Il règne une animation inhabituelle ce mercredi 18 mai, sur les quais Arloing. En contrebas du pont Kœning, une dizaine d’élus et de représentants d’institutions assistent à l’arrivée d’un bateau moteur. Parti à 5h du port de Villefranche-sur-Saône, Le Tourville est arrivé sans encombre à Lyon, à 9h.
A son bord : 30 kg de fromage, 57 cartons pour 342 bouteilles de beaujolais et 50 tonnes de produits de BTP pour une « expérimentation » de logistique urbaine. Sur le bateau, une grue se met en mouvement pour décharger les marchandises. A quai, un vélo-cargo et une camionnette les attendent. Les bouteilles et le fromage vont être transportés dans des commerces proches, comme le Troisième fleuve, une boutique de la rue de Valmy.
« On est parti de comment transporter le vin, indique Mathieu Gleizes, délégué général de l’association Medlink Ports, rassemblant plusieurs acteurs du transport fluvial. On voulait montrer qu’il était possible de faire des choses avec des lieux existants. »
Transport fluvial à Lyon : « On est prêt, on sait faire et c’est faisable »
A terre, aucun aménagement n’a été nécessaire. Le bateau a déchargé sa cargaison et est reparti au sud pour un stop sur le quai Fulchiron. Sa route s’est terminée au port Edouard-Herriot vers midi où il a déchargé des produits BTP pour l’entreprise Plattard, installée à Villefranche-sur-Saône.
« Le but de l’expérimentation, c’était de dire : on est prêt, on sait faire et c’est faisable », marque le directeur du port de Villefranche-sur-Saône, Florent Dupré.
A l’origine de cette initiative, ce passionné du fluvial plaide pour un retour du transport fluvial, tombé progressivement en désuétude. Moins polluant, permettant d’éviter les poids-lourds, les bouchons sur les routes,… ses avantages sont multiples. Via cette action, l’idée était de montrer que le tout peut se faire vite.
ZFE à Lyon, autonomie alimentaire… Les réponses du transport fluvial
« Pour renforcer l’autonomie alimentaire de la métropole et répondre aux besoins liés à la Zone à faibles émissions (ZFE), il faut de toute façon passer par d’autres types de transport », note à ses côtés Fabien Michel, directeur commercial chez Eiffage, et partenaire de l’action.
Intéressé par ce potentiel développement, il est venu proposer les services du groupe aux élus pour de potentiels aménagements, à la marge. Ces travaux pour accueillir les marchandises seraient des « points de détails », selon le directeur du port de Villefranche. Pour lui, il s’agirait, au pire, de chantiers pour permettre aux vélos-cargos, transportant jusqu’à 120 kg, d’accéder plus facilement aux quais.
« On a pas besoin d’attendre et on n’a pas besoin d’investir plusieurs millions pour commencer », affirme-t-il.
Logistique urbaine : élargir les pistes cyclables pour les vélos-cargos
Objectif : convaincre les acteurs locaux de s’investir plus dans ces projets. Si les deux stops se sont faits sur des quais appartenant à Voies navigables de France (VNF), les autres sont gérés par les collectivités locales.
« On discute avec VNF, le port de Villefranche et d’autres pour montrer l’intérêt de ce type de transport, assure Valentin Lungenstrass, adjoint EELV au maire de Lyon en charge des mobilités et de la logistique urbaine. Le rôle de la ville sera de faciliter cette mise en place et de faire le lien. »
Il revient notamment sur l’intérêt d’élargir les pistes cyclables pour faire passer les vélos-cargos :
« Il y a un vrai enjeu économique sur cette question ! »
Prochain rendez-vous ? Le 29 juin, la ville devrait accueillir officiellement l’entreprise ULS à Lyon. Cette dernière va assurer un système de livraison alliant bateau-moteur et vélo-cargo du port Edouard Herriot au Pont Morrand, côté quai du Rhône.
Et pour la suite ? Long de 80 mètres, un bateau comme Le Tourville est capable de transporter 800 tonnes de marchandises. De quoi remplacer potentiellement 28 camions à condition que des quais soient à disposition. Ces derniers existent. Reste à s’en servir.
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