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Le nouveau CRA de Lyon étrillé par la contrôleuse des lieux de privation de liberté

Dans sa liste de recommandations publiées au journal officiel ce jeudi 22 juin, la CGLPL a épinglé le nouveau CRA de Lyon Saint-Exupéry. Confirmant ainsi les alertes déjà lancées sur ce centre ouvert en janvier 2022.

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À l'intérieur de l'ancien centre de rétention administrative CRA de Lyon, en décembre 2020.

La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, a épinglé le nouveau centre de rétention administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry. Il figure parmi les quatre CRA visités cette année, et pour lesquels la CGLPL a formulé des recommandations, publiées ce jeudi 22 juin au journal officiel, visant à y améliorer les conditions de vie des personnes retenues.

Pour rappel, ce nouveau CRA, le « numéro deux » situé à Lyon Saint-Exupéry, a ouvert ses portes en janvier 2022. Il s’agissait de sa première visite.

À l'intérieur de l'ancien centre de rétention administrative CRA de Lyon, en décembre 2020.
À l’intérieur de l’ancien centre de rétention administrative (CRA) de Lyon, en décembre 2020.Photo : AD/Rue89Lyon

Des « conditions indignes » au nouveau CRA de Lyon Saint-Exupéry

Lors de sa visite de contrôle, réalisée entre le 13 et le 17 mars 2023, la CGLPL a estimé que les personnes étaient hébergées « dans des conditions indignes » au CRA numéro deux. Les personnes retenues sont, selon elle, « livrées à elles-mêmes et soumises à la loi du plus fort », en raison d’un enfermement quasi-permanent, « 22h sur 24h », et d’une trop faible présence policière. Et ce, malgré le caractère récent du CRA de Lyon, qui a à peine un an et demi d’existence.

« Les hébergements y sont, comme ailleurs, inadaptés ou sous-dimensionnés, anxiogènes, dégradés et mal entretenus, note la CGLPL. Les retenus y sont privés d’intimité, d’activité, de perspectives et, dans l’ensemble, largement livrés à eux-mêmes. […] À Lyon, les portes des chambres sont percées de larges ouvertures qui permettent d’en observer l’intérieur depuis les couloirs. Les sanitaires ne sont séparés du reste de la pièce que par une porte battante de type saloon ; les retenus tendent des draps qu’ils font tenir avec du dentifrice pour préserver un semblant d’intimité. »

Elle a également pointé une organisation trop rigide, qui ne laisse que peu de temps aux personnes retenues pour réaliser leurs démarches juridiques ou médicales. Concernant les soins, gérés par une société privée, elle a constaté une distribution massive et peu scrupuleuse des médicaments. Ce qui a entraîné un véritable « trafic de médicaments » au sein du CRA, d’après la CGLPL qui a fait un signalement au procureur.

Des violences, y compris de la part du personnel, en augmentation

« Dans ces blocs à l’atmosphère oppressante – grillages omniprésents et portes blindées – aucune activité n’est proposée, poursuit la CGLPL, implacable. Télévisions et consoles de jeux sont presque toutes cassées. Plus aucun ballon n’étant distribué), il est impossible de jouer au football et les tables de ping-pong encore installées ne servent plus, faute de balles et de raquettes. »

La durée d’une rétention administrative peut aller jusqu’à 90 jours. D’après les chiffres de l’association Forum Réfugiés, les personnes retenues à Lyon restent en moyenne 23,7 jours. Légèrement plus longtemps que la moyenne nationale qui était de 23 jours en 2022. 

Entre l’angoisse, la promiscuité, le manque d’intimité et l’oisiveté, les tensions éclatent. Au CRA numéro deux de Lyon, le nombre d’incidents est en augmentation, passant de 52 à 68 entre 2021 et 2022, d’après les chiffres de la CGLPL.

« Le personnel est également mis en cause , précise-t-elle. En 2021, 21 procédures judiciaires ont été ouvertes pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ; 6 étaient en cours lors de la visite et dans 2 d’entre elles les retenus concernés faisaient en outre état de propos racistes imputés à des policiers. »

Des dysfonctionnements récurrents au sein du nouveau CRA de Lyon Saint-Exupéry

Les observations de la CGLPL ne sont pas une surprise. Le 18 avril, le sénateur EELV Thomas Dossus, la bâtonnière du barreau de Lyon, Marie-Josèphe Laurent, et plusieurs membres de l’ordre avaient eux aussi fait état de graves dysfonctionnements dans le nouveau bâtiment. Toilettes avec des portes battantes empêchant une quelconque intimité, 30 minutes chaque jour pour aller manger au réfectoire, des cours pour s’aérer qui ressemblent à des cages… 

« On a l’impression que la rétention est là pour punir, ce qui ne devrait pas être le cas, avait résumé la bâtonnière suite à sa visite. Tout est anxiogène là-bas. »

Le 26 avril, cinq associations avaient elles aussi tiré la sonnette d’alarme dans leur rapport annuel sur les conditions de rétention administrative en France en 2022. Forum Réfugiés, qui intervient au CRA numéro deux de Lyon Saint-Exupéry, notait ainsi un nouveau bâtiment « très carcéral » et une nouvelle organisation « très rigide » compliquant son travail et l’accès aux droits des personnes retenues. L’association alertait également sur « une nette augmentation des agressions entre personnes retenues » et plusieurs tentatives de suicide au sein du centre.

En décembre 2022, le médecin du centre, en poste depuis 2017, a carrément démissionné.


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