A l’arrêt depuis une dizaine de jours, la raffinerie de Feyzin, située à une dizaine de kilomètres au sud de Lyon, a été autorisée à redémarrer ce mercredi 20 juillet au soir.
Le 9 juillet dernier, une épaisse fumée noire s’est élevée pendant de longues heures au-dessus de la raffinerie, propriété de la société TotalEnergies Raffinage France. En cause, un court-circuit qui aurait provoqué l’incendie d’un transformateur, entraînant une coupure d’électricité générale et l’arrêt du site. Les torchères ont alors pris le relais par mesure de sécurité, dégageant cet inhabituel nuage de fumée noire.
Les syndicats craignent d’autres incidents similaires, faute d’investissements de la part de Total.
Des dysfonctionnements à la raffinerie de Feyzin, au sud de Lyon
Deux jours après l’incendie du transformateur, le 11 juillet, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) s’est rendue à la raffinerie. Suite à cette visite, dans un arrêté en date du 13 juillet, la préfecture du Rhône et la DREAL ont enjoint à Total de prendre plusieurs mesures avant de pouvoir autoriser le redémarrage des installations. Ainsi, la DREAL note que l’incident du 9 juillet a mis en lumière plusieurs dysfonctionnements, dont « la recherche des causes […] et leurs conséquences sur la sécurité des installations doit être approfondie », pour éviter un nouvel événement similaire, voire plus grave.
Ce mercredi 20 juillet, la direction a annoncé le redémarrage progressif du site, en alertant sur l’utilisation des torchères qui devraient recracher des flammes impressionnantes. D’après Le Progrès, une enquête est toujours en cours pour déterminer les causes de ce court-circuit à l’origine de l’incendie du 9 juillet.
Les syndicats ont, de leur côté, demandé et validé une commission d’enquête indépendante du CSE pour avoir accès à tous les documents et s’assurer que les mesures préconisées ont bien été prises.
« On tire de plus en plus sur la machine, et aujourd’hui on en voit le résultat »
Pour Sébastien Saliba, militant CGT, délégué syndical et élu au CSE de la raffinerie, ainsi que Ivan Clément, militant CGT et élu CSE, « il faut des investissements majeurs, sans lesquels notre outil de travail dépérit. On tire de plus en plus sur la machine, et aujourd’hui on en voit le résultat ».
Et il n’y a pas que la machine qui soit usée. La CGT évoque des salariés en souffrance, dans des services en sous-effectif.
« Il y a un grand professionnalisme des employés mais il manque du personnel. Il y a de plus en plus d’intérimaires et de CDD qui ne sont pas pérennisés. Il y a également beaucoup de sous-traitance et comme les contrats sont tirés à la baisse constamment depuis des années, le nombre de collègues sous-traitants diminue aussi, ainsi que la qualité. »
Dans ces conditions, cet incident du 9 juillet ne sera pas le dernier, préviennent-ils.
« En 2021, on a eu pas mal d’événements majeurs déjà. Là, en dix mois on a eu un feu à la distillation atmosphérique, deux coupures d’électricité et maintenant ça. Quand est-ce que ça s’arrêtera ? »
Et de préciser d’un ton las :
« Nous alertons mensuellement l’inspection du travail et la DREAL sur des problématiques graves. Nous avons également interpellé le ministre de la santé et le ministre du travail fin 2020 sur des problématiques qui ne sont toujours pas résolues. »
Le 28 juillet prochain, la CGT de TotalEnergies appelle par ailleurs l’ensemble du groupe et de ses filiales en France à une mobilisation nationale pour réclamer une revalorisation des salaires. A Lyon, la raffinerie de Feyzin devrait suivre le mouvement.
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