs commerces de centre-ville ont été dégradés et pillés par les émeutiers. « La colère n’excuse pas, mais elle permet de comprendre ces événements qui se répéteront encore et encore si rien n’est fait », a déclaré Camille Augey (EELV), adjointe à l’économie locale et aux commerces.
La municipalité avait alors annoncé un soutien financier aux commerçants. Une aide de 500 000 euros dorénavant adoptée par le conseil municipal. Les versements directs représenteront la majeure partie de l’aide, soit 300 000 euros. Le reste est réparti entre une subvention de 50 000 euros à la Chambre de commerce et d’industrie pour l’accompagnement des commerçants, et des subventions de 150 000 euros pour les associations de commerçants afin d’organiser des évènements de quartier.
Une délibération plutôt bien reçue par les oppositions, bien que le groupe Droite, centre et indépendants, par la voix de Pierre Oliver (LR), ait regretté le calendrier de versement de ces aides.
« Les éléments que nous avons obtenu en commission nous laissaient entendre que les commerçants toucheraient les fonds de la ville de Lyon au mieux en février 2024… Soit 8 mois après les émeutes, a relevé l’élu. À la suite de notre étonnement en commission, il semblerait que ce pourrait être envisagé pour la fin de l’année. Comment expliquez-vous une telle lenteur ? »
Pour l’adjointe au commerce, le responsable n’est autre que le président de la Région Laurent Wauquiez (LR). Camille Augey soutient que « la Ville de Lyon ne peut pas agir sans l’aval de la Région » en matière d’aides aux commerces, sans entamer de plus lourdes démarches administratives.
« La Région aurait pu accepter la main tendue de la ville de Lyon pour avoir un seul et même fonds, afin que les commerçants touchent d’un seul coup les aides de la Région et de la Ville. Elle nous a répondu que nous devions monter notre propre dispositif d’aide, ce qui implique une mécanique beaucoup plus lourde qui demande plus de temps. »
Un nouveau Plan climat voté par le conseil municipal de Lyon
Le gros dossier du conseil municipal : l’adoption d’un nouveau Plan climat air énergie pour la Ville de Lyon. Ce document fixe les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de consommation énergétique de la ville de Lyon à l’horizon 2030.
Un tel document existait déjà, établi par la municipalité précédente, pour la période 2020-2026, mais l’exécutif écologiste élu en 2020 a souhaité l’étoffer. L’adjoint à la transition écologique, Sylvain Godinot (EELV) s’était déjà félicité d’un bilan encourageant en 2022 : – 14,7% de consommation d’énergie sur Lyon par rapport à 2019 et – 16,6% d’émissions de GES. L’objectif annoncé par le plan est la neutralité carbone en 2030.
L’adjoint a ensuite présenté les orientations du plan. Au-delà de la réduction des émissions et de la consommation d’énergie, il vise aussi à aménager la ville pour l’adapter au changement climatique.
En réalité, ce plan n’apporte que peu de nouveautés. Il s’appuie et compile des actions déjà ou bientôt mises en œuvre par la collectivité. On peut citer le Schéma de promotion des achats responsables, le Plan lumière, la ville 30, le Plan local d’urbanisme ou, les plus récemment adoptés, le Plan de mobilité employeur et la stratégie de transition écologique du patrimoine…
Plusieurs inquiétudes ont émergé dans les groupes oppositions. David Kimelfeld, du groupe centriste Progressistes et Républicains, a souligné que la mise en œuvre de ce plan repose sur la réalisation des projets inscrits au Plan pluriannuel d’investissement (PPI). En mai 2023, l’exécutif écologiste a du rectifier le tir en abandonnant des projets, car il était parti pour dépasser largement le budget fixé en 2020. « L’enjeu n’est pas de voter ce plan climat. Vous serez jugés sur votre capacité à le mettre en route », a alerté David Kimelfeld.
Du côté du groupe Pour Lyon, c’est, en partie, la zone choisie pour le plan climat qui interroge.
« Le périmètre pertinent se situerait à l’échelle du bassin lyonnais, de son aire d’attraction de vie et d’emplois. Quel est l’intérêt d’avoir notre territoire neutre en carbone dès 2030 si la vallée de la chimie ne nous suit pas dans ce processus ? », a interpellé Delphine Borbon.
