Malgré une baisse du nombre de manifestants, l’intersyndicale a réussi à mobiliser encore largement ce mardi 28 mars pour cette 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Alors que cette réforme est passée en force depuis plus d’une semaine à l’Assemblée nationale, la colère ne semble pas retomber face à une réforme plus qu’impopulaire.
La loi est actuellement entre les mains du Conseil constitutionnel, qui doit vérifier la conformité du projet de loi avec la Constitution, dans un délai d’un mois maximum. L’intersyndicale continue d’appeler le président de la République, Emmanuel Macron, à retirer cette réforme, ou au moins, la mettre en pause.
Des blocages dans la région de Lyon ce matin
À Lyon, les syndicats et la jeunesse n’ont pas relâché la pression. Dès le matin, on pouvait dénombrer plusieurs blocages.
Près de Lyon, à Saint-Vulbas, la CGT a bloqué l’accès à la centrale nucléaire du Bugey. Seuls les salariés d’astreinte étaient autorisés par les grévistes à rentrer sur le site, explique la CGT Energie. Une partie de la production, de la tranche 3, est aussi à l’arrêt depuis vendredi 24 mars.
La circulation des trains entre Saint-Étienne et Lyon a également été perturbée, entre 7h et 8h30, par des cheminots en grève qui ont envahi les voies. Les grèves réduisent aussi le trafic, puisque la SNCF a annoncé, au niveau national, 1 TER sur 2 en moyenne, 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5 et 1 Intercité sur 4.
Une dizaine de lycées de la ville ont été bloqués, selon le syndicat La Voix Lycéenne, notamment les lycées Ampère, Lacassagne, Saint-Exupéry et Saint-Just.
Les deux campus de l’Université Lyon 2, à Bron et sur les quais du Rhône, sont également bloqués et aucune activité ne s’y tiendra.
Mardi 28 mars : un blocage historique du principal site de l’Université Lyon 3
Fait notable : le campus de la Manufacture des tabacs, principal campus de l’Université Lyon 3, est aussi touché par un blocus. Cette fac, historiquement marquée à droite, est très rarement perturbée lors de mouvements sociaux.
Lyon 3 manufacture bloquée ce matin 🔥🔥🔥 pic.twitter.com/N0GSheAfBM
— Solidaires Étudiant-e-s Lyon (@SolEtuLyon) March 28, 2023
Dans la matinée, une bagarre a éclaté à proximité du cours Albert Thomas. Selon plusieurs sources, les auteurs de l’attaque sont des militants d’extrême droite venus dans l’intention de « débloquer » le site de l’université. Ils ont été repoussés notamment par des membres du groupe antifasciste, la Jeune garde.
3000 manifestants en cortège de tête au départ de la Manufacture des Tabacs (Lyon 8e)
Comme d’habitude pour les grands rendez-vous sociaux, le cortège est parti de la Manufacture des tabacs (Lyon 8è), pour rejoindre la place Bellecour.
Les syndicats se sont félicités de la présence de 30 000 manifestants, tandis que la préfecture en décomptait 12 500. C’est moins que le jeudi 23 mars, où les syndicats avaient annoncé 55 000 manifestants dans les rues de Lyon, un chiffre record depuis le début du mouvement pour la première manifestation suite au recours au 49.3. La préfecture, elle, avançait 22 000 personnes, soit presque autant que lors de celle du 7 mars, journée de la plus forte mobilisation.
La préfecture a recensé 3000 manifestants en cortège de tête (cortège devant la banderole intersyndicale), dont 1000 personnes qui se sont constituées en black bloc. Des chiffres proches du 23 mars, et qui signe un tournant dans ces manifestations intersyndicales. Le cortège de tête agrège de plus en plus de manifestants, depuis ces deux dernières journées de mobilisation.
En fin d’après-midi, la préfecture du Rhône a communiqué le nombre d’interpellations réalisées au cours de la manifestation : 15. C’est un plus que lors de la précédente journée d’actions où 11 interpellations avaient été réalisées.
