Samedi 26 mars 2022, rue de la Charité (Lyon 2e), le matin, des militants de Lyon Populaire sont de sortie. Devant un magasin Super U, à quelques mètres de la place Bellecour, cinq membres du groupuscule héritier du Bastion Social organisent une récolte « pour les civils ukrainiens subissant la guerre ».
Ils rassemblent, derrière une table recouverte d’un drapeau ukrainien, denrées alimentaires, matériel médical et produits d’hygiène. Ces dons sont censés être ensuite envoyés aux réfugiés ukrainiens via des convois organisés avec les Braves, réseau communautariste blanc implanté en Europe de l’Est, au nom de la « fraternité européenne ».
Voilà pour la vitrine officielle. Ensuite, place à la baston. Trois militants ont pris la route de Clermont-Ferrand dans la foulée, pour se joindre aux néonazis locaux et « chasser » des militants antifascistes.
Le Guignol Squad à Clermont-Ferrand : l’extrême droite lyonnaise s’exporte
A Clermont-Ferrand, les Lyonnais retrouvent leurs camarades locaux au bar, accompagnés de nationalistes venus de Bourg-en-Bresse. L’occasion d’observer la manifestation « contre les extrêmes-droites et leurs idées » qui se tient dans les rues de la capitale auvergnate. Depuis la terrasse, ils observent et préparent leur expédition punitive.
La manifestation terminée, les nationalistes vont « chercher » les militants antifascistes, rassemblés à proximité de la Maison du peuple, espace culturel et syndical clermontois. L’attaque est brève mais violente. Les nationalistes « rattrapent et corrigent » certains antifascistes, assénant coups de casque, coups de ceinture et frappant un jeune tombé au sol. Bilan de l’attaque : deux blessés parmi les antifas selon nos confrères de Mediacoop.
Les assaillants – seize selon eux-mêmes, une quarantaine selon les antifas locaux – ne sont pas inconnus. Ils ne se cachent pas non plus, en témoigne leur revendication publiée sur le canal Telegram Ouest Casual. Il y a d’abord les locaux de l’étape, militants de Clermont-Ferrand Nationaliste. Un groupe qui affiche, en ligne ou sur les murs, son idéologie néonazie et n’hésite pas à revendiquer ses agressions sur Telegram, où son canal est régulièrement suspendu.
A leurs côtés, trois militants de Lyon Populaire sont venus grossir les rangs nationalistes, sous la bannière du Guignol Squad. Un prête-nom utilisé par les militants radicaux lyonnais pour revendiquer leurs actions violentes, apparu durant le mouvement des Gilets Jaunes.
Des habitués du coup de poing
Parmi les Lyonnais en vadrouille, on retrouve des têtes connues des mobilisations rhodaniennes.
Selon nos informations, Eliot Bertin, l’un des leaders de Lyon Populaire impliqué en juin dernier dans des violences rue Mercière, est présent au cours de cette attaque. E., autre membre actif de Lyon Populaire, était également de la partie, assénant un coup de pied au militant à terre. Un habitué des rassemblements nationalistes. Membre du service d’ordre de la Manif pour Tous en octobre 2020, il était également présent lors des violences du 31 janvier 2021, en marge d’une manifestation organisée par la Manif pour tous. Aux côtés de militants lyonnais armés de gants coqués ou de ceintures, il participait ce jour-là à l’attaque de la contre-manifestation, objet contondant en main.
Eliot Bertin et E. sont accompagnés d’un troisième militant de Lyon Populaire, reconnaissable à son polo Fred Perry. Présent à la récolte de samedi matin, on le retrouve effectuant un salut du Kühnen l’après-midi. Un salut à trois doigts en vogue à l’extrême-droite pour contourner la législation sur le salut nazi.
Contactée ce lundi, la préfecture du Puy-de-Dôme nous a répondu que « personne n’avait été interpellée ».
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