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Pourquoi la Ville de Lyon baisse sa subvention à un refuge pour animaux sauvages

La subvention annuelle de Lyon au refuge pour animaux sauvages l’Hirondelle va baisser de 3000 euros. Une énième déception pour la structure de soin.

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Pourquoi la Ville de Lyon baisse sa subvention à un refuge pour animaux sauvages

À l’occasion du conseil municipal de ce jeudi 18 novembre, les subventions octroyées à trois associations de protection des animaux seront soumises au vote. Les montants proposés par la majorité vont de 2 000 euros pour La Société Protectrice des Animaux (SPA) de Lyon, 5 621 euros pour l’association Les Chats de la Loyasse, à 7 000 euros pour le centre de soins pour oiseaux sauvages, le refuge de l’Hirondelle. L’année dernière, la Ville lui avait attribué un tiers de plus, soit 10 000 euros.

Le refuge de l’Hirondelle est un établissement qui récupère les oiseaux et mammifères sauvages blessés depuis 1998. Il accueille les animaux dans un petit chalet à Dardilly, ainsi que sur leur site principal, plus imposant, à Saint-Forgeux. Même si la structure est implantée depuis longtemps dans le paysage lyonnais, cela ne la rend pas plus stable, financièrement notamment. La fragilité financière de l’association a même été si importante que le centre a fermé pendant presque un an, en 2019. 

Et cela alors même que, d’après le directeur du refuge de l’Hirondelle, Pascal Tavernier, le besoin de soins ne cesse quant à lui d’augmenter. Au cours de l’été 2021, il disait déjà à Rue89Lyon :

« On ne cherche pas à être des lanceurs d’alerte, mais de fait, on l’est. Les problématiques sanitaires et de réchauffement climatique font qu’il y a une urgence auprès de nombreuses espèces de la faune sauvage. »

C’était à l’occasion de sa série « Les animaux et la ville à Lyon », que la rédaction s’était rendue au refuge de l’Hirondelle, pour aborder la question des oiseaux sauvages qui s’accomodent mal de la vie en ville : les martinets noirs qui ne supportent plus les fortes chaleurs en été mais aussi les hirondelles et chouettes effraies qui voient régulièrement leurs lieux de vie et de reproduction détruits.

Plus de 2 750 oiseaux recueillis en 2018

Un constat qui semble partagé par la Ville de Lyon dans sa délibération, soumise au vote ce jeudi :

« La Ville de Lyon, dans ses missions de protection de la sécurité et de la santé publique, est ponctuellement confrontée à la présence d’avifaune [oiseaux] sauvage blessée ou contaminée. Dans ce cadre, il est important de disposer d’une structure d’accueil adaptée pour leur apporter les soins adaptés à leurs pathologies. »

Vautour Fauve dans la volière de 100m (c) Hirondelle
Vautour Fauve dans la volière de 100m. Photo du refuge de l’Hirondelle

Ainsi est même décrite l’action du centre :

« L’année 2018 a été très significative avec plus de 2 750 oiseaux recueillis. Cette année, l’élargissement des compétences de la structure en matière de mammifères a induit la prise en charge de 400 petits animaux sauvages. »

La Ville propose donc au vote une subvention à hauteur de 7 000 euros, soit la plus élevée des trois associations de protection animale. Pourtant, cette somme allouée est loin d’être suffisante aux yeux du personnel de l’Hirondelle. Pascal Tavernier déplore auprès de Rue89Lyon :

« L’année dernière, on a eu 10 000 euros, ce qui n’était déjà pas énorme. Notre subvention a été revue à la baisse alors qu’on a doublé les animaux pris en charge. »

Il s’interroge au sujet des objectifs de la Ville de Lyon et de son maire Grégory Doucet en matière de protection de la faune sauvage :

« C’est quand même des écologistes. Ils se sont vendus comme préoccupés par l’environnement mais, depuis leur élection, ils ne répondent pas à nos appels. C’est comme s’ils n’assumaient pas ce qu’ils pensent auprès de nous. »

Animaux sauvages à Lyon : #Jesuisuneméméàpigeon

Pascal Tavernier fait ici référence à une déclaration de Nicolas Husson, adjoint au maire délégué à « la biodiversité, la nature en ville, la protection animale », faite à Rue89Lyon, l’été dernier. L’élu avait donné un coup de griffe à l’association, évoquant sa prise en charge des pigeons blessés, animaux dont la Ville a des difficultés à limiter l’accroissement. Il avait déclaré :

« Je me vois mal subventionner généreusement une structure qui soigne les pigeons. Il s’agit d’animaux que la Ville peine à contrôler. Le Refuge de l’Hirondelle a choisi de préserver les mémés à pigeons qui sont leurs financeuses au détriment de la collectivité qui fait des choix stratégiques. »

Un parti pris présenté de manière assez originale, qui avait suscité beaucoup d’indignation chez les pro-animaux. L’association du refuge de l’Hirondelle était montée au créneau, se fendant d’un post Facebook assassin, invitant leurs donateurs et amis à mettre en photo de profil un dessin représentant un pigeon prenant son envol, accompagné du hashtag #Jesuisuneméméàpigeon.

Le visuel du refuge de l'Hirondelle en réponse à la déclaration de Nicolas Husson critiquant leur prise en charge médicale des pigeons.
Le visuel du refuge de l’Hirondelle en réponse à la déclaration de Nicolas Husson critiquant leur prise en charge des pigeons.

Au lendemain de cette opération déployée sur les réseaux sociaux, l’Hirondelle publiait un second message :

« [La Ville a dit] regretter l’ampleur qu’avaient pris nos différends et nous ont dit souhaiter l’organisation rapide d’une réunion à l’Hirondelle avec les différents protagonistes concernés. Ils nous ont fait part de leur volonté à développer de bonnes relations avec notre association afin d’avancer dans l’intérêt de tous. »

Sauf que, depuis, aucune réunion n’a pu avoir lieu, d’après les membres de l’Hirondelle. La seule chose qui a pour le moment changé, c’est le montant de la subvention publique, qui a donc baissé de 3 000 euros. Elle doit être votée en conseil municipal ce jeudi. Pascal Tavernier se désole :

« J’aimerais comprendre les positions des élus écologistes. Et surtout qu’elles soient enfin assumées. »

Précisions de la Ville de Lyon sur les subventions en matière de protection animale

[Mise à jour le 22 novembre à 9h] A la suite de la publication de cet article, le cabinet du maire de Lyon a tenu à apporter des précisions par mail. Nous les reproduisons in extenso ci-dessous :

« La Ville de Lyon apporte depuis 2020 un soutien financier inédit aux associations de protection animale. Lors du conseil municipal du 18 novembre, la Ville a renouvelé son soutien à la SPA de Lyon, l’association des Chats de Loyasse et l’association l’Hirondelle, passant à une enveloppe globale 17000 € (contre 5000€ sous le précédent mandat). Soit un montant multiplié par 3.

La présence de la faune sauvage en ville est un élément important de la biodiversité et participe à la richesse biologique de notre environnement, les associations ont une action complémentaire à celle de la Ville et sont des partenaires indispensables en matière d’animalité urbaine.

C’est pour cette raison que la contribution de la Ville de Lyon à l’Association de l’Hirondelle a été multipliée par 7 depuis 2019, pour atteindre 7000 € aujourd’hui. Le montant de 10 000 euros ayant été versé de manière exceptionnelle en 2020 lors de la crise COVID ».


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