1er mois à 1€

Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Face à la crise de l’habitabilité, une refondation du logement est nécessaire

Ce lundi 5 juin, le Conseil National de la Refondation (CNR) Logement doit rendre ses pistes d’action pour répondre à la crise sociale, environnementale et économique que ce secteur traverse. Radio Anthropocène s’empare de cet espace du quotidien et l’interroge sous le prisme de la crise de l’habitabilité que pose l’anthropocène.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Logo Radio Anthropocene R89 070623 Logement et habitabilite

Si l’anthropocène marque la période d’une crise de l’habitabilité de la planète Terre, la crise du logement en France rend, elle, tangible l’impossibilité d’habiter sereinement et durablement un espace à soi pour de nombreuses personnes. Pour tenter de répondre à cette crise, presque devenue un « lieu commun » tant son utilisation est récurrente depuis la fin des Trente Glorieuses, le gouvernement a mis en place le 28 novembre 2022 le Conseil National de la Refondation (CNR) consacré au logement. Il a réuni, durant six mois, les différents acteurs du secteur du logement, à commencer par les habitants, pour construire le « logement de demain ». Les résultats de ce travail, attendus depuis un mois suite à sa reprogrammation, seront-ils à la hauteur des attentes et des enjeux sociaux et écologiques contemporains ?

Le logement, « une bombe sociale » ?

Le logement est qualifié de toute part de « bombe sociale ». Situation à l’apparence paradoxale tant les conditions de logement n’ont cessé de s’améliorer depuis 50 ans. Or, cette tendance de fond cache des disparités importantes selon les milieux sociaux et les territoires observés.

D’après la Fondation Abbé Pierre, plus de 4 millions de personnes sont mal logées en France en 2023. Les prix de l’immobilier, suite à plusieurs décennies de hausse, sont aujourd’hui inaccessibles pour une grande partie de la population. Les efforts financiers de la part des ménages pour se loger sont historiquement élevés, atteignant 32% des revenus pour les plus modestes, contre 14,1% pour les plus aisés. D’autant que ces disparités sociales sont accompagnées de disparités territoriales. Il est bien différent d’être locataire d’un logement à Paris qu’à Saint-Étienne ou dans une commune du massif central. Et si, pour compenser ces disparités, l’offre de logement social reste conséquente en France vis-à-vis de nombreux pays, le nombre de ménage en attente d’un logement social n’a jamais été aussi élevé.

Le logement plutôt que l’habitabilité ?

Le secteur du bâtiment représente près de 40% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète, et l’urbanisation généralisée du monde est l’un des vecteurs principaux de l’anthropocène. Ajoutons à cela le rôle des cimentiers dans les conflits géopolitiques, ainsi que le besoin toujours plus croissant en béton qui engloutit le sable de nos côtes, provoquant leur érosion. Nous sommes en droit de nous questionner sur la façon dont ce secteur met à mal les conditions d’habitabilité du monde et doit se renouveler dans sa façon d’aborder la question du logement.

L’habitat plutôt que le logement ?

Passoires thermiques, logements exigus, très dégradés : de l’action du collectif Dernière Rénovation aux effondrements successifs d’immeubles marseillais, la situation du parc français s’avère encore problématique. Comment répondre aux enjeux énergétiques et climatiques si le bâti stricto sensu ne répond pas aux objectifs de sobriété ? A ce titre, quelles possibilités sont apportées par les filières de l’écoconstruction, de l’économie circulaire dans un contexte où l’on aspire à construire moins mais mieux ?

Néanmoins, ces dimensions techniques ne devraient-elles pas être toujours corrélées aux pratiques habitantes pour réfléchir sur l’habitat de manière transversale ? Dès lors, penser le logement, c’est penser l’intégralité des logiques qui le traversent.

Élément structurant de la vie quotidienne – nous y passons nos nuits, y prenons nos repas, etc. – le logement est traversé par d’autres problématiques qui nous invitent à déplacer nos regards sur la notion d’habiter. Elle invite à dépasser le seul périmètre du logement et y intègre un territoire de vie plus grand, où se déploient nos existences, nos modes de consommation et nos mobilités. L’exemple de l’entrée massive du travail au sein du logement, pendant la pandémie, dévoile l’influence réciproque des différentes sphères sociales dans l’évolution de nos pratiques habitantes.

Quelles solutions pour panser le logement ?

Alors que concilier justice sociale, écologie et logement est un véritable casse-tête pour différentes municipalités, des initiatives éclosent. A Lyon, la Métropole souhaite poursuivre la construction de logement dans les territoires déjà urbanisés par le biais de la surélévation. La perspective est ainsi de continuer à construire des logements pour augmenter l’offre, dont celle du parc social, sans contribuer à l’artificialisation des sols. L’objectif du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ne pose-t-il pas indirectement le débat à propos de la densité de population, de la ville désirable et du bien-être des habitants ? Et comment rendre accessible ces logements situés pourtant dans les zones denses et chères ?

C’est en partie à cette question que veut répondre le Bail Réel Solidaire (BRS), système économique visant à dissocier le foncier et le bâti afin de réduire le coût d’achat pour les ménages. Cette démarche peut-elle casser, ou du moins limiter la dimension spéculative d’un marché aujourd’hui inaccessible, et plus seulement aux plus précaires ? Comment penser le logement et l’habiter de façon différenciée selon les territoires ? Car la réalité des villes moyennes est radicalement différente de celles des centres métropolitains ou des banlieues, dont nous évoquerons l’avenir en compagnie du sociologue Renaud Epstein. Au total, comment penser la redirection écologique d’un secteur qui façonne nos paysages et nos vies sociales à l’heure de l’anthropocène ?

Ce sont toutes ces questions que nous poserons à nos invités et qui nous animeront, ce mercredi 7 juin de 16h à 20h, en direct sur Radio Anthropocène. 

Radio Anthropocène – 7 juin 2023 – Une refondation du logement pour faire face à la crise de l’habitabilité ?

#anthropocène

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Partager
Plus d'options