[Info Rue89Lyon] Une procédure de dissolution a été engagée le jeudi 17 mars 2022 par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, contre le Groupe antifasciste Lyon et environs.
Après le média Nantes Révoltée, c’est maintenant un groupe antifasciste lyonnais qui est dans le viseur de Gérald Darmanin. Le 17 mars, le Groupe antifasciste Lyon et environs – connu sous l’acronyme la GALE – s’est vu notifier une procédure de dissolution, que Rue89Lyon a pu consulter, engagée par le ministère de l’intérieur à leur encontre.
C’est la première fois qu’un groupe antifasciste est dissous en France. Laquelle dissolution a été actée le mercredi 30 mars.
« Je pense qu’on est les premiers d’une longue série »
« On s’y attendait un peu, reconnaît Florent (le prénom a été modifié), un antifasciste lyonnais de longue date, contacté par Rue89Lyon. Comme ça avait échoué avec Nantes Révoltée, on pensait que finalement, ils n’allaient peut-être pas s’en prendre à nous. »
Les motivations de cette procédure de dissolution s’étalent sur trois pages et remontent aux débuts du groupe antifasciste, en 2014. Manifestations, posts Facebook, tweets, relais sur les réseaux sociaux… Tout a été passé au crible.
« On va devoir tout décortiquer, se lamente Florent. On nous reproche toutes les manifs qu’on a pu appeler rejoindre et qui sont parties en sucette, même si on n’y était pas. On nous reproche aussi beaucoup nos posts sur Twitter et Facebook, depuis 2014. Ainsi que tout ce qui est sur la vidéo de Livre Noir tournée lors du dernier Antifa Fest. »
Beaucoup d’éléments recensés, « sans rien de très concret » cependant, affirme le jeune homme.
« Avec tous ces motifs, on peut dissoudre pas mal de groupes en France, chez les antifascistes ou l’écologie radicale, observe Florent. Je pense qu’on est les premiers d’une longue série. »
« On est traité exactement comme Génération identitaire ! »
Un an auparavant, presque jour pour jour, le Conseil des ministres avait acté la dissolution du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, basé à Lyon. Une mesure toute relative, puisque ses membres continuent leurs activités sous un autre nom, dans des locaux restés ouverts comme nous l’expliquions dans cet article.
« On est traité exactement comme Génération identitaire, c’est fou ! poursuit Florent. Je comprends qu’on dissolve des organisations qui prônent les discriminations, mais nous on à rien à voir là-dedans. Ça fait des années qu’on se bat pour ne pas qu’on nous renvoie dos à dos avec l’extrême droite. Aujourd’hui, c’est un retour en arrière. On ne peut quand même pas se mettre à dire que les Résistants n’étaient pas très cool parce qu’ils s’en sont pris à des nazis ! »
Pour lui, cette notification de dissolution d’un groupe antifasciste dénote une dérive dangereuse du gouvernement, qui pourrait s’aggraver selon le ou la candidat·e élu·e en avril prochain à la Présidence de la République française :
« On nous reproche de critiquer l’État et le système policier français sur les réseaux sociaux. On nous dit clairement d’arrêter de critiquer sinon on nous fera fermer notre gueule. »
Des appels à la dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs
Dès le mois de décembre 2021, la GALE avait été menacée de dissolution suite à des propos anti-police tenus lors d’un concert du Lyon Antifa Fest. Le président de Région, Laurent Wauquiez, avait même annoncé à l’association qui accueillait habituellement l’événement, le CCO de Villeurbanne, qu’elle risquait de se voir sucrer ses subventions si elle recevait l’édition 2021 du Lyon Antifa Fest. Alors même que le festival n’était pas encore affiché sur la programmation de la salle. Finalement, l’événement avait dû déménager au Grrrnd Zero, à Vaulx-en-Velin.
En janvier, la GALE avait appelé à rejoindre la mobilisation organisée à Lyon le 5 mars contre le géant de l’agrochimie Bayer-Monsanto. Dans la foulée, des élus locaux de la droite et du centre avaient demandé la dissolution du groupe antifasciste.
Il semble qu’ils aient été entendus. Les militant·es de la GALE ont eu dix jours pour se défendre.
Des mobilisations en soutien au groupe antifasciste ont été lancées par le « comité de soutien du 23 septembre ».
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