Les collectifs maintiennent la pression sur les autorités voulant expulser le squat Pyramide. Après une manifestation le 7 septembre, un nouvel appel a été lancé pour soutenir les habitants de ce squat de Gerland, mercredi 27 septembre, à 17 h 30, place de la Comédie.
Une nouvelle fois, ils comptent interpeller le maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV) et demandent un rendez-vous, en urgence. Les associations évoquent 280 personnes herbergé·es dans le squat. Il y a un mois, on parlait de 250 personnes.
« Actuellement, les personnes réfugié·es dans le squat y sont en grande partie autonomes. Ce ne sera plus le cas si elles sont à la rue (…) Il n’y a pas les structures suffisantes pour accueillir 280 personnes : bain douches, consignes, distributions de nourriture. Que prévoyez-vous en cas de remise à la rue ? », peut-on lire dans une lettre adressée au maire de Lyon, via le collectif Intersquat Lyon et environs.
Avec l’expulsion de Pyramide : la fin d’un dernier recours
Au-delà de l’expulsion, la problématique est toujours la même quand on parle de squat : l’absence de solution d’hébergement pour des personnes dont la vie est faite d’errance. La population importante de Pyramide, ouvert en avril 2021, le symbolise bien. En deux années, plus de 200 personnes se sont ainsi installées dans le bâtiment de Gerland, dont Mohamed, que Rue89Lyon avait rencontré au lancement du squat.
Le lieu est devenu le dernier recours des personnes sans solution de logement, d’après Colette Blanchon, militante d’Intersquat :
« Il faut bien se dire que ceux qui s’y trouvent n’ont trouvé de place nulle part ailleurs, explique-t-elle. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui se rendent à la Maison de la Veille sociale, chargée de l’hébergement, et à qui on dit qu’il n’y a pas de place. Ils appellent ensuite le 115, même réponse. Alors ils dorment dehors et rencontrent quelqu’un qui leur propose d’aller à Pyramide. »
C’est plus ou moins l’histoire de Condé, une Tunisienne qui vit au squat et dont le mari est mort pendant la traversée de la Méditerranée. Son récit, écrit, nous avait été transmis par les collectifs :
« Quand je suis arrivée à Lyon j’ai dormi dans la rue parce qu’au Forum Réfugiés on m’a dit qu’il n’y avait pas de solution pour moi. Après j’ai rencontré une personne du squat qui m’a fait venir ici où je bénéficie d’une pièce toute seule avec mon bébé. Maintenant, je veux qu’on me loge ou bien je reste ici. Sinon, où dormir ? »
Leurs conditions de vie ne sont pas toujours optimales. L’une des personnes logées ici se plaint de dormir dans le couloir « car toutes les chambres sont occupées». Sur le corps de son bébé, « des boutons commencent à apparaître », décrit-elle. Mais elle ajoute que « sans le squat, ce serait la rue ».
Des expulsions sans relogement
Les collectifs redoutent que toutes ces personnes y retournent et « s’ajoutent aux trop nombreux SDF qui campent ». D’après eux : « les personnes expulsées cet été n’ont pas eu d’autres solutions que de faire de nouveaux campements dans la ville ». Rien que pour le mois de juin, on a comptabilisé trois expulsions de lieux « en dur » : le squat du Duracuire (Caluire), la maison du Zola (Villeurbanne) et la maison Sans-Souci (Lyon 3e), sans compter l’évacuation du campement de la place de Milan (Lyon 3e).
Les personnes ne sont ensuite pas toujours relogées. La préfecture est compétente en matière d’hébergement d’urgence, à l’exception des mères isolées avec enfants de moins de trois ans ou enceintes de plus de huit mois, qui sont (en théorie) hébergées par la Métropole de Lyon. Mais celle-ci priorise en fonction de « critères de vulnérabilité ». Pour la place de Milan, par exemple, seule une dizaine d’occupant·es ont pu être relogées temporairement.
Concernant les personnes qui vivent au squat Pyramide, l’incertitude plane encore quant à leur futur hébergement. La préfecture a indiqué à Rue89Lyon qu’elle « informera des éventuelles orientations une fois l’évacuation terminée ».
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