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395 enfants à la rue dans la métropole de Lyon

Publié le 30 août dernier, le baromètre « Enfants à la rue », réalisé par l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité, dénombre près de 2000 enfants sans solution de logement à la veille de la rentrée en France. L’occasion de dresser un bilan local. Dans la métropole de Lyon, 395 enfants se sont retrouvés à la rue, cet été, selon le collectif Jamais Sans Toit. Un nombre en forte hausse par rapport à l’année dernière.

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Dans le Rhône, le 17 octobre 2022, Jamais sans toit recensait 197 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon. ©MA/Rue89Lyon

A l’heure de la rentrée, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) tirent l’alarme :

« Comment ces milliers d’enfants, sans-abri ou menacés de le devenir, peuvent-ils appréhender sereinement la rentrée et suivre une scolarité « normale » dans un quotidien dicté par l’instabilité et la peur de ne pas savoir où dormir ? »

Baromètre « Enfants à la rue » 2023 de l’UNICEF et de la Fédération des acteurs de la solidarité

Selon leur baromètre annuel « Enfants à la rue », 1990 enfants ont été recensés comme sans-abri dans la nuit du 21 au 22 juillet 2023, soit 20% de plus qu’à la même date un an plus tôt.

Sur la métropole de Lyon, ils seraient 395, d’après le collectif Jamais Sans Toit, soit 3,5 fois plus que l’année passée. Parmi eux, 32 enfants ont moins de trois ans. Les chiffres du collectif sont basés sur sur 137 établissements scolaires de l’agglomération et ne comprennent pas les mineurs non accompagnés.

« Le signe d’une insuffisance des politiques publiques »

Au regard de cette hausse sur le territoire lyonnais, Raphaël Vulliez, porte-parole du collectif Jamais Sans Toit, avance trois facteurs d’explication :

« D’abord, la crise économique joue un rôle central en frappant durement les ménages. À cela s’ajoute l’absence de régularisation de certaines personnes qui travaillent en France mais qui n’ont pas accès à l’ouverture de droits sociaux. Et puis, dernier moyen d’expliquer cette augmentation, le manque criant de logements sociaux. »

Dans le Rhône, le 17 octobre 2022, Jamais sans toit recensait 197 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon. ©MA/Rue89Lyon
Dans le Rhône, le 14 décembre 2022, Jamais sans toit recense plus de 290 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon.Photo : MA/Rue89Lyon

Si l’hébergement relève de la compétence de l’État, le porte-parole pointe « l’échec du plan zéro enfant à la rue » initié par la municipalité de Lyon en décembre 2021. Celui-ci prévoyait notamment l’ouverture de 100 nouvelles places d’hébergement d’urgence pour une durée de deux ans, la mise à disposition de locaux pour l’État et le suivi des personnes hébergées sur place par un « opérateur expérimenté ».

Force est de constater que dans la seule ville de Lyon, les objectifs n’ont pas été tenus. 183 enfants n’ont pas de toit, selon les chiffres du collectif. Ce nombre est en hausse : selon Jamais sans toit, ils n’étaient qu’une vingtaine d’enfants à ne pas avoir de logement.

Enfants à la rue
De décembre 2021 à août 2023, le nombre d’enfants à la rue est en nette augmentation sur Lyon et la métropole lyonnaise.Photo : JamaisSansToit / Rue89Lyon.

« Il faut dire que les négociations avec l’État ne sont pas simples pour reloger les personnes, avance Raphaël Vulliez, mais il existe un levier auquel le maire ne recourt pas. Il possède des pouvoirs de police lui permettant d’assurer la sécurité publique. Avec, il pourrait réquisitionner des logements pour éviter les troubles à l’ordre public. Pour l’instant ce sont les associations qui se retrouvent à prendre en charge le relogement. Au 4 mai, Jamais Sans Toit avait dépensé 57 000€ en nuits d’hôtel. »

Dans son baromètre, l’UNICEF souligne quant à lui que les données récoltées au niveau national sont « le signe d’une insuffisance des politiques publiques » qui sont « censées faire disparaître » le sans-abrisme chez les enfants. Il relève également que le gouvernement n’a pas tenu son engagement pris à l’automne 2022, de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ». Une des solutions avancées par le fonds des Nations Unies pour l’enfance serait d’en finir avec une « vision court-termiste », en maintenant la capacité du parc d’hébergement (195 000 prévues au niveau national en décembre 2023 contre 205 000 actuelles).

Une évolution possible du chiffre

Il est important de noter que les chiffres aujourd’hui délivrés sont susceptibles d’évoluer très rapidement. « D’ailleurs, imaginons que les enfants qui occupent le gymnase de l’école de Bellecombe depuis deux mois soient relogés, cela fera automatiquement baisser le chiffre. Ils sont environ une vingtaine là-bas. »

De son côté l’UNICEF évoque sa crainte de voir le nombre d’enfants augmenter dans les prochains mois, en raison de la réduction du parc d’hébergement et des effets prochains de la loi anti-squat, en vigueur depuis juillet 2023.


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