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Bornes à compost à Lyon : comment la Métropole veut étendre le dispositif à Villeurbanne puis aux autres communes

Depuis mi-octobre, la Métropole de Lyon a lancé un service de collecte des déchets alimentaires via des « bornes à compost ». Pour l’heure, il est limité au 7e arrondissement de Lyon. Villeurbanne, puis l’ensemble de la ville de Lyon, devraient suivre à partir de 2022. Comment va se passer cette montée en charge ?

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Inauguration composteurs Lyon

18 tonnes par semaine. C’était, fin novembre, le tonnage hebdomadaire de déchets alimentaires collecté dans les près de 150 «bornes à compost» installées depuis mi-octobre à Lyon, selon les chiffres de la Métropole de Lyon.

Pour l’heure, seuls les habitants du 7e arrondissement de Lyon bénéficient du service. Des points de collecte volontaires, ou « bornes à compost », quadrillent l’arrondissement. Le principe est simple : les habitants sont invités à venir y déposer leurs déchets alimentaires. Pas de limite de volume ou de créneaux à réserver. Les bornes sont installées dans la rue, grignotant quelques places de stationnement au passage, et sont disponibles en permanence. Comme des silos à verre mais réservés aux déchets alimentaires.

Que peut-on jeter dans ces bornes à compost ? Tous les déchets alimentaires, y compris des restes de viande et des os, le marc de café et les filtres tout comme les sachets de thé. Les fleurs et plantes mortes sont aussi acceptées. Tout comme serviettes et essuie-tout en papier. Depuis la mi-octobre, en parallèle des bornes, des seaux et sacs en kraft (acceptés dans les bornes) sont distribués aux habitants pour leur permettre de collecter et jeter leurs déchets alimentaires.

Borne à compost Lyon
Une borne à compost fraîchement livrée, pour déchets alimentaires dans le 7e arrondissement de Lyon.Photo : BE/Rue89Lyon

Bornes à compost à Lyon 7e : un «gros succès» au nord, un peu moins au sud

Toujours selon les chiffres de la Métropole, remontés des prestataires, le tonnage collecté chaque semaine augmente régulièrement. De 2,5 tonnes lors des premières collectes mi-octobre, le ramassage frisait les 20 tonnes un mois plus tard. Dans le nord de l’arrondissement, du côté de La Guillotière, des bornes à compost ont été ajoutées début décembre et des tournées supplémentaires instaurées dans le secteur.

Pour l’exécutif métropolitain, forcément c’est une satisfaction :

« On a choisi ce mode de collecte en points d’apport volontaire plutôt qu’en porte à porte pour davantage de simplicité logistique. Egalement pour obtenir une meilleure qualité de tri. On ne s’attendait pas à cette quantité et à cette qualité de collecte. On est sur environ 3 % seulement de refus dans ce qui est collecté. Et ce sont bien souvent des sacs en plastique », explique Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la propreté et de la valorisation des déchets.

Pour elle, il y a une « très forte attente sociétale » sur le sujet. Sur cette thématique environnementale, marqueur fort pour les écologistes, le choix du 7e arrondissement n’est peut-être pas anodin. Les écologistes y ont réalisé parmi leurs meilleurs scores électoraux en 2020.

Le choix de l’arrondissement est surtout lié à sa taille et sa population, près de 80 000 habitants et à sa sociologie, présentant une relative mixité, selon la Métropole de Lyon. Une manière de mesurer les usages. Car les disparités dans la collecte existent sur le territoire.

« C’est un gros succès au nord du 7e arrondissement », indique Isabelle Petiot.

Moins dans le sud, c’est-à-dire à Gerland, pour l’heure. Ce qui fait dire à Gaëtan Lepoutre, co-fondateur et directeur associé des Alchimistes, entreprise de traitement des biodéchets qui valorisent une partie des collectes du 7e arrondissement de Lyon, qu’un des enjeux pour la suite réside là :

« Ceux qui trient sont ceux qui attendaient ce service. Pour la suite, il faudra aller chercher ceux qui ne sont pas convaincus ».

Inauguration composteurs Lyon
Le lancement du service de collecte des déchets alimentaires via des bornes à compost à Lyon 7e, le 23 novembre 2021.Photo : BE/Rue89Lyon

« La phase 1 du déploiement plutôt qu’une expérimentation »

Cette « expérimentation » dans le 7e arrondissement de Lyon est en réalité la « phase 1 du déploiement » de ce service de collecte des déchets alimentaires des particuliers. La Métropole de Lyon a déchet prévu la suite du déploiement :

  • Villeurbanne en 2022
  • « une ou deux communes de l’est lyonnais lors du dernier trimestre 2022 »
  • une généralisation à l’ensemble de la métropole de Lyon prévue en 2023

Dans les zones et communes moins denses, plus pavillonnaires, des composteurs individuels sont par ailleurs distribués.

Ainsi, la Métropole de Lyon entend également répondre aux normes européennes. Elles fixent notamment à fin 2023 l’échéance pour la mise en place de la collecte séparée des biodéchets (déjà obligatoire en France pour certains professionnels ou établissements publics). Dans le même temps, les taxes pour les activités polluantes et l’enfouissement des résidus issus des incinérateurs devraient augmenter.

