Médiapart. La centrale est située dans la Drôme, à environ 200 km au sud de Lyon, au bord d’un canal qui se jette dans le Rhône.
Début décembre, une quantité importante de tritium a fui de la centrale nucléaire du Tricastin, dans la Drôme, au sud de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour EDF comme pour l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), cette fuite n’a pas eu de conséquence sanitaire. Une conclusion contestée par certains éléments recueillis par Mediapart.
Une fuite d’une « énorme quantité de tritium » à la centrale nucléaire du Tricastin
Le 26 décembre, au lendemain de Noël, nos collègues de Mediapart révèlent l’information.
« Une énorme quantité de tritium, un isotope irradiant de l’hydrogène, a été mesurée dans les eaux souterraines de l’unité de production d’électricité : 28 900 becquerels par litre (Bq/L), une unité de mesure de la radioactivité, ont été enregistrés par EDF le 12 décembre dernier, rapporte Mediapart. Pour prendre la mesure de l’énormité de ce chiffre, il faut avoir en tête que le« bruit de fond », c’est-à-dire la quantité normale de tritium dans les eaux souterraines non contaminées, est compris entre 1 et 2 Bq/L, selon un rapport de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) en 2020, commandé par Greenpeace.»
D’après les informations de Mediapart, cette fuite de tritium est due au débordement d’une cuve censée récolter les effluents de la centrale, déversant 900 litres qui ont peu à peu contaminé les eaux souterraines. EDF, qui exploite la centrale, a assuré fin décembre dans un communiqué que la fuite était sous contrôle, la pollution circonscrite et que « l’événement est sans conséquence sanitaire ». Ce que l’ASN a confirmé.
Du côté de l’association de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), on voit les choses autrement, en posant par exemple la question de l’étanchéité des joints de la cuve en question. Mediapart a également relevé d’autres fuites similaires survenues récemment à la centrale nucléaire du Tricastin, dans le canal qui longe la centrale et qui se jette dans le Rhône.
Des « fragilités » à la centrale du Tricastin relevées par l’ASN en 2020
La centrale nucléaire du Tricastin, exploitée par EDF, a été mise en service en 1980. Elle est l’une des plus anciennes de France. Régulièrement, des articles de presse font état de fuites de tritium dans les eaux du Rhône, dans des quantités variables, en provenance de la centrale nucléaire du Tricastin ou de celles du Bugey (Ain), de Saint-Alban (Isère) ou de Cruas-Meysse (Ardèche).
Dans son bilan 2020 présenté cet été, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait pointé des « fragilités sur le respect des spécifications techniques d’exploitation » dans les centrales nucléaires du Tricastin et du Bugey. L’année précédente, ces mêmes fragilités avaient déjà été signalées.
Le réacteur numéro 2 de la centrale du Tricastin a malgré tout passé avec succès sa quatrième visite décennale en juillet 2021. En clair, ça signifie que le réacteur a été jugé par l’ASN apte à rempiler pour dix ans de plus.
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