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Jeunes migrants à Lyon : « Il faut un gymnase d’urgence pendant les vacances de Noël »

La situation s’aggrave pour les jeunes migrants qui arrivent à Lyon. Ce mercredi 22 décembre, une dizaine de jeunes passeront la nuit dehors, faute d’hébergement.

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Faute d'hébergement, des jeunes migrants campent Montée de la Grande Côte (Lyon 1er).

Cette nuit, il fera 2°C à Lyon. Alors que les températures flirtent avec les valeurs négatives à l’approche des fêtes de fin d’année, une poignée d’adolescents vont dormir dehors ce soir. Depuis le printemps 2021, il y a presque un an, la situation n’a guère évolué pour les jeunes migrants qui débarquent à Lyon : dans la plupart des cas, leur minorité n’est pas reconnue par la Métropole de Lyon, en charge des mineurs isolés. La collectivité ne leur propose donc aucune solution.

L’association Forum Réfugiés, en charge d’évaluer cette majorité, leur fournit une adresse : celle d’un squat baptisé le Chemineur, ouvert en juin dernier par des habitant·es de la Croix-Rousse (Lyon 4e). Celui-ci a rapidement affiché complet et les derniers arrivés ont dû se contenter d’une toile de tente, à planter Montée de la Grande Côte. Un deuxième squat, « Chez Gemma », a ouvert mi-novembre dans les pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er), pour accueillir les campeurs.

Ce 22 décembre, les deux squats sont pleins à craquer. Les jeunes migrants dernièrement arrivés à Lyon devront passer la nuit dans la rue.

Faute d'hébergement, des jeunes migrants campent Montée de la Grande Côte (Lyon 1er).
Faute d’hébergement, des jeunes migrants campent Montée de la Grande Côte (Lyon 1er). DR

A Lyon, une dizaine de jeunes migrants passeront la nuit dehors ce soir

Sophie fait partie des bénévoles qui accompagnent les 40 jeunes hébergés au Chemineur depuis le début. La situation devient compliquée dans le squat, bondé et sans électricité.

« Il n’y a ni lumière, ni eau chaude, ni chauffage, rappelle Sophie. On se gèle, il doit faire 6°C dans le bâtiment. »

Malgré ces conditions de vie plus que spartiates, le squat est pris d’assaut et ne peut plus accueillir de nouveaux arrivants.

« Dès qu’une place se libère, elle est prise dans la seconde. Chaque semaine, il y a dix gamins refusés par Forum Réfugiés qui arrivent jusqu’à nous. On ne sait même plus où les mettre. Le rythme est trop important par rapport aux solutions citoyennes qu’on a mis en place. »

« Chez Gemma », dans les Pentes de la Croix-Rousse, Didier explique que le bâtiment est déjà allé au-delà de sa capacité pour accueillir les jeunes migrants nouvellement arrivés à Lyon .

« On pousse les murs. La capacité initiale est de 27, on a actuellement 37 jeunes. Ce soir, à 18h, Forum Réfugiés va remettre à la rue une petite dizaine de gamins. On n’en peut plus, d’autant qu’il y a moins de bénévoles avec les vacances. »

En plus des deux squats aujourd’hui saturés, des Lyonnais·es hébergeaient aussi des jeunes chez eux. Entre les vacances scolaires, les fêtes de fin d’année et le covid, les places en hébergement citoyen se raréfient elles aussi.

« Les jeunes ne peuvent pas passer cinq mois dehors par 2°C »

Les jeunes juste arrivés devront aller dormir dans les tentes de la Montée de la Grande-Côte, qui avaient été enlevées mais vont devoir reprendre du service.

« On va essayer de solliciter le 115, de demander aux maraudes de venir faire un tour, énumère Sophie sur un ton las. J’espère qu’un truc va se passer. »

Sitôt refusés par la Métropole de Lyon, ces jeunes migrants entament tous un recours auprès du juge des enfants. Les dossiers déposés par les habitants du Chemineur cet été ont tous abouti à une reconnaissance de minorité – et à une prise en charge par les services de la protection de l’enfance, une compétence de la Métropole de Lyon.

Il faut compter quatre à six mois entre le dépôt du dossier et la décision du juge, sans compter le ralentissement général dû aux fêtes de fin d’année, et encore une à deux semaines pour que la protection de l’enfance place les jeunes.

« Les jeunes ne peuvent pas passer cinq mois dehors par 2°C, s’indigne Sophie. Ils vont renoncer à faire un recours, ce qui pose un vrai problème d’accès au droit. »

Mi-novembre, les jeunes migrants ont pu être hébergés dans le squat "Chez Gemma", dans les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er), et le campement démantelé. Avec les nouvelles arrivées, les tentes vont devoir reprendre du service.
Mi-novembre, les jeunes migrants ont pu être hébergés dans le squat « Chez Gemma », dans les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er), et le campement démantelé. Avec les nouvelles arrivées, les tentes vont devoir reprendre du service. DR

« Il faut un gymnase d’urgence, au moins pendant les vacances de Noël »

Sophie, Didier et l’ensemble des soutiens qui logent, nourrissent et accompagnent bénévolement les jeunes migrants réclament l’ouverture d’un gymnase en urgence.

« Il fait atrocement froid, tout est fermé ou saturé et les juges sont en vacances, martèle Sophie. Il faut un gymnase d’urgence, au moins pendant les vacances de Noël, jusqu’à début janvier. Ensuite, il faut des prises en charge réelles ! »

Didier explique que des élu·es de la Ville de Lyon passent de temps en temps « Chez Gemma ». Des discussions sont en cours en vue d’un éventuel conventionnement du squat.

« Ils nous ont proposé 6 mois. Nous, on demande un an renouvelable, une prise en charge des fluides et de l’assurance ainsi qu’un accompagnement social des jeunes », explique Didier.

Au Chemineur comme « Chez Gemma », les bénévoles se disent « à bout de force » et « dépités » par l’inaction des pouvoirs publics. Ils disent être en contact avec Renaud Payre, vice-président en charge de l’habitat et du logement social à la Métropole de Lyon, sans que ce dernier ne leur ait proposé des solutions pour les jeunes.

« Un matin, on va en retrouver un mort de froid dans une tente », prédit sombrement Didier.


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Photo : GB/Rue89Lyon

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