À trois jours du second tour qui opposera Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les militants de Reconquête !, du Rhône sont dans l’attente. Après avoir sur-joué ses différences avec la candidate d’extrême-droite avant le premier tour, Éric Zemmour a appelé à voter pour Marine Le Pen, contre Emmanuel Macron.
En retrait, les partisans rhodaniens d’Éric Zemmour gardent les yeux rivés sur les résultats du second tour, qui pourraient déterminer l’impulsion donnée à leur jeune mouvement, en particulier face aux élections législatives de juin prochain.
Une activité militante réduite dans l’entre-deux tours
« À titre d’exemple, depuis vendredi 8 avril au soir 23h59, et jusqu’à maintenant, j’ai cessé toute activité de militantisme », résume Olivier Pirra, représentant dans le Rhône de Reconquête !, également trésorier du mouvement chrétien « VIA, la voie du peuple ».
Pas de tracts distribués, d’affiches collées ou de marchés sillonnés pour aider à la victoire de Marine Le Pen, pourtant désignée par Éric Zemmour comme la candidate de ce second tour.
Ce n’est pas forcément le cas de tous les soutiens rhodaniens du candidat conservateur. Sans engouement particulier, Olivier Pirra détaille auprès de Rue89Lyon :
« Chacun est libre, les militants peuvent faire ce qu’ils veulent. Certains donnent sûrement des coups de main pour coller des affiches, mais je n’ai pas le sentiment que ce soit très massif. Il n’y a pas eu de demande du Rassemblement National ».
« On espère une victoire de Marine Le Pen car si ce n’est pas elle, c’est Emmanuel Macron »
Olivier Pirra le martèle, l’appel à voter Marine Le Pen est surtout un appel à « faire barrage », reprenant l’expression habituellement utilisée en direction de l’extrême-droite, à Emmanuel Macron. « Le constat qu’on fait, c’est que le bilan d’Emmanuel Macron est catastrophique à tout point de vue, il est assez logique de vouloir empêcher sa victoire à tout prix », résume Olivier Pirra.
« Chacun mettra le curseur où il veut : s’il vote contre Emmanuel Macron ou plus par conviction pour Marine Le Pen », élude Olivier Pirra.
En tout cas, chez les partisans d’Éric Zemmour, « on espère la victoire de Marine Le Pen » pour éliminer Emmanuel Macron mais pas seulement. La candidate, si elle était élue, aurait alors besoin d’une large majorité à l’Assemblée nationale pour envisager d’appliquer son programme. Ce qui n’est pas gagné. Au premier tour de l’élection présidentielle, les voix se sont divisées dans trois blocs quasiment équivalents, entre Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Les partisans d’Éric Zemmour font cap vers les législatives
Les 7% des voix que représente Éric Zemmour pèsent nécessairement aux yeux de la représentante du Rassemblement national. Du côté de Reconquête !, des députés élus permettraient au parti d’entrer dans les institutions et de faire perdurer un mouvement né ex-nihilo il y a quelques mois, quitte à être noyés dans une majorité.
« On a des candidats pour toutes les circonscriptions. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de tous les partis, que ce soit le Rassemblement national ou Les Républicains », assure Olivier Pirra.
Et malgré le posture actuelle du RN qui refuse de s’allier, les liens ne sont pas rompus dans le Rhône. « Je continue à avoir des échanges avec des interlocuteurs locaux du Rassemblement national. Ce sont des échanges informels et qui n’engagent à rien », confie Olivier Pirra.
« Si on part divisés, la droite n’existera pas. On attend aussi des réponses de certains Républicains, comme Eric Ciotti, ou Laurent Wauquiez », déclare-t-il, comme une perche tendue.

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