L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) Auvergne-Rhône-Alpes détaille dans une étude le logement des jeunes actifs (18-29 ans) de la région. Sans surprise, on constate qu’il vaut mieux vivre à la campagne pour devenir propriétaires quand on est jeune.
L’étude met en évidence et pose des chiffres sur une situation perceptible par ailleurs : acheter dans les grandes villes et métropoles, comme celle de Lyon, n’est pas à la portée de tous, particulièrement des jeunes. Même pour les actifs (entendu au sens des jeunes ayant un emploi ou à la recherche d’un emploi)
La part de jeunes propriétaires dans ces zones, appelées « communes urbaines denses », baisse depuis 10 ans dans la région. Ils étaient 17% de propriétaires chez les 18-29 ans actifs en 2008, ils ne sont plus que 13% en 2018. Par comparaison, ils sont 37% à être propriétaires de leur logement dans les communes rurales et 42% dans les communes rurales sous influence d’un pôle urbain.
Contrairement à la situation dans les grandes villes, cette part de propriétaires parmi les jeunes actifs, augmente elle depuis 10 ans.
En moyenne, quasi un quart (24%) des jeunes actifs de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont propriétaires du logement qu’ils occupent. Toujours en moyenne, on accède à la propriété à 27 ans.
Les « Tanguy » plutôt en milieu rural que dans les grandes villes ?
« Le modèle du jeune chez ses parents, ce n’est pas l’image positive du Tanguy. C’est plutôt synonyme ou symbole de galère »
Jean-Philippe Grouthier, directeur de l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, un tiers des jeunes actifs de 18-29 ans habitent chez leurs parents. Et ce sont davantage de jeunes hommes que de jeunes femmes. L’image du jeune adulte urbain qui profite du domicile de ses parents au maximum, le temps de ses études notamment, ne se confirme pas dans les statistiques. Dans les communes des zones urbaines denses de la région, 75% des jeunes actifs habitent dans leur propre logement (qu’ils soient propriétaires ou locataires). Contre seulement 58% des jeunes actifs dans les communes rurales.
Est-ce à dire que les jeunes en milieu rural restent plus longtemps chez leurs parents ? Pas forcément.
22 ans est l’âge charnière selon l’Insee dans la région pour « voler de ses propres ailes ». Or, la majorité des jeunes actifs les plus âgés (au-delà de 23 ans) vivent dans les communes denses. Les jeunes actifs résidant chez leurs parents en milieu plus rural sont donc plus jeune que ceux des villes. Entre 18 et 22 ans, les jeunes actifs ont nécessairement un niveau de diplôme plus faible ou sont en apprentissage. Ils sont donc dans une situation face à l’emploi plus précaire ou moins bien rémunérée que les jeunes actifs plus âgés. Les incitant ainsi à rester encore quelque temps chez leurs parents (ou l’un des deux).
« L’étude montre bien que le parcours de logement est fortement relié aux revenus. Tant par le niveau que leur permanence. Pour avoir son logement, plusieurs facteurs déterminants apparaissent : être en emploi, être en CDI et le niveau de diplômes »
Jean-Philippe Grouthier, directeur de l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes
Dans les villes, des jeunes actifs diplômés et sans enfants
A contrario, dans les grandes villes et communes denses des grandes agglomérations, ont y vit davantage seul. Dans les communes urbaines denses 37% des jeunes actifs vivent seuls contre 20% dans les communes rurales.
Dans ces communes, on retrouve assez peu de jeunes actifs avec enfants. Ils ne sont que 13% contre 34% dans les communes rurales. Le niveau d’études et leur durée retardant l’arrivée en emploi, elles retardent également l’arrivée des enfants. Les jeunes actifs dans les villes habitent des logements plus petits que ceux des communes rurales et sont surtout locataires.
A l’inverse, en milieu rural, les jeunes actifs sont davantage propriétaires que ceux des zones urbaines. Une situation qui s’explique par les prix du marché immobilier et de l’offre disponible :
« En milieu rural, l’offre en logement locatif est très faible par rapport aux zones urbaines. Les jeunes actifs qui résident dans leur propre logement sont donc plus souvent propriétaires que ceux des zones urbaines », indique-t-on du côté de la Dreal (Direction régionale de l’équipement, de l’aménagement et du logement) qui a mené l’étude en partenariat avec l’Insee.
Ainsi, en milieu plus rural, les jeunes actifs habitent plus largement en maison qu’en appartement. Du fait également d’une moindre offre de logements collectifs. Et ils sont également plus largement propriétaires, près de deux fois plus : 40% des jeunes actifs en milieu rural sont propriétaires contre 19% des jeunes actifs en milieu urbain.
Des chiffres qui viennent compléter d’autres analyses concernant Lyon et sa métropole. Des territoires qui génèrent une forte attractivité mais qui peuvent être un frein au fil du parcours de vie au regard de l’évolution des prix de l’immobilier. Cette étude sur le logement renforce donc l’idée que « plus on se rapproche des 30 ans et plus on aura tendance à acheter un pavillon plus éloigné de son lieu de travail », selon l’Insee.
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