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Avoir un chien à Lyon : le casse-tête pour se déplacer

Vivre avec un chien à Lyon. Une série en quatre épisodes dont voici le premier : se déplacer avec votre compagnon à quatre pattes.

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Une expérimentation est encours jusqu'au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon (TCL). ©OM/Rue89Lyon

Aujourd’hui, Sky doit aller passer des examens médicaux. Sky n’est plus tout jeune, et il lui a fortement été recommandé de faire un bilan de santé. L’occasion pour lui d’expérimenter les transports en commun de Lyon, qui lui étaient refusés depuis janvier 2020.

Car Sky est un chien, plus précisément un border collie d’une dizaine d’années. Et le quotidien de Sky n’est pas toujours facile à Lyon.

Son maître, Martin, 28 ans, habite à Lyon depuis une petite dizaine d’années. Il ne compte plus les fois où il a pris les TCL avec Sky en fraude, quand il fallait l’emmener chez le vétérinaire notamment. Une fois, il se souvient que le métro a catégoriquement refusé de démarrer avec un chien à bord. Il a dû marcher une heure avec Sky, malade, pour se rendre chez le vétérinaire.

A Lyon, les chiens de taille moyenne (plus de 6 kg) ont été autorisés par intermittence à prendre les TCL. En janvier 2020, ils ont été de nouveau interdits. Dans ce contexte, la plupart des propriétaires de chien se sont reportés sur leur voiture. A l’heure où la diminution de la place de la voiture en ville est un des gros sujets du moment, comment s’en passer quand on a un chien ?

Sky attend le tramway pour aller chez le vétérinaire. Une expérimentation est encours jusqu'au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon (TCL).
Sky attend le tramway pour aller chez le vétérinaire. Une expérimentation est encours jusqu’au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon

Comment se déplacer à Lyon avec un chien et sans voiture ?

Victor et Marie, la vingtaine, sont les maîtres d’un jeune berger de quelques mois nommé Occi, du nom de la région où ils l’ont récupéré. Un rêve de longue date, que le contexte du confinement leur a permis de réaliser.

Régulièrement, le jeune couple s’entraîne à la course à pieds, et Occi est bien entendu de la partie. Pour changer du parc de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, ils aimeraient pouvoir aller courir de temps en temps avec leur chien au Grand parc de Miribel-Jonage. Mais voilà, jusqu’à il y a quelques mois, il était interdit de prendre un chien de plus de 6kg dans les TCL. Pour leurs déplacements quotidiens, Victor et Marie font tout à vélo, mais pour aller courir avec leur chien, ils ont dû se résigner à utiliser leur voiture. Celle-ci étant trop âgée et trop polluante pour être autorisée à circuler dans la ZFE, il a fallu investir dans une nouvelle auto.

« On pourrait aller jusqu’à Miribel à vélo, il y en a pour une heure, mais Occi est trop jeune pour suivre, détaille Victor en lançant la balle à son chien. Le soir, quand je rentre, je n’ai pas le motivation de prendre la voiture pour l’y emmener et d’affronter les bouchons. Dès qu’on peut, on fait tout pour sortir de Lyon pour aller le balader. »

Anaëlle, elle, n’a pas de voiture. A 25 ans, elle habite à Grenoble avec son chien Jumper, un jeune griffon ébouriffé de deux ans récupéré il y a quelques mois à la SPA. Elle revient régulièrement sur Lyon pour rendre visite à sa sœur. Au printemps 2020, habituée à prendre les transports en commun grenoblois avec son chien, et gratuitement, elle ne s’était pas attendue à ne pas pouvoir prendre les TCL avec lui. Venue en train, elle a finalement dû se résoudre à faire une heure de marche avec son chien depuis la gare de Lyon Part-Dieu pour aller jusqu’au domicile de sa sœur.

« A Grenoble, je prends régulièrement les transports en commun avec Jumper pour aller faire de la randonnée avec lui, raconte-t-elle. C’est gratuit pour les chiens. Je paie 1,60 euros l’aller pour moi et je peux aller randonner avec mon chien sans prendre la voiture. Je dois revenir à Lyon pour Noël, je vais encore devoir marcher une heure depuis la gare… »

Anaëlle a adopté son chien de Jumper à la SPA entre deux confinements.
Anaëlle a adopté son chien de Jumper à la SPA entre deux confinements.Photo : OM/Rue89Lyon

Les chiens autorisés dans les transports de Lyon jusque fin novembre

En janvier 2020, peu avant que les écologistes n’arrivent aux manettes de la Ville et de la Métropole de Lyon, les chiens ont été interdits de circuler sur le réseau TCL. Baptiste Jacquet, propriétaire d’un chien depuis 5 ans à Lyon, a décidé de saisir cette occasion pour sensibiliser les candidat·es à la question. Il a alors fondé le collectif Bien-être canin Lyon (Bicalyon) et fait la tournée des candidat·es en leur soumettant une convention « pour une meilleure place du chien dans la ville », comprenant notamment leur autorisation dans les TCL, des opérations de sensibilisation des maîtres et des habitant·es à la cohabitation avec des chiens et de meilleurs espaces canins.

