Ce week-end, la rédaction de Rue89Lyon a appris le décès brutal de Julie Balagny, vigneronne nature, le samedi 1er juillet, des suites d’un arrêt cardiaque.
Installée en 2009 entre Romanèche Thorins et Fleurie, cette « parisienne de chez parisienne » avait réussi à s’imposer comme une figure du renouveau du Beaujolais, longtemps décrié.
Avec sa gouaille sans pareil, elle s’était fait une place à part dans le monde encore très masculin du vin nature.
Repéré par Marcel Lapierre, elle avait su faire ses preuves et « montrer pattes blanches » auprès de ses pairs. À force de travail, sur un terrain aride et pentu, elle s’était attiré le respect des « vieux du coin ». Celle qui aimait « les faces nords » en tirait, à juste titre, une grande fierté.
Sa besogne a vite été récompensée. Ses bouteilles se sont vite imposées sur les meilleures tables parisiennes. Une victoire au caractère, sans passer par le label bio.
Car « Balagny », comme elle avait tendance à s’appeler, avait son caractère. En 2015, elle avait arrêté de demander le label bio AB. « Ils me cassaient les pieds pour que je le mette sur chaque bouteille », nous expliquait-elle. Elle avait fini par s’embrouiller avec les spécialistes qui voulaient lui faire changer sa manière de fonctionner. Depuis le début, elle « traitait » ses vignes avec de la tisane issue de racines de rhubarbe, venant d’Eure-et-Loire. Elle préférait cette solution à celles proposées par le label bio. Bref, elle avait envoyé paître le label.
« Ce qui me tient à cœur depuis le début, c’est la cohérence et le sens », expliquait-elle.
Julie Balagny, une vigneronne talentueuse et généreuse
En octobre 2022, nous avions pu la rencontrer en amont du Salon du vin nature. Humble, joviale et généreuse… Au delà du talent de la vigneronne, c’est la gentillesse et l’humour d’une femme amoureuse du vin, qui nous avait séduit.
Il avait fallu se battre contre l’insistance de la vigneronne pour éviter de remplir à ras-bord notre coffre de bouteilles. Exceptionnellement, nous avions fait une entorse à la déontologie journalistique en acceptant une ou deux. De toute manière, face à un tel caractère, nous n’avions pas vraiment le choix.
Adoptée par le Beaujolais, elle laisse un vide dans le milieu du vin nature.
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