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Le validisme expliqué en quelques minutes par Audrey Hénocque, élue à Lyon

La leçon sur le validisme a été dispensée publiquement et de manière remarquée ce jeudi en conseil municipal à Lyon, par la première adjointe Audrey Hénocque, face à une élue d’opposition (LR) qui venait d’utiliser sur le ton de la plaisanterie les termes « pied bot » et « cul-de-jatte ».

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Audrey Henocque- conseil municipal juillet 2020 ©HoucineHaddouche/Rue89Lyon

Donnons sans attendre la définition parce qu’elle est importante. Le validisme est un biais répandu qui tend à considérer les personnes valides comme la norme et, par conséquent, à faire subir à celles porteuses d’une incapacité ou d’un handicap des violences, du mépris, de la condescendance.

Dans les recherches sur les réseaux sociaux ce vendredi, son nom apparaît comme « populaire ». Audrey Hénocque, première adjointe du maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, a fait preuve d’un aplomb remarqué durant le conseil municipal de Lyon de jeudi, en réagissant aux propos tenus par une élue d’opposition.

Françoise Blanc (Les Républicains) y réalisait ses premières prises de parole en tant que nouvelle présidente du groupe « Droite, Centre et Indépendants ». Et elle a, entre autres traits d’humour, moqué l’obsession des écologistes pour les pistes cyclables, inclues cette fois dans un rapport relatif à l’accessibilité des personnes handicapées dans la ville.

« Je n’avais pas saisi qu’on allait pouvoir faire pédaler un pied bot ou un cul-de-jatte. »

Françoise Blanc, élue LR à Lyon.

Malaise dans l’assemblée. Françoise Blanc parvient à le discerner. La doyenne du groupe d’opposition précise alors immédiatement qu’elle plaisante, accompagnant sa remarque d’un petit rire forcé. Mais persiste par un « ne vous en déplaise, il me convient de l’exprimer ».

Audrey Henocque- conseil municipal juillet 2020 ©HoucineHaddouche/Rue89Lyon
Audrey Hénocque en pleine réflexion au cours du conseil municipal du 10 juillet 2020Photo : HoucineHaddouche/Rue89Lyon

« Aussi grave que d’utiliser ‘nègre’ pour parler d’une personne de couleur »

Face à Françoise Blanc se trouve notamment Audrey Hénocque, entrée en politique en 2020 avec l’avènement des écologistes à Lyon, propulsée première adjointe en charge des finances de la Ville. Cette technicienne qui avait officié jusque là en « backoffice », dans des administrations publiques, est par ailleurs tétraplégique et se déplace en fauteuil roulant. Mais il lui arrive aussi de pratiquer le vélo -ce que beaucoup ne savent pas et ce que Françoise Blanc ne semble pas envisager, qui va à l’encontre de ses a priori.

Sa propre situation de handicap la rend sans doute particulièrement sensible aux termes employés. Mais Audrey Hénocque est en fait plus qu’investie et informée sur la question de la place sociale et politique donnée aux personnes handicapées. Le trait d’humour -raté- de l’élue LR lui aura ainsi permis ce jeudi de dispenser une leçon d’autant plus remarquable qu’elle a été conduite de façon spontanée :

« Tout ce que vous avez dit Madame Blanc relève de l’oppression des personnes handicapées par les personnes valides. On appelle ça le validisme. […] Les propos comme « cul-de-jatte », pour parler d’une personne amputée en haut des cuisses, c’est aussi grave que d’utiliser le terme par exemple de ‘nègre’ pour parler d’une personne de couleur. Or vous n’oseriez pas dans cette instance avoir des propos aussi racistes que ceux-là. »

Audrey Hénocque, première adjointe à la mairie de Lyon, lors du conseil municipal du 18 novembre 2021.

« On n’est pas encore sorti de l’auberge pour la partie acceptation de la société »

Françoise Blanc au conseil municipal de Lyon le 18 novembre 2021. Capture d'écran de la retransmission télé.DR
Françoise Blanc au conseil municipal de Lyon le 18 novembre 2021. Capture d’écran de la retransmission télé. DR

L’adjointe est émue et va même en fin de prise de parole verser quelques larmes. Mais elle tient à achever sa démonstration en donnant une définition de ce qu’est le handicap, à savoir « une déficience physique, sensorielle ou intellectuelle, mêlée à une non-acceptabilité de la société et à des difficultés d’accessibilité ».

Une vidéo (en lien, dont le montage réalisé par des sympathisants de l’élue coupe par pudeur les larmes d’Audrey Hénocque) a tourné de manière particulièrement virale, sur les réseaux sociaux d’élu·es écologistes mais aussi bien au-delà de ce champ politique.

« On voit à vos propos qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge pour la partie acceptation de la société. »

Audrey Hénocque, première adjointe à la mairie de Lyon, lors du conseil municipal du 18 novembre 2021.

Pour Audrey Hénocque, les mots sont insultants et symptomatiques de ce que fait « la droite actuellement, à savoir objectiver les gens, (« les mineurs isolés sont des voleurs ou des violeurs, etc. »). L’adjointe au maire va finalement réduire son intervention en s’excusant quasi d’avoir pris la parole, assurant n’avoir pas « une réflexion aboutie sur ces sujets-là » et ne représenter qu’elle-même. Elle est toutefois applaudie par des élu·es, debout.

Françoise Blanc s’est illustrée lors de sa première prise de position en tant que présidente du groupe « Droite, Centre et Indépendants ». Elle en assure l’interim depuis ce jeudi, désignée parce que doyenne, après qu’Etienne Blanc (non, ils ne sont pas de la même famille) l’a quitté suite à des propos nébuleux visant à soutenir Eric Zemmour.

L’intervention d’Audrey Hénocque à partir de 3:23:00.

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Photo : HH/Rue89Lyon

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