Au coeur d’un petit terrain boisé, deux bâtisses vides au 55 rue Henri Gorjus devraient accueillir une trentaine de jeunes dont s’occupe le collectif soutien/migrants Croix-Rousse. Ces deux maisons ont été investies par le collectif pour y installer un squat. La Ville de Lyon est propriétaire des bâtiments mais il ne s’agit pas d’un squat officiel ou conventionné.
Ces jeunes viennent pour la plupart d’Afrique subsaharienne et leur minorité n’a pas été confirmée par le centre d’évaluation de la Métropole de Lyon, confié à l’association Forum Réfugiés (CMAE). Ils sont en recours devant le juge des enfants pour être reconnus mineurs. Dans la métropole, 80% de ceux qui font ce recours sont finalement considérés mineurs.
En attendant, leur situation administrative est floue, sans instance identifiée pour les mettre à l’abri. Si certains jeunes dans ce cas ont pu être pris en charge par la Métropole de Lyon, la préfecture ou la Ville de Lyon, d’autres dorment encore dehors. Le collectif soutiens/migrants Croix-Rousse, qui assure le soutien logistique et moral de ces jeunes depuis plusieurs années, a donc décidé d’ouvrir un squat.
Un squat pour les jeunes migrants qui dorment dehors à la Croix-Rousse
« Il y a une dizaine de jeunes qui sortent de l’évaluation chaque semaine et pour qui il n’y pas de solutions. Nous sommes début novembre et il n’est pas question pour nous qu’ils dorment à la rue », justifie le collectif.
Ce jeudi 3 novembre vers 15h, quelques militants nous font entrer sur le petit terrain qui entoure les deux bâtisses. Des lits de camps sont installés dans un garage, et les militants disent avoir passé la nuit sur le lieu. Une première maison de 190 m² cache une autre maison de 195 m² située de l’autre côté du terrain près du portail qui donne sur la rue Gorjus. Le collectif précise sa démarche :
« Ce squat permet de créer des places d’hébergement pour une trentaine de personnes. C’est aussi un moyen de pression pour revendiquer que ces jeunes devraient être pris en charge par les institutions. »
Le collectif aimerait notamment que la Métropole, la préfecture ou la Ville de Lyon envoient en appui des travailleurs sociaux et une aide à la logistique, notamment pour les repas des jeunes. Reste à savoir si la Ville de Lyon acceptera l’occupation de sa parcelle.
Car l’acquisition de ces propriétés par la mairie est inscrite dans un délibéré du conseil municipal de juillet 2021. Il indique que cette parcelle a été achetée « en vue de réaliser un espace vert et un terrain de sport » et « un nouveau maillon de la trame verte Est-ouest (…) permettant une traversée de la rue Sambardier à la rue Gorjus ». La Ville, qui a mis en place un plan Zéro enfant à la rue, pourrait cependant choisir de ne pas vouloir récupérer immédiatement son bien, voire de conventionner le squat.
Le besoin d’un squat malgré les dispositifs institutionnels à Lyon
Début juillet 2022, fermait le Chemineur. Ce squat, situé près de la rue Denfert-Rochereau dans le 4e, a accueilli une quarantaine de ces jeunes migrants pendant plus d’un an. Il a été fermé après un accord avec la Métropole de Lyon et la préfecture qui a pris en charge les jeunes via un dispositif appelé « Station 2 ».
Une quarantaine de places ont été ouvertes pour mettre à l’abri les exilés le temps de leur recours devant le juge. Un complément à la cinquantaine de places déjà créées en 2021 par la Métropole de Lyon dans une première « Station ».
Malgré ce dispositif, un campement avait été installé cet été dans le square Ferrié près de Hénon. Fin septembre, près de 70 jeunes migrants y vivaient dans des tentes. La Ville de Lyon avait alors ouvert un gymnase dans le 8e arrondissement de Lyon pour les héberger, avec l’aide d’une association. Il les accueille toujours ce samedi 5 novembre, jusqu’à qu’ils soient pris en charge dans les Stations.
Le collectif soutiens/migrants Croix-Rousse estime qu’une trentaine de jeunes restent encore sur le carreau. Ils demandent l’ouverture de 150 à 200 places dans les Stations, ce qui permettraient d’assurer leur mise à l’abri le temps du recours, avant qu’ils ne soient pris en charge – pour la grande majorité – par l’aide à l’enfance.
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