Réponse apportée par Sylvain Godinot : la ville de Lyon ne peut pas prévoir de plan au-delà des frontières de sa commune. C’est plutôt à la Métropole de Lyon que revient cette prérogative. Coïncidence ou timing choisi : cette collectivité a acté la refonte de son propre Plan climat air énergie, lundi 25 septembre.
Hébergement d’urgence : la Ville de Lyon met à disposition 13 lieux de son patrimoine
La majorité écologiste à la Ville de Lyon est régulièrement poussée par nombres de collectifs et associations à en faire plus pour lutter contre le sans-abrisme. Elle est aussi tenue par sa signature d’une charte avec la Fondation Abbé Pierre, par son engagement « Ville hospitalière et accueillante » et son objectif « Zéro enfants à la rue ». Une question au cœur du conseil.
Le 18 septembre dernier, le maire de Lyon s’offrait une belle séquence de communication sur le sujet. L’édile s’est retrouvé enlacé et chaleureusement accueilli par plusieurs femmes, mises à l’abri dans un ancien EHPAD par la Ville de Lyon, après deux mois à dormir dans un gymnase qu’elles occupaient en protestation. Lors de cette visite, le maire s’était permis de charger largement l’État et son « manque d’engagement » sur la question de l’hébergement d’urgence, qui est pourtant sa compétence.
Lors du conseil, la Ville de Lyon a voté la mise à disposition de 13 lieux pour accueillir des personnes sans-abri. La mise à disposition de patrimoine de la Ville pour l’hébergement d’urgence n’est pas une nouveauté de la majorité actuelle, elle se pratiquait déjà lors du précédent mandat. Le nombre de 13 biens conjointement rendus disponibles est cependant notable, et témoigne de l’accélération donnée par les écologistes et leurs alliés de gauche à cette politique.
Une tentative pour enrayer la crise du logement social
Sur le volet logement social en revanche, la majorité écologiste s’est fait malmenée par les oppositions, en raison de sa difficulté à tenir ses objectifs fixés en début de mandat : la construction de 2000 logements sociaux par an. La faute en grande partie à la crise du logement, le manque de foncier et la hausse des matières premières certes. Reste que 35 500 demandes de logements sociaux sont toujours en attente en 2023.
Pour la seconde partie du mandat (2023-2025), l’adjointe annonce que la Ville prévoit toujours de conserver le même objectif de 2000 logements par an. Un rythme plus élevé que les objectifs fixés par l’État de 2 697 logements sur la période soit 899 logements par an, pour atteindre les 25% de logements sociaux réglementaires.
Pour tenter de tenir ses objectifs, la Ville a voté une révision de son barème d’aide à la production de logements sociaux pour la période 2023-2025. Dans le détail, on note :
- Une subvention de 500 euros au m2 pour la production de logements social à destination des bailleurs.
- Une nouvelle aide de 500 euros au m2 pour les projets en sur-évaluation
- Un bonus de 2000 euros pour les logements adaptés aux personnes handicapées
- La mobilisation de subventions exceptionnelles pour certaines opérations
- 500 000 euros pour co-financer la rénovation de logements privés vacants ou indignes, pour une remise en location à vocation sociale.
Le conseil municipal de Lyon vote des aides exceptionnelles pour les structures culturelles
Durement touchées par les baisses de subventions de la Région, certaines structures culturelles lyonnaises ont également été pénalisées par la hausse des prix de l’énergie. La Ville de Lyon a voté des aides exceptionnelles pour soutenir huit d’entre elles, pour un montant total de 430 000 euros.
Le Conservatoire touchera 100 000 euros, l’École nationale supérieure des Beaux-Arts 170 000 euros, le Théâtre nouvelle génération (TNG) 50 000 euros, le théâtre de la Croix-Rousse 20 000 euros, le théâtre du point du jour 20 000 euros, les Subsistances 50 000 euros, l’association À Thou Bout d’chant 15 000 euros et Les percussions clavier de Lyon 5 000 euros.
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