>> L’équipe de Rue89Lyon s’est mobilisée pour suivre la manifestation en direct.
Bonjour à tous et toutes, et bienvenue dans ce direct !
Plusieurs journalistes de Rue89Lyon seront sur le terrain cette après-midi pour suivre la 10e manifestation intersyndicale lyonnaise contre la réforme des retraites.
Il est 13h, heure de rendez-vous donné aux manifestants à la Manufacture des Tabacs (8e). Le cortège doit s’élancer sur le cours Gambetta d’ici peu.
Le campus de l’Universite Lyon 3 est bloqué depuis ce matin, et le blocage tient encore à 13 heures. C’est un blocage historique pour cette université, historiquement classée à droite, où les étudiants se mobilisent peu lors des mouvements sociaux.
Dans la matinée, une bagarre a éclaté à proximité du blocage. Selon plusieurs sources, les auteurs de l’attaque sont des militants d’extrême droite venus dans l’intention de « débloquer » le site de l’université. Ils ont été repoussés notamment par des membres du groupe antifasciste, la Jeune garde et des étudiant·es qui participaient au blocage.
Des lycéen·nes sont venus rejoindre le blocage de Lyon 3 quand ils et elles ont appris pour cette attaque. Plus tôt dans la matinée, ils et elles avaient bloqué leur lycée Saint Just (Lyon 5e), une première depuis des années. « On est fiers », disent les lycéen·nes.
Les syndicalistes de la CFDT s’installent doucement en ce début de manifestation.
La manifestation se met enfin en marche ! Les lycéen·nes ont formé un cortège plus important que les manifestations précédentes. « Ça va péter » chantent les manifestant·es.
Les renseignements territoriaux annonçaient, hier lundi 27 mars, que la mobilisation des jeunes pourrait doubler voire tripler en ce mardi 28 mars.
Nous retrouvons dans le cortège, Samy, de la CGT Pompiers. Rue89Lyon avait consacré un portrait à ce pompier et son collègue Pascal, sur l’impact de la réforme des retraites sur leur carrière.
« On est fatigués, c’est la 10e journée de mobilisation. On se lève très tôt, mais on va continuer », soutient-il.
Le cortège de tête est de nouveau particulièrement fourni à Lyon, et comporte beaucoup de jeunes. Le 23 mars, plusieurs milliers de manifestant·es avaient composé un cortège de tête. Aujourd’hui, on compte aussi une trentaine de gilets jaunes.
Parmi les banderoles des manifestants, l’une d’entre elles fait référence aux violences policières qui ont eu lieu le 25 mars à Sainte-Soline, lors d’un rassemblement contre les méga-bassines. Un manifestant est dans le coma, avec un pronostic vital engagé, après avoir reçu une grenade par les forces de l’ordre.
Un important dispositif policier est en cours tout le long du cour Gambetta, et encadre le cortège de tête, pour l’instant calme.
Pour se faire une idée de l’ampleur du cortège de tête, très diversifié :
« L’extrême violence c’est vous. Soutien à S. et a tous·tes les blessé·es ». Des manifestant·es commencent à former un black bloc à l’avant du cortège et sortent leurs banderoles, où ils et elles s’adressent au gouvernement.
Valentine a 25 ans, c’est la deuxième fois qu’elle vient manifester et qu’elle fait grève, car auparavant elle était en période d’essai. Avec sa pancarte, elle s’est placée dans le cortège de tête.
« Je travaille dans la tech, et je suis la seule meuf de ma boîte à manifester. Mes collègues ne me comprennent pas. Moi, je suis dans la rue pour moi, mais aussi pour ceux qui ont moins », explique-t-elle.
Elle se rend compte que jusqu’ici les manifestations n’ont pas debouché au retrait de la réforme, selon elle « parce que ceux qui ont beaucoup ne font pas grève. » Elle a peur que le mouvement ne s’essouffle.
