De nombreuses villes de France ont fait le choix d’annuler, ou de reporter, le traditionnel feu d’artifice du 14 juillet. À Lyon, malgré les nuits de révolte et la canicule récente, la fête nationale sera célébrée à grand renfort de feux d’artifice.
En raison des nuits de révolte qui ont suivi la mort de Nahel, cet adolescent tué par la police le 27 juin à Nanterre, plusieurs restrictions ont été prises pour les 13, 14 et 15 juillet. Le ministère de l’Intérieur a en outre annoncé l’envoi de CRS et du RAID en renfort à Lyon.
À Lyon, le feu d’artifice tiré depuis la colline de Fourvière
À Lyon, le feu d’artifice sera tiré le 14 juillet à 22h30 de la colline de Fourvière. Le spectacle, qui devrait durer une vingtaine de minutes, sera « le plus écoresponsable possible », affirme la Ville de Lyon. Pour ce faire, les fusées de plastique ont été remplacées par du carton et les rejets de métaux lourds dans l’atmosphère limités au maximum.
« Ces fleurs de feu de nouvelle génération s’annonceront même tout en progression pour permettre à la faune de mieux appréhender les puissantes salves de lumières et les détonations », s’enthousiasme la municipalité.
Nul doute que la faune s’empressera quand même de déserter la colline de Fourvière et ses environs. La zone sera par ailleurs interdite à la circulation des voitures de 19h à 00h30 et des piétons de 21h à 23h30.
Il sera cependant possible d’admirer le feu d’artifice depuis Saint-Jean ou la Presqu’île. Ces deux secteurs – dont la place Bellecour – seront interdits aux voitures de 19h à minuit. Le mieux sera sans doute d’aller s’installer tranquillement au bord de l’eau, attablé en terrasse sur la rive gauche du Rhône ou de la Saône, pour admirer les prouesses pyrotechniques.
Les communes autour de Lyon ont prévu des festivités tout au long de cette soirée du 14 juillet. À Bron, par exemple, des concerts, jeux et espaces de restauration seront organisés dès 18h sur la place de la Liberté. Le feu d’artifice sera tiré à 22h30 et suivi d’un live DJ. Des animations sont aussi prévues à Rillieux-la-Pape, à partir de 20h, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, avant un feu d’artifice à 22h30. À Vaulx-en-Velin, la soirée débutera à 20h avec un bal populaire animé par l’Orchestre Vedollini, suivi d’un feu d’artifice à 22h45.
Feux d’artifice interdits à la vente, annulés ou reportés
Par ailleurs, si certain·es pensaient organiser leur propre feu d’artifice privé pour le 14 juillet, c’est loupé. Suite aux nuits de révolte urbaine qui ont éclaté après le meurtre du jeune Nahel, de nombreux « mortiers d’artifice » ont été utilisés contre les forces de l’ordre. En réaction, un décret en date du 8 juillet est venu interdire « la vente, le port, le transport et l’utilisation d’engins pyrotechniques et d’artifices de divertissement », les 14 et 15 juillet inclus.
Une interdiction en vigueur aussi dans le Rhône et la Métropole de Lyon, jusqu’au 15 juillet à 6h du matin. Dans un communiqué en date du 12 juillet, la préfecture précise qu’en plus des mortiers d’artifice, la vente d’alcool à emporter sera également interdite les 13 et 14 juillet, à partir de 17h, ainsi que la consommation d’alcool en groupe en dehors des bars et terrasses adjacentes.
« La Préfète appelle chacun au calme et à la responsabilité. Policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers et douaniers seront particulièrement mobilisés pour garantir la sécurité et la tranquillité publiques. »
La CRS 8 et le RAID envoyés en renfort à Lyon
Aussitôt dit, aussitôt fait. Une heure après le communiqué de la préfecture du Rhône, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait sa volonté de renforcer la sécurité à Lyon. Pour la nuit du 13 au 14 juillet, les forces de l’ordre locales pourront compter sur le soutien de 3,5 compagnies de CRS, augmentées à 4 pour la nuit du 14 au 15 juillet, soit 300 policiers et gendarmes supplémentaires.
Parmi ces renforts, la récente CRS 8, créée le 1er juillet 2021. Après seulement deux ans d’existence, cette unité spécialisée dans les violences urbaines fait déjà l’objet l’objet d’une enquête ouverte par le parquet de Rennes comme le relatait Mediapart. Certains de ses policiers sont accusés d’avoir brutalisé un manifestant lors d’une manifestation contre la réforme des retraites.
Pour leur prêter main forte, l’Intérieur a décidé d’envoyer le RAID dans les rues de Lyon. Une unité qui a elle aussi récemment fait parler d’elle en raison de ses techniques d’intervention brutales, peu adaptées à du maintien de l’ordre. À Marseille par exemple, un jeune homme se trouve toujours dans le coma suite à une intervention du RAID le 30 juin. Une enquête pour « violences volontaires » a été confiée à l’IGPN.
Pour parachever ce lourd dispositif de sécurité, un canon à eau, des drones, un hélicoptère et des blindés de la gendarmerie seront également déployés à Lyon les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 juillet.
Dans ce contexte tendu, certaines villes ont carrément décidé d’annuler leur traditionnel feu d’artifice du 14 juillet. C’est le cas à Nanterre, ville où résidait Nahel, par crainte de nouvelles émeutes. En Alsace, c’est la sécheresse qui a poussé de nombreuses communes, dont Strasbourg, à annuler ou reporter les festivités, en raison du fort risque d’incendies.
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