« D’abord je voudrais commencer par attirer l’attention des autorités françaises sur mon état d’esprit, depuis que je me trouve en France. Je me sens vraiment très mal, je suis désespéré ».
MacQueen, 26 ans, a fui le Nigéria en 2015 en raison de persécutions qu’il a subies en tant que gay. D’abord passé par l’Italie où sa demande d’asile a été rejetée, il est arrivé en France en 2017. Sa demande a été rejetée par l’office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
A Lyon, Pourquoi un refus d’asile à ces personnes se présentant comme LGBTI ?
Pour Jean-Yves Brunel, président du collectif Migrations, Minorités Sexuelles et de Genre (2MSG), l’OFPRA et la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) dérogent à leur rôle :
« Il s’agit de leur responsabilité. Non pas d’une option. C’est la légitimité de leur travail qui est remis en cause lorsqu’elles laissent des personnes LGBTI en demande d’asile sans la protection dont elles ont besoin ».
Avant d’ajouter :
« Il y a une constante. C’est l’hypocrisie de prétendre accueillir les personnes réfugiées mais dans le même temps, refuser l’accueil aux personnes africaines qui ne représenterait pas une immigration de qualité ».
MacQueen, frustré, déclare :
« La manière dont l’OFPRA et le CNDA traitent le cas des personnes LGBT est complètement inappropriée, comme s’ils n’en avaient rien à faire de notre situation. Ils oublient que les migrants sont d’abord des humains ».
Un manque de considération ressenti aussi par Joe :
« Au bout de trois mois, on a rejeté ma demande et on m’a dit qu’on ne croyait pas mon histoire. L’OFPRA ne m’a pas cru quand je leur ai dit que ma mère était morte, que j’ai été emprisonné en Libye, et que j’étais homosexuel ».
Il rajoute :
« La CNDA pose des questions qui sont hors-sujet. Par exemple, on m’a demandé : comment savez-vous que vous êtes homosexuel ? ».
Le « non-respect de la convention de Genève » face aux demandes d’asile des personnes LGBTI
Joe, qui a quitté le Nigéria en 2011, explique que c’est bien à cause de son orientation sexuelle que sa vie serait en grave danger s’il devait retourner dans son pays d’origine. Il raconte :
« Mon trajet a été un enfer. Lorsque je suis passé par la Libye où l’on m’a arrêté, on m’a emprisonné et on m’a vendu comme esclave. Après un an, j’ai réussi à m’enfuir pour aller en Italie. J’ai raconté aux autorités italiennes ce qu’était ma vie et on ne m’a pas cru. Ma demande d’asile a été rejetée. J’ai essayé de me suicider ».
Sa mère aurait été assassinée en 2016 par la famille de son ancien amant qui le tenait pour responsable de l’orientation sexuelle de leur fils.
« J’ai envie de me suicider parce que je ne vois plus de but dans ma vie«
Le collectif 2MSG est la seule entité à leur fournir de l’aide, à ce jour. 2MSG lutte notamment pour le respect des droits et contre les discriminations des LGBTI. Joe, Wilfried et MacQueen sont reconnaissants envers le collectif. Ils en parlent comme de leur famille, une famille qui écoute, qui comprend, qui aide. C’est leur seule source de bien-être et d’espoir dans le monde où ils vivent.
Pris par l’émotion, Wilfried enchaîne les mots, le cœur gros :
« Le fait d’être sans papiers dans ce pays, ça vous donne envie de vous suicider. Parfois, je me rends le long de la rivière et j’ai juste envie de sauter dedans. J’ai envie de me suicider parce que je ne vois plus de but dans ma vie. Je pleure tous les jours. J’ai envie que ça change mais les choses deviennent pires de jour en jour. Je demande au gouvernement de nous aider. S’il vous plait, essayez de nous donner l’asile ».
Si l’attente est longue pour toute demande d’asile, les trois personnes que l’on a rencontrées ce vendredi 20 mai, à Lyon, espèrent que leurs témoignages trouveront un écho.
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