« Un massacre social et éditorial. » C’est ainsi que les syndicats de journalistes qualifient le vaste plan de licenciement annoncé le 2 mars dernier chez Euronews. Cette chaîne de télévision multilingue, implantée à Lyon, comptait 349 salarié·es. Plus de la moitié vont perdre leur emploi : 197 salarié·es sont concerné·es, dont 128 journalistes, 58 technicien·nes et 12 administratifs.
En réaction, les salarié·es ont décidé de se mettre en grève dès ce jeudi 16 mars à 17h. Celle-ci doit durer jusqu’au lundi 20 mars à 6h30.
Une grève de 4 jours, de jeudi 17h à lundi 6h30, vient d’être votée par les salariés d’Euronews réunis en AG contre le plan de 200 licenciements sur près de 350 salariés dont les 2/3 de la rédaction #greveeuronews @SNJ_national pic.twitter.com/SaT2FoUhsF
— Marie Jamet (@missmeee) March 16, 2023
À Lyon, vague de licenciements et délocalisation d’Euronews
Créée en 1993, la chaîne Euronews a été rachetée en juin 2022 par le fonds d’investissement portugais Alpac Capital. Le directeur général, Guillaume Dubois, avait lancé une première réorganisation un mois plus tard, supprimant déjà quelques postes au passage. Le 2 mars dernier, il a motivé ces 197 licenciements par un redéploiement de l’entreprise à Bruxelles et dans d’autres capitales européennes.
« Notre nouvelle organisation et notre transformation éditoriale vont renforcer l’identité européenne de la chaîne. Nous voulons d’abord être un média d’information européen pour les Européens », assurait-il aux Échos.
Mais, même ailleurs, les salarié·es licencié·es n’ont en réalité aucune garantie de retrouver leur emploi, dénoncent les syndicats dans un communiqué publié ce mardi 14 mars :
« Tous les postes ne sont pas recréés et pour ceux qui le sont, ils seront ouverts au recrutement externe. Les salarié·es licencié·es n’ont aucune garantie de retrouver leur propre emploi, quand celui-ci est recréé. »
Certain·es d’entre eux risquent de se retrouver dans une situation particulièrement délicate. Les syndicats alertent sur le devenir « des consœurs et des confrères russes et turcs qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays sous peine d’être emprisonné·es. »
Le détricotage d’Euronews par Alpac Capital
En plus des conséquences humaines de cette vague de licenciements, les syndicats souhaitent attirer l’attention sur le devenir éditorial d’Euronews. Ils dénoncent un glissement des tâches journalistiques vers un travail robotique :
« Demain, le travail des journalistes des bureaux nationaux consistera à corriger, amender et mixer une traduction automatique d’articles et commentaires vidéo écrits dans une autre langue ».
Au revoir, le multilinguisme de qualité qui faisait la richesse d’Euronews, impossible à assurer sans les effectifs nécessaires.
Les syndicats s’inquiètent aussi de la suite. D’après eux, Alpac Capital a décidé de sous-traiter toutes les activités de tournage et de production de magazines, laissant présager une nouvelle vague de licenciements. À terme, le fonds d’investissement souhaiterait carrément se débarrasser de l’emblématique bâtiment vert pomme occupé par Euronews dans le quartier de la Confluence (Lyon 2e).
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