La décision était attendue, elle est maintenant officielle. Comme l’avait écrit Rue89Lyon, la préfecture du Rhône a annoncé l’expulsion des prostituées et travailleuses du quartier de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon. Pour justifier cette décision, elle s’appuie, dans son communiqué, sur les polémiques récentes ayant eu lieu autour du secteur de la plaine des jeux, mettant en avant des « troubles » qui dureraient « depuis plusieurs mois. »
« Pour répondre à ces enjeux de sécurité, portant atteinte aux familles, aux associations sportives et aux clubs, la Préfète du Rhône a pris un arrêté d’interdiction de stationnement de tout véhicule dans lequel s’exerce une activité de prostitution, dans une vingtaine de rues situées dans le quartier de Gerland (Lyon 7e). »
La préfecture préfère ne pas évoquer l’organisation de la Coupe du monde de rugby et l’arrivée du camp des All Blacks en septembre 2023. Pourtant, selon nos informations, c’est cette raison principale qui avait été présentée aux associations d’aide aux prostituées et travailleuses du sexe pour expliquer cette décision.
À Gerland, la préfecture reprend les méthodes de Gérard Collomb pour mettre dehors les prostituées
Depuis le départ de Gérard Collomb en 2020, les écologistes avaient mis sur pause une politique municipale visant à repousser les prostituées hors des murs de la ville via la mise en place d’arrêtés municipaux anti-camionnettes. Finalement, la décision a été prise par les services de l’État. Ce faisant, la préfète du Rhône reprend une stratégie à l’œuvre depuis 20 ans sur Lyon. Via ces interdictions de stationnement, elle repousse « les filles de Gerland », au risque de fragiliser un public déjà extrêmement précaire.
Contactée, la préfecture nous précise que cet arrêté, prenant effet ce mercredi 3 mai, concerne notamment les rues Jean-Bouin et Jules-Carteret où sont stationnés nombre de camionnettes. « Des patrouilles de la Police Nationale interviendront pour faire respecter l’arrêté », ajoute-t-elle.
Dans son communiqué, la préfecture préfère mettre en avant le travail fait avec la « commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains. » Depuis sa mise en œuvre fin 2018, 70 personnes ont pu bénéficier d’un parcours de sortie de prostitution, les dits « PSP ». « 82 % des personnes sont en emploi, dont 41 % en logement et 59 % en logement accompagné », se félicite la préfecture.
En avril, nous avions interrogé des travailleuses du sexe au sujet de la polémique autour de la plaine des jeux et d’une potentielle expulsion. Elles avaient demandé des échanges avec les services de l’État et, pourquoi pas, un autre lieu de vie, de façon à continuer leur activité sans être isolées. Elles avaient également proposé des discussions, notamment avec les parents d’élèves de la plaine des jeux. Visiblement, leur parole n’a pas été écoutée.
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