Premières dégradations de banques et premiers tirs de gaz lacrymogènes près de l’arrêt de métro Saxe-Gambetta.
La BNP Paribas a été particulièrement prise pour cible, des manifestants ont réussi à casser la porte et à pénétrer dans les locaux. La BNP Paribas a aussi été ciblée ce mardi 28 mars… par le Parquet national financier, qui a mené des perquisitions au siège de la banque. La BNP Paribas est soupçonnée de « fraude fiscale aggravée » avec 4 autres banques françaises.
Mathieu a 30 ans. Il porte un gilet jaune mais a commencé à se mobiliser avant 2018. Ce week-end, il était à Sainte-Soline, pour manifester contre les méga bassines. Il manifeste aujourd’hui contre la réforme des retraites mais aussi en « solidarité avec le camarade blessé ». Un manifestant contre les méga bassines, S., a été gravement blessé par les gendarmes et se trouve actuellement dans le coma.
« On se laissera pas faire par l’autoritarisme qui plane. C’est important de montrer qu’on va pas se laisser abattre. Le gouvernement veut nous intimider. Ils en mutilent un pour en impressionner mille », analyse-t-il.
Le bloc, en ligne place Gabriel Péri.
On dénombre déjà 5 interpellations de manifestants, selon la préfecture.
La tête de cortège arrive maintenant sur le pont de la Guillotière et se dirige vers la rue de la Barre. À peine arrivés au milieu du pont, les manifestants du black bloc et du cortège de tête subissent des tirs de gaz lacrymogènes.
La tête de cortège est arrivée en face de la rue de la Barre. Aux premiers jets de projectiles des manifestants, les forces de l’ordre répliquent avec des canons à eau, qui font leur retour. Jeudi 23 mars, lors de la précédente manifestation, les forces de l’ordre ne disposaient d’aucun canon à eau rue de la Barre, ni de barrières.
Cette fois, en plus du camion qui porte un canon à eau, les forces de l’ordre ont également deux canons à eau posés à terre, derrière des grillages noirs, pour repousser les manifestants.
Comme le 23 mars, des manifestants tentent de bloquer la circulation en contrebas, sur le quai Gailleton. Quelques minutes plus tard, plus aucune voiture n’y circule. La circulation a été coupée ou redirigée en amont. Alors que la double voie est vide, des manifestants jettent des blocs de pierre en contrebas.
L’intersyndicale et le service d’ordre poursuivent leur route et ont réussi à dépasser la rue de la Barre, sous les canons à eau.
Une partie du cortège, environ 200 personnes, descendent sur la voirie en contrebas, quai Gailleton (Lyon 2e) et tentent de poursuivre leur chemin, plus loin que la place Antonin Poncet. Ils sont rejoints par d’autres manifestants par la suite, avec une banderole.
Près de l’enseigne Gibert Joseph, les manifestants ont allumé un feu.
Les forces de l’ordre chargent face aux manifestants qui leurs jettent divers projectiles, quai Gailleton. Les lanceurs de LBD sont sortis.
L’intersyndicale annonce à la sono 30 000 manifestants à Lyon. Une baisse de la mobilisation par rapport au 23 mars, mais un chiffre qui reste élevé. Au même moment, la place Antonin Poncet est noyée sous les gaz lacrymogènes.
La préfecture annonce de son côté 12 500 manifestants, dont 3000 en cortège de tête et un black bloc de 1000 personnes.
Tout une partie du cortège n’est pas encore arrivée place Bellecour, plus de trois heures après le début de la manifestation.
La fin du cortège est arrivée place Bellecour, qui commence à se vider petit à petit. Les policiers fouillent les manifestants sur les points de contrôle dans les rues adjacentes, notamment rue de la République. C’est la fin de ce live, merci à tous et toutes de l’avoir suivi !
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