« Grégory Doucet et Bruno Bernard ont signé tous les deux », se rappelle-t-il.

De fait, une expérimentation menée par le Sytral est en cours depuis le mois de juin et jusqu’au 30 novembre pour réautoriser les chiens à prendre les transports en commun de Lyon. Alors que celle-ci touche à sa fin, Pierre Athanaze, vice-président en charge de la protection animale à la Métropole de Lyon, dresse un premier bilan encourageant.

« C’est une réussite, se félicite-t-il. En six mois d’expérimentation, il n’y a pas eu un seul incident. Le fait que les chiens soient interdits sur le réseau posait plusieurs problèmes. On avait des maîtres qui devaient prendre leur voiture pour emmener leur chien chez le vétérinaire, ce qui est illogique. Mais aussi des personnes SDF qui étaient acceptées dans des centres d’hébergement autorisant les chiens, ce qui n’est déjà pas courant, ne pouvaient pas se déplacer avec leur chien pour y aller. »

Une communication discrète sur l’autorisation d’emmener son chien dans les transports de Lyon

Ni Anaëlle, ni Victor et Marie n’étaient au courant de cette expérimentation. Martin, lui, l’a découverte début novembre.

Il faut dire que l’introduction des chiens sur le réseau TCL s’est fait de manière très discrète. Pas d’affiches aux arrêts de métro ou de bus, pas de logos inscrits sur l’asphalte des arrêts de tram. Pourtant, cette expérimentation a débuté parallèlement à l’introduction, là aussi expérimentale, des vélos sur le réseau qui, elle, a été bien relayée.

Pour embarquer son chien à bord des TCL, il faut déjà se munir d’une laisse, d’une muselière et d’un ticket « Waf ». Ce dernier est loin d’être aussi simple à acheter et à utiliser qu’un ticket TCL standard. Inutile de chercher à l’acheter sur les bornes habituelles, par exemple. Il faut le faire en ligne ou se rendre dans l’une des agences TCL. Sur internet, une fois l’onglet correspondant identifié, plusieurs conditions sont à respecter : pour obtenir l’attestation canine (ou ticket « Waf ») autorisant le chien à prendre les TCL, il faut obligatoirement inscrire le nom de l’animal, son numéro d’identification et le nom de la personne qui l’accompagnera.

Impossible donc, pour un couple par exemple, que l’un emmène le chien chez le vétérinaire, et que l’autre le récupère ensuite. Impossible également de prendre les TCL avec un chien le matin, puis un autre l’après-midi sur le même ticket. Celui-ci est pourtant valable au minimum une journée, sur l’ensemble du réseau, pour la somme de 1 euro. Des attestations existent aussi pour une semaine (5 euros) et pour un mois (10 euros).

« Le Sytral ne voulait pas faire la promotion de cette expérimentation pour ne pas effrayer la clientèle, explique Baptiste Jacquet. Ils voulaient que nous nous en chargions. Keolis [en charge de l’exploitation des TCL, ndlr] nous a fourni des fascicules que nous avons distribué aux vétérinaires. »

« Les élus voient le chien comme une menace pour la nature, comme l’être humain »

Baptiste Jacquet ne compte pas s’arrêter aux TCL. S’il a fondé Bicalyon, c’est pour obliger les élus à se pencher sur la question de la place du chien dans la ville. Mais il pointe du doigt certaines réticences.

« A la Métropole de Lyon, ils traînent un peu des pieds, regrette-t-il. A la Ville de Lyon, ils refusent de nous rencontrer. Avec Bicalyon, mon but est d’arriver à ce que les élus nous présentent leur politique canine. Chez EELV, il y a beaucoup de naturalistes mais pas d’animalistes. Ils protègent d’abord les végétaux et voient le chien comme une menace pour la nature, comme l’être humain. »

De son côté, Pierre Athanaze affirme que la Métropole de Lyon est bien sur le coup :

« La mission sur la condition animale que la Métropole de Lyon a confié à Nathalie Dehan, conseillère métropolitaine, a pris fin. Le rapport est en cours. Je souhaite organiser des Assises de la condition animale qui puissent se dérouler en présentiel. Leur organisation a pris un peu de retard à cause du Covid-19 mais elles auront bien lieu, après la restitution du rapport. »

Une expérimentation est encours jusqu'au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon (TCL).  ©OM/Rue89Lyon
Une expérimentation est encours jusqu’au 30 novembre pour réintroduire les chiens sur le réseau de transports en commun de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon

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