L’enjeu est aussi de réduire les déchets envoyés à l’incinération. Durant le dernier mandat la Métropole de Lyon a peiné à réduire les déchets de ses habitants. La question va devenir brûlante, avec, au cœur des débats, le devenir des deux incinérateurs qui arrivent en fin de vie.

Pour le déploiement du service de collecte des déchets alimentaires, l’actuel exécutif métropolitain compte notamment sur le marché de collecte des déchets.

« Il arrive à échéance fin 2023. On veut mobiliser les acteurs de la collecte autour des biodéchets des particuliers. On réfléchit à un contrat de performance et pas seulement à un contrat à la tonne , indique Isabelle Petiot.

La Métropole va devoir trouver du foncier pour de futures plateformes de compostage

À l’heure actuelle, Suez s’occupe du ramassage des biodéchets dans le 7e arrondissement de Lyon. L’entreprise est un des délégataires du marché public de la collecte des déchets et opère déjà sur le secteur pour le ramassage des déchets ménagers.

Les déchets alimentaires collectés sont par la suite tous acheminés sur le site de l’entreprise les Alchimistes à Vénissieux (voir plus bas). Elle s’occupe du traitement et de la valorisation de 25 % environ des biodéchets du 7e arrondissement. La majeure partie est acheminée et traitée sur la plateforme plus grande de l’entreprise Racine, sur son site de Ternay dans le Rhône.

Avec ce service, la Métropole de Lyon entend créer un cercle vertueux : valoriser les déchets alimentaires de ses habitants pour la création de compost à destination notamment des agriculteurs du secteur. Dans une optique d’amélioration de la qualité des sols.

Si le démarrage du service semble être un succès, les enjeux de fond sont toujours là. Il concerne notamment le foncier. Comment parvenir à valoriser les biodéchets des habitants de la métropole sur place ? Pour l’heure, seuls 25 % des biodéchets d’un seul arrondissement de Lyon sont traités dans les limites de la collectivité.

Pour cela, la Métropole de Lyon veut se doter à terme d’une dizaine de sites de traitement des biodéchets sur son territoire.

« Une grosse plateforme, 3 moyennes et 6 petites de la taille de celle des Alchimistes à Vénissieux par exemple. L’idée serait que ces sites soient sous gestion avec les opérateurs», détaille Isabelle Petiot.

Il va donc falloir que la collectivité trouve de l’espace à l’heure où la disponibilité du foncier reste délicate dans la métropole de Lyon.

« Je n’ai pas de doute là-dessus», assure la vice-présidente de la Métropole de Lyon.

Isabelle Petiot
Isabelle Petiot, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la gestion des déchets et de la propreté, avec le président de l’exécutif, Bruno Bernard.Photo : BE/Rue89Lyon

La Métropole rachètera-t-elle une partie du compost produit ?

Même chose pour les débouchés de la production de compost. Là aussi, la vice-présidente l’assure : les agriculteurs du territoire de la métropole de Lyon pourront absorber toute la production :

« le compost est une matière hyper demandée ».

Le compost produit sera normé et compatible avec l’agriculture biologique. Dans ses perspectives, la Métropole de Lyon table à terme sur 80 000 tonnes de déchets alimentaires collectés par an. Ce qui pourrait représenter environ 25 000 tonnes de compost une fois la matière transformée.

Si la Métropole de Lyon insiste sur le retour à la terre des biodéchets, avec un enjeu d’amélioration de la qualité des sols agricoles, le modèle reste « en cours d’étude» selon la vice-présidente en charge du dossier. En clair, pour l’heure, les opérateurs chargés de la valorisation des biodéchets, vendent le compost de leur côté. Il n’est pas encore prévu que la Métropole de Lyon rachète une partie de la matière créée. À destination des agriculteurs ou des habitants par exemple. Ce sera peut-être le cas un jour.

« On peut l’imaginer en effet, avec un prix de vente relativement symbolique qui reflète une partie du travail fourni. Les exemples des territoires qui ont mis en place ce type de service montrent que la revente du produit fini représente en général moins de 20 % du coût de fabrication », explique Isabelle Petiot.

Le traitement des déchets alimentaires coûte plus cher pour l’heure que l’incinération.

« C’est un peu plus de 100 euros la tonne pour les déchets alimentaires contre 60-70 euros la tonne pour l’incinération. C’est donc un choix politique que l’on fait avec des externalités positives comme la création d’emploi », assure l’élue.

Les Alchimistes, pour l’instant à Vénissieux, prospectent ainsi pour l’ouverture d’un second site dans la métropole de Lyon. Dans la perspective notamment de la poursuite du déploiement du service de collecte des biodéchets à Villeurbanne et dans l’est lyonnais.

Enfin, la mise en place de ce service à grande échelle, questionne l’existence et la poursuite d’activité des composteurs collectifs gérés par des collectifs d’habitants. Ces grands bacs en bois en pied d’immeuble perdent leur finalité première.

« Certaines associations veulent perdurer malgré tout. Comment utiliser autrement ces sites ? Il y a une réflexion à mener», estime Isabelle Petiot.


#Biodéchets

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